Xandria et Delain à Sint-Niklaas
Traditionnellement, le dimanche soir, on le passe devant la TV pour finir le week-end en douceur avant de rattaquer pour une nouvelle semaine. Mais pas pour les métalleux. Les fans de Xandria et de Delain ont convergé le 19 novembre dernier vers la petite ville flamande de Sint-Niklaas pour s’y retrouver dans la salle De Casino, très beau lieu aménagé en temple de la musique sur un site qui abrita jadis… un cinéma porno. Le lieu est splendide et la scène de belle taille. Tout était réuni pour passer une très belle soirée.
À notre arrivée, la salle est pleine à craquer (tous les billets ont apparemment été vendus) et il n’y a pas de photo pit. Pas grave, on ira au forceps. Ce n’est pas la première fois. Après m’être frayé un chemin vers le côté gauche de la salle pour essayer de trouver un spot correct pour ma traque d’images, je constate avec regret que la scène est déjà bien inondée de fumigènes… Bref, le travail de photographe ne va pas être une sinécure.
Les lumières s’éteignent et on assiste à l’entrée en scène des membres de Xandria sous les applaudissements nourris du public. Sur scène, le batteur Dimitrios « Tacki » Gatsios droit devant moi, le bassiste Tim Schwarz, Rob Klawonn à la lead guitar, l’ultime membre fondateur du groupe Marco Heubaum à la guitare rythmique et la fabuleuse Ambre Vourvahis au chant. C’est dans cette nouvelle mouture que le groupe a fait son grand retour sur scène avec l’arrivée du très apprécié album « The Wonders Still Awaiting » sorti le 3 février 2023, sans doute le plus abouti de la discographie du groupe. Alors, comme à chaque fois qu’intervient un changement de chanteuse, il y a ceux qui préféraient Dianne et son chant opératique et ceux qui préfèrent Ambre. Pourquoi faut-il toujours choisir un camp? Si Dianne a apporté beaucoup au groupe et Ambre n’est pas en reste grâce à sa voix polymorphe capable de passer du chant clair au grunt et vice versa.
Toujours est-il que le public présent a l’air d’apprécier la setlist composée en grande partie de nouveaux titres et de deux titres du répertoire antérieur: « You Will Never Be Our God« , « Reborn » et « Ghosts » (2023), « Nightfall » (tiré de l’album « Sacrificium » de 2014) , « Two Worlds » et « My Curse Is My Redemption » (2023) et le cultissime « Valentine » (tiré de l’album « Neverworld’s End » de 2014.
Le groupe s’amuse sur scène et donne le meilleur de lui-même malgré des lumières décevantes. Cela n’empêche pas le public d’adhérer et de répondre avec enthousiasme aux sollicitations d’Ambre qui semble avoir bel et bien trouvé sa place au sein du groupe remanié. Les morceaux du nouvel album embrasent le public et tout le monde passe un excellent moment, hélas trop vite passé. On aurait bien écouté deux ou trois titres de plus. Raison de plus pour ne pas manquer le groupe lorsqu’il sera enfin de passage en headliner.
Le temps de franchir une largeur pour me procurer une boisson houblonnée et de faire la traversée en sens retour avec mes verres à la main et il est à peu près temps d’accueillir la tête d’affiche de la soirée, le groupe néerlandais Delain qui renaît lui aussi de ses cendres après que son fondateur et père spirituel, le claviériste Martijn Westerholt a souhaité repartir à zéro avec une nouvelle équipe composée de Diana Leah au chant, Ludovico Cioffi à la basse, Ronald Landa et Sander Zoer, respectivement guitariste et batteur historiques de la formation batave. Ce retour s’est fait avec un nouvel album, « Dark Waters« , sorti le 10 février 2023. Et on peut parler de retour gagnant car l’album a été très bien accueilli et les concerts affichent régulièrement complet, comme ce soir à Sint-Niklaas.
Si dans les premiers concerts, Diana a dû s’acclimater quelque peu et gagner en confiance, on peut dire qu’aujourd’hui, Delain est à nouveau parfaitement bien rôdé. Au menu, un set punchy qui a mis tout le monde d’accord: « The Cold » (2023), le très punchy « Suckerpunch » (extrait de l’album « Moonbathers » de 2016), « Burning Bridges » (extrait de l’album « Apocalypse & Chill » de 2020), « The Quest and the Curse » (2023), le classique « Get the Devil Out of Me » (extrait de l’album « We Are The Others » de 2012), l’excellent « Beneath » (2023) avec la participation de Paolo Ribaldini, qui restera sur scène pour les trois titres suivants, à savoir « Queen of Shadow » (2023) et les cultissimes « Your Body Is a Battleground » (de l’album « The Human Contradiction » de 2014) et surtout « The Gathering » (du tout premier album « Lucidity » sorti en 2006). La formation batave, renforcée par 3 Italiens, enchaîne avec le très dansant « Don’t Let Go » (2016) avant de revenir au nouvel album avec le très beau « Moth to a Flame« . Diana entonne ensuite un de ses titres préférés, le superbe « Not Enough« . Viennent ensuite les rappels avec trois classiques: « Mother Machine » (2012), le tubissime « Control the Storm » (tiré de l’album « April Rain » de 2009) avec Paolo Ribaldini et pour finir l’incontournable hymne « We Are the Others » (2012).
Que dire si ce n’est que Delain réussit lui aussi son grand retour dans sa nouvelle configuration. Depuis les premiers concerts de 2022, le groupe a trouvé parfaitement ses marques: la mise en place est parfaite, que ce soit sur le plan scénique ou musical. Diana semble avoir vaincu sa timidité des premiers concerts et parait parfaitement à l’aise au sein de l’équipe. On distingue même des regards malicieux entre les protagonistes qui n’hésitent pas à se jouer des blagues dans un climat de bonne humeur générale. Et le public ne s’y trompe pas. L’accueil réservé au nouvel album et les places qui se vendent comme des petits pains lors des tournées montrent que Delain a su (re)trouver son public et que la nouvelle formule correspond à ce que le public recherche, malgré l’absence des anciens membres qui font à présent carrière de leur côté.
Pour notre part, la soirée aurait été parfaite si l’ingénieur des lumières avait daigné éclairer les artistes un peu plus. Le manque de lumières et l’abus des fumigènes ont quelque peu gâché le plaisir des yeux. Heureusement que la musique était là pour nous en mettre plein les tympans!
Pour les fans, histoire de vous rendre compte ce que le Delain 2.0 donne en live, voici le lien vers le concert complet donné par Delain au Grasspop l’été dernier:
Accréditations: Mike de Coene (Hard Life Promotion)
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2023 Hugues Timmermans