Serenity et Temperance impériaux lors du concert final de la tournée à Uden
Samedi 24 février, Uden, Pays-Bas. La file s’étire devant l’entrée de la salle De Pul, notre destination de la soirée. Après Essen et Diest, c’est le troisième concert de la tournée auquel nous allons assister ce soir. Qui plus est, dans une magnifique salle, comme on en trouve à foison aux Pays-Bas. C’est aussi le dernier soir de ces Symphonic Metal Nights 2024.
La soirée commence avec la prestation du groupe germano-brésilien FlowerLeaf auquel mon collègue Philippe a consacré un article séparé.
On reste dans le style floral puisque ce sont les Texans de Tulip qui enchaînent. Sur scène, le batteur Ryan Clayton, le bassiste Colin Parrish et le guitariste Brandon White entourent efficacement la chanteuse Ashleigh Semkiw. Je dois bien reconnaître que ce groupe m’était parfaitement inconnu avant d’assister à un concert de cette tournée. Cela fait pourtant depuis 2017 que les Texans originaires de Denton inondent le monde de leur metal moderne. Au programme, des titres extraits des 2 albums qui composent leur répertoire à ce jour, à savoir « High Strangeness » (2020) et « The Perpetual Dream » (2023). Pour ce concert de clôture de la tournée, les Texans ont joué 7 titres: « Ghost of Kyiv« , « The Perpetual Dream« , « Midnight in the Desert« , « Near Death« , « Dark Horse » (cover de Katy Perry), « Assassins » et « Gemini« .
Une bien agréable découverte, avec des musiciens maîtres de leur sujet et une interprète vocalement douée. Le seul petit hic pour ma part est que certains titres manquent de fluidité, la mélodie partant un peu dans tous les sens. Mais l’impression d’ensemble est excellente et nous sommes heureux que cette tournée nous ait permis de faire cette belle découverte.
La formation italienne Temperance fait désormais sans doute partie des quelques groupes que nous avons dû voir le plus grand nombre de fois sur scène. Et pourtant, on ne s’en lasse pas. Il faut dire que la bande à Marco Pastorino a eu le chic de savoir se réinventer à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Et la formule actuelle est clairement celle qui remporte les faveurs du public. C’est ainsi que l’on retrouve sur scène l’excellent bassiste Luca Negro, le batteur Marco Sacchetto et pas moins de 3 vocalistes: la New-Yorkaise Kristin Starkey, Michele Guaitoli (que l’on peut aussi voir avec Visions of Atlantis et ERA) et le cerveau (et aussi talentueux guitariste) du groupe Marco Pastorino. Le groupe s’est fait connaître en se produisant en tournée avec des artistes comme Luca Turilli’s Rhapsody, Nightwish, Slipknot, Within Temptation ou encore Tarja Turunen. Les fans sont donc nombreux un peu partout en Europe et ici ce soir à Uden.
Il n’aura pas fallu très longtemps à Kristin pour s’intégrer dans le groupe. L’alchimie est parfaite et la formation transalpine régale son public en enchaînant les tubes. Avec une attention délicate pour les fans qui suivent plusieurs concerts de la tournée puisque la setlist a été modifiée pour ce dernier show. Au programme: « Daruma » (extrait du dernier album, avec la participation d’Arjen Anthony Lucassen), « The Last Hope in a World of Hopes« , « No Return« , « A Hero Reborn« , « Darkness is Just a Drawing« , « Into the Void » (autre titre portant la griffe du génial géant néerlandais), les tubissimes « Diamanti » et « Of Jupiter and Moons » avant de terminer en beauté avec « Pure Life Unfolds« .
Outre une cohésion parfaite et une joie non feinte de partager la scène, les protagonistes de Temperance se caractérisent par une virtuosité étonnante, un sens du rapport avec le public et un génie créatif puissant et fertile qui nous donne un foisonnement de titres plus mélodiques les uns que les autres, sans jamais verser dans le mielleux ou la facilité. Chaque concert du groupe est une bouffée d’oxygène et un plein de joie de vivre, quelles que soient les circonstances ou les difficultés techniques. Ici, en l’occurrence, comme il s’agissait du dernier concert de la tournée, les membres des autres groupes n’ont pas manqué de faire une apparition sur la scène pour célébrer dignement ce concert de clôture de la tournée. Le tout dans un joyeux foutoir, mais sans rien lâcher sur leur prestation devant le public néerlandais.
Et puis, il y a Serenity. Le groupe du Sud Tyrol a frappé fort avec la sortie de « Nemesis AD » (fin 2023) qui a valu au groupe son meilleur classement dans les charts. Il faut dire qu’en invitant Roy Khan pour un duo, le groupe allait immanquablement attirer l’attention des fans de power metal. Cela dit, l’album est sans doute un des meilleurs du groupe et cela explique sans doute aussi pourquoi la setlist du jour était orientée surtout sur les derniers albums du groupe. Sur scène, Andreas Schipflinger occupe toujours sa place derrière les fûts, Georg Neuhauser au micro et Fabio D’Amore à la basse. L’on notera l’absence de Cristian « Chris » Hermsdörfer à la guitare, remplacé par le roadie attitré du groupe. Depuis le nouvel album, le groupe compte aussi dans son équipe le chanteur guitariste Marco Pastorino qui n’a rien d’un manchot lui non plus.
Au menu de la setlist: « The Fall of Man » (2023), « United » (2017), le powerwolfien « Ritter, Tod und Teufel (Knightfall) » (2023), « Souls and Sins » (avec Michele Guaitoli de Temperance) (2019), « Set the World on Fire » (2019), « The End of Babylon » (2023), Le classique « Velatum » (2008), « Reflections (of AD) » (2023), un moment acoustique avec « Broken Dreams » (reprise de Fallen sanctuary) et « Soldiers Under the Cross » (2023), et pour finir « Legacy of Tudors » (2013). En rappel, la bande à Georg gratifiera encore son public de trois titres supplémentaires: « My Kingdom Comes » (2020), « Sun of Justice » (2023) et le très guerrier « Lionheart » (2017).
Le public adhère avec enthousiasme à cette version plus masculine de Serenity et répond au quart de tour aux nombreuses sollicitations du chanteur. Les gens sautent, chantent, dansent. Les têtes et les cheveux tournent dans des headbangings effrénés. Bref, on dirait bien que tout le monde passait un excellent moment. Seule petite frustration: comme l’affiche comptait 4 groupes, la setlist s’en est trouvée légèrement écourtée. Cela ne m’aurait pourtant pas dérangé d’avoir deux morceaux de plus pendant le set des deux groupes en haut de l’affiche. Mais encore une fois, la qualité était au rendez-vous et l’ambiance était chaude. Bref, Temperance et Serenity se sont montrés impériaux et il nous tarde déjà de les revoir dans nos contrées…
Accréditations: Mike de Coene (Hard Life Promotion)
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2024 Hugues Timmermans