A LIFE IN YES – The Chris Squire tribute
Disparu en 2015 à l’âge de 67 ans, Chris Squire était un pilier, si ce n’est le pilier de Yes, le fameux groupe progressif anglais qui a contribué à forger les règles de l’art de ce type de musique, et toujours actif depuis maintenant 50 ans. Le bassiste a joué sur chacun des 21 albums studio de Yes, ce qui n’est la cas d’aucun autre musicien du groupe, même Steve Howe qui n’est arrivé que pour le deuxième album et qui n’était pas dans Yes lors de la première moitié des années 80 ou dans le milieu des années 90. C’est pourtant Steve Howe qui est désormais le plus ancien musicien du groupe après la mort de Chris Squire, et il anime d’ailleurs toujours le groupe qui a effectué sa tournée des 50 ans cette année.
On se demande si Yes durera encore ces prochaines années car l’horloge tourne et l’ignoble travail du temps se fait toujours plus impitoyable sur les survivants de Yes, qui ne sont plus des perdreaux de l’année. Alors, il reste le souvenir des grandes heures et les hommages faits aux grands hommes pour leurs œuvres désormais historiques. C’est ce qui se passe ici avec ce projet A Life In Yes qui réunit d’anciens musiciens de Yes ainsi que d’anciennes gloires des années 70. L’homme qui régit toute cette affaire est Billy Sherwood, qui a remplacé Chris Squire à la basse au sein de Yes depuis 2015 (après un passage à la guitare la fin des années 90). Et donc, quel meilleur hommage le nouveau bassiste de Yes pouvait rendre à son prédécesseur en mettant sur pied ce projet et cet album de reprises de titres de Yes et de Chris Squire, c’était bien la moindre des choses.
Billy Sherwood s’acoquine avec le batteur Jay Schellen, qui a fait ses classes dans un petit groupe hard rock anglais appelé Hurricane, actif durant la seconde moitié des années 80 et qui a quand même eu dans ses rangs le fameux Kelly Hansen de Foreigner. Les deux hommes servent de liant à tous les morceaux qui vont être interprétés ici par des invités prestigieux. Il y a d’une part les anciens de Yes (Patrick Moraz, Tony Kaye), et les nouveaux puisque l’actuel chanteur Jon Davison officie sur deux titres. Et d’autre part, on trouve une armée de vieux maîtres estampillés Seventies pur jus, comme Annie Haslam (chanteuse de Renaissance), Sonja Kristina (chanteuse de Curved Air), Steve Porcaro (Toto), Steve Hackett (Genesis), les légendaires Brian Auger et Todd Rundgren, ainsi que Dweezil Zappa, le fils de son père. Citons également d’autres participants un peu moins connus comme Steve Hogarth (Marillion), Larry Fast (Foreigner, Peter Gabriel, Nektar, Hall & Oates), David Sancious (ancien du E Street Band de Bruce Springsteen), John Wesley (Porcupine Tree, Fish) ou Candice Night, l’actuelle femme de Ritchie Blackmore et accompagnatrice de l’ex-Deep Purple dans son projet médiéval Blackmore’s Night.
Côté chansons, on constate une belle représentation de morceaux en provenance des albums “Fragile” (1971) et “Tormato” (1978), deux des disques les plus importants de la carrière de Yes. Avec trois titres chacun (“South side of the sky”, “The fish”, “Roundabout”, “On the silent wings of freedom”, “Onward”, “Don’t kill the whale”), ces deux albums occupent déjà la moitié de la selection. On note aussi le fameux “Owner of a lonely heart” interprété par Dweezil Zappa et Nikki Squire, ex-femme de Chris Squire. “Hold out your hand”, un titre extrait de la carrière solo de Chris Squire (sur l’album “Fish out of water” de 1975) est également présent dans la liste. En bonus, l’album propose un extrait d’un album qui avait été fait par un groupe appelé The Prog Collective, dans lequel Chris Squire avait participé (“The technical divide”, sorti sur l’album “The Prog Collective” en 2012). Et enfin, une reprise du “Comfortably numb” de Pink Floyd, chantée par Chris Squire lui-même, sert de conclusion à cet ensemble intéressant et représentatif de la longue carrière de Yes. Les interprétations des musiciens sont particulièrement bien léchées, respectueuses des versions originales, avec quand même un chant un petit peu irritant de Jon Davison sur le morceau “On the silent wings of freedom” qui ouvre l’album. Mais à part ça, ce disque fera le régal des amateurs de rock progressif classique et des nostalgiques de Yes.
Pays: GB
Purple Pyramid Records
Sortie: 2018/11/09