Wildfest 2019 : promesse tenue !
En cette veille d’élections législatives dans notre plat pays, la charmante localité de Grammont s’est transformée le temps d’un jour en capitale du (hard) rock à tendance glam et sleaze d’inspiration eighties. C’est en quelque sorte devenu une tradition locale maintenant. Quelques jours avant la date de l’événement, les organisateurs ont annoncé que les préventes avaient battu leur record historique et de fait, le record d’affluence a été battu pour la 2e année consécutive, ce qui est plutôt de bon augure pour l’avenir.
Une première surprise m’attend en entrant dans la salle déjà bien remplie : les murs sont décorés de clichés pris lors de l’édition 2018 et je constate que les organisateurs ont sélectionné plusieurs de mes clichés de l’édition 2018 pour la déco de cette année. Dans le public, des passionnés en tenue de circonstance pour cette grand-messe glam/sleaze/hard rock . La foule est assez cosmopolite puisque j’entends parler italien, suédois, anglais, français, néerlandais, flamand, espagnol… Il semblerait même que certains n’ont pas hésité à venir d’outre-Atlantique pour assister à l’édition 2019 du Wildfest. Il faut dire que l’affiche de cette année est particulièrement alléchante pour les nombreux fans de groupes au look spandex et aux coiffures excentriques.
À peine ai-je le temps de me harnacher avec tout mon barda de chasseur d’images que le premier groupe fait déjà son entrée en scène. Pour ouvrir les hostilités, les organisateurs ont choisi Raider, un combo de hard rock old school fondé à Gand en 2013. Ses membres sont originaires d’Anvers, Bruges et Gand : Alec Ryegers au chant est accompagné par Gilles Reuse à la guitare, Mathieu Tröbec à la basse et Bastiaan Andriessen aux fûts. Avec leurs pantalons moule-burnes, ils s’inscrivent parfaitement dans la thématique du jour. Côté chant, il faut attendre la deuxième moitié du set pour qu’Alec trouve son rythme de croisière. À sa décharge, la balance son n’est pas terrible et la guitare a tendance à écraser sa voix, surtout au début. Musicalement, le son du groupe sonne très années ’80, voire fin des années ’70. On sent l’influence de grandes pointures comme Van Halen, Dokken, Mr. Big, Yngwie J. Malmsteen ou encore Extreme. Au menu de leur set, plusieurs morceaux du groupe, comme « Last Call« , « Affection« , « Sweet Delight » (avec une superbe mise en valeur de la basse), « Gunslinger« , etc. Ajoutez à cela une reprise de Winger et une autre de Mötley Crüe et on peut dire que le coup d’envoi a été donné et même bien donné.
Pour suivre, c’est au tour du groupe allemand Snakebite d’entrer en scène. Dominik « Nikki » Wagner (voix/guitare), Julian Fischer (batterie), Alex Lacroix (basse) et Chris van Kough (guitare) nous délectent avec des morceaux hard rock sans compromis. Arborant un look rock mélangeant cuir, jeans et clous, sans oublier un bras couvert d’écailles (snake oblige !), le groupe affiche déjà un beau degré de professionnalisme puisqu’il continuera comme si de rien n’était pendant la panne de câble sur la guitare au second morceau du set. Le batteur me fait forte impression et cette formation allemande s’avère donc une excellente découverte, notamment grâce à la très belle voix du chanteur et à l’efficacité des compositions. Parmi les principaux titres interprétés aujourd’hui, pointons »Freedom« , « All Your Loving« , « Heroes« , « Two Desperate Hearts« , l’hymne AOR « Princess Of Pain« , « Feels Like Fire« , « We Rise » et « Road To Nowhere« . Le son est ici carrément ’80. Le groupe est hyper mobile sur scène, au point que le chanteur finit même par trébucher pendant le dernier morceau. Globalement une très chouette découverte et une musique super sympa à écouter !
