Therion sort un show titanesque à Bruges
Que faire un jeudi soir alors que la tempête Louis s’abat sur la Flandre? Et pourquoi pas pousser une petite pointe jusqu’à Bruges, où la salle The Entrepot accueille les vétérans suédois de Therion, en tournée pour la promotion de leur dernier opus en date: « Leviathan III« .
Quel plaisir de se retrouver dans cette belle salle flandrienne où nous avions eu déjà dans le passé le plaisir de venir voir des pointures comme Lacuna Coil. Les prix des boissons sont un peu élevés, mais avec l’inflation des deux dernières années, cela n’a malheureusement rien d’étonnant. Et il en faut plus pour décourager des métalleux qui ont soif!
Ce sont les métallurgistes croates de Keops qui ouvrent le bal. Créé à Rijeka ce groupe a commencé sa carrière en se faisant remarquer au festival Ritmi Globali Europei en Italie où il a remporté le premier prix dans la catégorie du meilleur groupe. Après un changement de chanteur, le combo s’attèle à enregistrer ce qui deviendra son premier album “Keops” (2012) avec à la clé un joli succès dans leur patrie, faisant ainsi mentir le proverbe selon lequel nul n’est prophète en son pays. Le second album studio “Lice sudbine”, plus prog et plus moderne, a aussi réussi à s’imposer auprès du public. Un nouveau changement de personnel donnera la formation actuelle du groupe, à savoir Bruno Mičetić et Branimir Habek aux guitares, Zoran Ernoić à la basse, Adam Miler à la batterie et Zvonimir Špacapan au chant .
Le nouvel album “Road to Perdition” (2022) a marqué le début de la carrière internationale du groupe qui a joué notamment en première partie d’Overkill.
Sur scène, les Croates font preuve d’une belle maîtrise et s’amusent visiblement en partageant leur univers musical metal avec le public belge. Au menu, des titres comme « Unconscious Mind« , « The Machine« , « Road to Perdition« , l’excellent « My Soul Released« , « Rise Again« , « Trauma« , « She Sells Sanctuary« , « When I Remember » et bien sûr « Keops« .
Clairement, ces garçons savent ce qu’ils font. Ils ont un don pour l’écriture et leurs albums sont très corrects. En live cependant, ils peinent encore un peu à restituer leur répertoire dans toute sa splendeur. Mais le potentiel est là et il y a fort à parier que nous entendrons encore parler d’eux dans un futur proche.
Voici arrivé le moment tant attendu de retrouver Therion après plus de cinq ans en ce qui me concerne. Et quel retour gagnant! Sur la scène de l’Entrepot, la formation de metal symphonique et opératique est présente au grand complet avec le guitariste et multi-instrumentiste Christofer Johnsson, le batteur Sami Karppinen, le ténor Thomas Vikström, le guitariste Christian Vidal, la soprano Lori Lewis qui fait son grand retour au sein du groupe ainsi que la chanteuse espagnole Rosalía Sairem et le bassiste Chris David.
Au menu, un festival de morceaux extraits du répertoire fleuve du groupe. Une diversité de styles allant de l’opératique à des titres plus doom, presque death. Un véritable opéra metallique… En tout plus de deux heures de musique incroyable, épique, pour le plus grand bonheur du public enthousiaste ayant bravé la tempête pour ces retrouvailles presque mystiques.
Au menu: « The Blood of Kingu » (de l’album « Sirius B » de 2004), le superbe et prenant « Ruler of Tamag » (du nouvel album « Leviathan III » de 2023), le cultissime « Birth of Venus Illegitima » (de l’album « Vovin » de 1998), « Tuonela » (de l’album « Leviathan » de 2021), le plus sombre et très dramatique « Twilight of the Gods » (2023), une étonnante page francophone avec la reprise de « Mon amour, mon ami » de Marie Laforêt et de « La Maritza » de Sylvie Vartan (tous deux extraits de l’album « Les Fleurs du Mal » de 2012), « Leviathan » (2021), l’épique « Asgård » (de l’album « Secrets Of The Runes » de 2001), « Morning Star » et « Black Diamonds » de la Draconian Trilogy (1998), « Ginnungagap » (2001), « Litany of the Fallen » (extrait de « Leviathan II » de 2022), le classique épique « The Siren of the Woods » (de l’album « Theli » de 1996), « Aeon of Maat » (2022), le cultissime « Lemuria » (de l’album éponyme de 2004), « Sitra Ahra » (de l’album éponyme de 2010), « Quetzalcoatl » (2004), « Eye of Algol » (2021) et « Son of the Staves of Time » (de l’album « Gothic Kabbalah » de 2007).
Le public est insatiable et pour répondre à ses attentes pressantes, le combo suédois lui offre en guise de bouquet final deux titres de rappel avec les classiques « The Rise of Sodom and Gomorrah » (1998) et « To Mega Therion » (1996).
Une prestation époustouflante, titanesque, digne du nom des trois derniers opus du groupe. Le public est ravi, ce qui peut étonner car les nombreux passages opératiques ne sont pas à la portée du premier venu. Mais les riffs de guitare épiques de Christofer mariés aux voix extraordinaires de Thomas, Lori et Rosalia auront procuré un feu d’artifice d’émotions aux métalleux présents dans la salle. Quelle chance de pouvoir revisiter un tel répertoire de plus de trente ans avec de nombreux classiques à son actif. Bref, Therion est plus en forme que jamais et continue à ravir les hordes de fans qui se déplacent pour assister à leurs concerts un peu partout dans le monde. Voilà qui est d’excellent augure pour la suite. En tout cas, le public belge en redemande !
Accréditations: Mike de Coene (Hard Life Promotion)
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2024 Hugues Timmermans