Throwing Muses, full Moonlight Concessions
Dans le cadre de la folle rentrée du Bota, la venue des Throwing Muses faisait déjà office de rendez-vous incontournable. Kristin Hersh et son « family band » (ce sont ses termes) ont en effet investi l’Orangerie en support de « Moonlight Concessions », un onzième album publié au printemps chez Fire Records.
La chanteuse a choisi de se concentrer sur son groupe fétiche après une parenthèse en solitaire qui l’a vue notamment passer par le Cactus Club de Brugge en avril 2024. Plus retenu que son prédécesseur, ce nouveau chapitre des Muses se veut plus introspectif et à tendance à réduire la frontière entre les deux entités. Sur disque en tout cas car sur scène, l’intensité prend une place prépondérante grâce notamment à des musiciens chevronnés.
Cela dit, c’est en délicatesse que la machine s’ébranlera via un premier nouveau titre, « Theremini », qui fera la part belle au violoncelle de Pete Harvey avant qu’un « Sunray Venus » ne prenne le relais en crescendo presque sans crier gare. On regrettera peut-être la voix sous-mixée et la caisse claire omniprésente qui, bien qu’accentuant l’aspect grungy de l’ensemble, altèrera le ressenti global. D’autant que sur les titres plus calmes (« Bywater », « Kay Catherine »), la magie vocale opère réellement dans un environnement délibérément tamisé.
Kristin Hersh ira à l’essentiel, limitant ses interventions à quelques remerciements mais prendra tout de même le temps de présenter les forces en présence. Son fils Dylan (« my beautiful son », le décrira-t-elle) y officie comme bassiste appliqué tandis que l’increvable Fred Abong s’active derrière les fûts. L’ex-bassiste du groupe au début des nineties étalera généreusement ses influences hardcore, expliquant en partie les soucis de balance susmentionnés. De son côté, la fluette chanteuse alterne trois guitares pendant que sa caractéristique voix écorchée transporte des compositions comme le carré « Lazy Eye » et le saccadé « Soap And Water » par exemple.
Judicieusement disséminés, les nouveaux titres formeront la trame de la soirée, preuve irréfutable d’une vision moins nostalgique qu’en apparence. Au contraire, la dynamique qui verra notamment s’enchaîner le bref et intense « Him Dancing » du classique « The Real Ramona » à l’entêtant « Drugstore Drastic », un des meilleurs extraits de « Moonlight Concessions », brisera toutes les barrières. Ajoutons que particulièrement sur ces deux titres, l’association voix et violoncelle tutoiera la perfection. L’entêtant « Summer Of Love », l’enivrant « Libretto » et le déroutant « South Coast » constitueront d’autres moments forts issus de la nouvelle plaque.
Bien entendu, avec plus de quarante ans de carrière, on imagine le casse-tête rencontré par Kristin Hersh au moment de dresser la généreuse set-list du soir (vingt-cinq titres pour nonante minutes de show tout de même). Rien à redire à ce niveau, elle a parfaitement réussi son coup en survolant l’ensemble des périodes du groupe. Du soutenu « Colder » (le plus ancien du lot, datant de 1988) à la prenante plage titulaire du nouvel album en clôture du set principal, en passant par le speedé « Bea », l’hypnotique « Limbo » bourré de percussions et le hit underground « Counting Backwards ». Mais aussi un « Static » aussi hargneux que rêveur et un « Bo Diddley Bridge » à l’explosif final. Le tout sans la moindre respiration ou presque.
Les rappels ne dérogeront pas à la règle, le groupe balançant deux derniers uppercuts sous la forme d’un « Shark » plutôt rageur dans un premier temps. Avant que l’incontournable « Bright Yellow Gun » ne prenne le public à la gorge dans une tonitruante version où les riffs incendiaires se marient aux nappes mélodieuses d’un violoncelle décidément essentiel. Et si l’équilibre tenait à ce détail ?
SET-LIST
THEREMINI
SUNRAY VENUS
DARK BLUE
BEA
BYWATER
SLIPPERSHELL
COLDER
STATIC
HIM DANCING
DRUGSTORE DRASTIC
LAZY EYE
SUMMER OF LOVE
KAY CATHERINE
LIBRETTO
OPIATES
SOAP AND WATER
SOUTH COAST
ALBATROSS
LIMBO
COUNTING BACKWARDS
BO DIDDLEY BRIDGE
SALLY’S BEAUTY
MOONLIGHT CONCESSIONS
SHARK
BRIGHT YELLOW GUN
Organisation : Botanique