Le groupe suivant m’en entièrement inconnu. De plus, il ne figurait initialement pas à l’affiche mais suite au désistement du groupe Art Nation, les organisateurs ont dû trouver un remplaçant. Tant mieux pour Aerodyne qui gagne ainsi l’occasion de se produire pour la toute première fois en Belgique. Si la Suède est fortement représentée sur la scène du Wildfest, ce n’est pas un hasard. Quand on voit la vitalité du courant hard rock classique, sleaze rock et glam rock ainsi que la multitude de groupes qui excellent en la matière, cela n’a rien d’étonnant. On retrouve donc sur scène la formation Aerodyne emmenée par Marcus Heinonen au chant, Johan Bergman et Daniel Almqvist à la guitare ainsi que Christoffer Almqvist aux fûts. Notons que les trois instrumentistes chantent aussi tous dans les choeurs. Un petit problème technique en début de set oblige le chanteur à parler pour meubler. Après cette petite longueur, notre impatience est récompensée et le show démarre en trombe. Il ne faut d’ailleurs pas longtemps que pour Marcus se retrouve torse nu à sillonner la scène dans tous les sens. Pour tout dire, il ne reste pas en place. Le heavy metal d’Aerodyne est plus rapide et sans doute moins mélodique. On peut pourtant y détecter l’influence de géants comme Ac/Dc, Metallica, Iron Maiden, Black Sabbath et Motörhead. Le lead-guitariste est d’ailleurs particulièrement doué. Le groupe a ses fans dans le public et ceux-ci chantent à tue-tête. Sur le plan vocal, je trouve que Marcus a un petit côté qui tire sur le punk et que sa voix a parfois des problèmes de justesse, mais ce sont sans doute les aléas du direct, comme on dit. La formation originaire de Gothenburg propose une sélection de titres extraits de son album «Breaking Free» de 2017, notamment « Out For Blood« , « As Above So Below« , « Kick It Down« , « March Daval« , « Comin’ for You« , « We All Live a Lie » et « Breaking Free« .
L’ambiance monte d’un cran dans la salle désormais particulièrement bien remplie pour accueillir Wildheart, les régionaux de l’étape que sont Farty (chant), Foxx et Juice (guitare), Stevie Dee (basse) et Thunderberck (batterie). C’est un grand jour pour la formation originaire de Ninove puisque ce concert est aussi la release party de «No Love», l’excellent second opus du groupe. Au menu de ce concert très attendu, des morceaux des deux albums qui composent la discographie du groupe, avec un accent tout particulier bien sûr sur la sortie du jour: « A Stranger’s Eyes« , « Tonight We Rock« , « Rumours« , « On My Way« , « No Love« , « One Way Ticket« , « Dutch Courage« , « Lovehunter », « Good To Be Bad » et « Never Let Go« . Le groupe est très acclamé par son public et force est de reconnaître que cette musique au son très américain a tout pour séduire, avec ses chœurs et ses guitares qui font mouche, ses compositions fluides et une aisance scénique de plus en plus grande. Le groupe continue clairement à monter en puissance par rapport à l’année passée (édition où il avait pourtant déjà cartonné). Autant dire que ce concert vous replonge dans la scène rock des années 80 avec un réalisme stupéfiant. Et le public est aux anges. Le set se terminera en apothéose sous les acclamations du public.
Après une courte panne électrique générale, le festival peut reprendre son cours normal. Venus d’un pays que le présentateur a qualifié avec beaucoup d’humour de « Brexit UK », le groupe Midnite City vient présenter ses compositions inspirées par des groupes comme Kiss, Bon Jovi, Def Leppard ou Danger Danger. Son univers musical se situe entre le hair metal et le rock mélodique, avec un côté résolument fun. Aux commandes du groupe, le chanteur Rob Wylde, entouré du batteur Pete Newdeck, du guitariste Miles Meakin, du claviériste Shawn Charvette (dont la coiffure n’était pas sans rappeler celle des Kajagogoo à la grande époque) ainsi que du bassiste Josh ‘Tabbie’ Williams. Ici encore, la plupart des musiciens assurent les chœurs, ce qui donne une dimension très rock FM américain. Les mélodies sont très entraînantes et Rob le chanteur harangue le public pour qu’il chante avec lui. Côté setlist, on retrouve des morceaux comme « Here Comes The Party« , « We Belong« , « »Life Ain’t Like This On The Radio« , « Ghosts Of My Old Friends« , « You Don’t Understand Me« , « Gave Up Giving Up« , « Heaven’s Falling », « One Step Away« , « Can’t Wait For The Nights« , « Tonight You’re All I Need« , « Summer Of Our Lives » et « Give Me Love« . Contrairement à ce que certains titres de morceaux pourraient laisser supposer, la musique de Midnite City est un style d’AOR plutôt feelgood, qui se laisse écouter sans peine une boisson houblonnée à la main. Un bien agréable intermède dans ce festival.
Nous avions eu l’occasion de découvrir récemment le groupe finlandais Shiraz Lane qui avait séduit par sa fougue et sa fraîcheur sur scène. Malgré l’absence de son guitariste principal Jani Laine, la groupe n’a pas voulu annuler sa participation au Wildfest et a décidé de proposer un set acoustique. Ce choix inattendu avait suscité un certain scepticisme auprès d’une partie du public. Mais il n’a pas fallu longtemps à Hannes Kett (chant), Miki Kalske (guitare sèche), Joel Alex (basse) et Ana Willman (batterie) pour nous faire changer d’avis. Dès le début du set, Hannes se débarrasse de la chaise sur laquelle il était censé s’asseoir, préférant danser et bouger dans son style si particulier sur tout l’espace de la scène. En quelques secondes à peine, les Finnois parviennent à nous faire oublier que la guitare n’est pas électrique, Hannes livre une prestation vocale d’une dimension exceptionnelle et le public est en feu. Les compositions du groupe sont très entraînantes mais ne se prêtent peut-être pas toutes à une version acoustique, ce qui explique sans doute pourquoi la formation finlandaise s’est fendue aussi d’une reprise d’Oasis ainsi que d’une version très réussie du « Heart of Gold » de Neil Young. Parmi les autres titres interprétés, citons « Carnival Days » et son côté jazzy, « Story To Tell« , « Begging For Mercy« , le très Gotthardien « Harder To Breathe » et le véritable hymne-signature « People Like Us« . De mémoire de chroniqueur, je n’avais jamais vu un set acoustique dégageant une telle énergie. Pour moi très clairement un des meilleurs moments de l’édition de cette année du festival.
Faut-il encore présenter le groupe allemand The New Roses? Au bout de trois albums, le groupe composé du chanteur-guitariste Timmy Rough, du guitariste Norman Bites, du bassiste Hardy et du batteur Urban Berz, a réussi à se tailler une excellente réputation et une place de choix au sein de la scène heavy rock allemande (et internationale). Sur scène, le combo originaire de Wiesbaden se montre très convaincant. Timmy a une voix merveilleuse dont le grain n’est pas sans rappeler par moment la voix du regretté Steve Lee. Ses partenaires de crime se montrent eux aussi d’une efficacité redoutable. Une véritable tête d’affiche avant la tête d’affiche. Au menu, des titres comme « Every Wild Heart« , « Forever Never Comes« , « Dancin’ On A Razor Blade« , « 2nd 1st Time« , « Gimme Your Love« , « For A While« , « It’s A Long Way« , « Whiskey Nightmare« , « Life Ain’t Easy (For A Boy With Long Hair)« , « Thirtsty » et « Old Time« . Un univers entre heavy, garage rock, blues rock et hard rock. Un show efficace qui fonctionne comme une mécanique parfaitement bien huilée. Malgré la qualité du spectacle et le côté éminemment sympathique de cette formation, j’ai malgré tout l’impression – la fatigue aidant – que ce rock pur et dur finit par tourner un peu en rond et je quitte la salle surchauffée un peu avant la fin du set pour aller prendre le frais à l’extérieur et recharger mes batteries avant d’accueillir l’autre tête d’affiche de la soirée.
En point d’orgue de la soirée, la scène de la salle De Spiraal accueille Crazy Lixx, le légendaire groupe suédois de Hard Rock – Heavy Metal créé en 2002 et composé aujourd’hui du chanteur Danny Rexon, du batteur Joél Cirera, du bassiste Jens Anderson et des guitaristes Chrisse Olsson et Jens Lundgren. Les membres de Crazy Lixx se décrivent eux-mêmes comme un groupe de hard rock/hair rock qui porte dignement le flambeau du rock à la sauce des années ’80. Les observateurs les classent souvent dans la mouvance ‘The New Wave of Swedish Sleaze’ et il est donc amplement justifié qu’ils occupent la tête affiche de cette belle édition du Wildfest. Le groupe a aussi une actualité brûlante puisqu’il assure la promotion de son tout nouvel album intitulé « Forever Wild« , sorti le 17 mai dernier. Le groupe avait déjà fait un passage remarqué dans une édition précédente du festival et tous les astres étaient donc parfaitement alignés pour qu’il occupe cette année la place d’honneur de notre fête annuelle de l’AOR. Le programme est solide et copieux comme un bon repas, avec un savant mélange de grands classiques du groupe et de titres du nouvel opus : « Wicked« , « Rock And A Hard Place« , « Blame It On Love« , « Hell Raising Women« , « Break Out« , « Snakes In Paradise« , « Wild Child« , « Walk The Wire« , « Silent Thunder« , « Heatseeker« , « XIII« , « Killer« , « 21 ‘Til I Die« , « Ain’t No Rest In Rock N’ Roll« . Pour la petite histoire, le titre « XIII » sert de bande originale a un jeu vidéo dérivé de la franchise « Vendredi 13 ». Rien d’étonnant donc à voir le chanteur Danny interpréter ce titre en portant le masque du célèbre tueur. Une prestation décoiffante, conforme en tous points aux attentes, mais sans véritable surprise.
C’est sur cette excellente prestation que s’achève une édition très réussie du Wildfestr ayant pour principaux ingréidents une musique vivifiante et toujours pertinente, des guitares qui égrènent les riffs comme s’il en pleuvait, des chanteurs charismatiques, des tenues excentriques, des musiciens qui assurent le show, des organisateurs satisfaits et une ambiance de fou tant sur scène que dans le public. Que dire de plus si ce n’est… vivement l’année prochaine !
Accréditations: Mike De Coene (Hard Life Promotion) et Wildfest
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Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2019 Hugues Timmermans