Première sous la mer pour le groupe Exit Eden
Après l’annulation du concert prévu au Moonlight Music Hall à Diest, nous avons dû nous résoudre à franchir la frontière néerlandaise (une fois n’est pas coutume) et à pousser une pointe assez loin dans le nord pour aller assister au premier concert en salle du groupe Exit Eden. À mesure que les kilomètres nous rapprochent de notre destination du jour, je remarque que l’altimètre du GPS de la voiture indique que nous nous trouvons sous le niveau de la mer. De fait, la ville de Lelystad est carrément située à -12m. Espérons que le réchauffement climatique ne s’emballe pas car je n’ai pas avec moi le matériel nécessaire pour faire de la photo sous-marine…
La salle Corneel est quasi remplie (pas loin de 300 entrées payantes) pour accueillir Phantom Elite, le groupe qui assure la première partie. Pas vraiment des inconnus puisque cette formation néerlandaise, emmenée par la jolie et talentueuse chanteuse d’origine brésilienne Marina La Torraca, s’était produite notamment au Female Metal Event 2017 (lire notre compte rendu de l’époque).
Sur scène avec elle, on retrouve les guitaristes Ted Wouters (dont c’était le dernier concert car il quitte le groupe en bons termes) et Max van Esch, le bassiste Vincent de Bruin et le batteur Joeri Warmerdam. Au programme plusieurs extraits de l’album «Wasteland» (2018) : «Revelation», «Spectrum Of Fear», «Every Man For Himself», «Lockdown», «Wasteland», «Rise With The Dawn» et «Siren’s Call».
Malgré quelques problèmes de son, tant au niveau du retour que de la salle, les salves de métal symphonique-prog font mouche. La musique du groupe est riche et repose sur un substrat mélodique particulièrement fécond. Les lumières ne mettent pas suffisamment les protagonistes en évidence à mon goût, mais les photographes ne sont jamais contents, c’est bien connu. Cela ne me fera cependant pas bouder mon plaisir à l’écoute de ce groupe que j’espère voir revenir bientôt avec un second opus (même s’ils ont annoncé prendre une pause le temps de régler leur problème d’effectif après les départs successifs d’Erik van Ittersum, Goof Veelen, Eelco van der Meer et Ted Wouters).
Il est ensuite temps d’accueillir le groupe qui a fait affluer un public étonnamment nombreux d’un peu partout (Écosse, Allemagne, Belgique, Pays-Bas). Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion d’accueillir 4 divas du métal réunies sur une même scène. Exit Eden est au départ un groupe de studio créé dans l’idée de reprendre en version métal des tubes bien connus du grand public. Quatre femmes, quatre styles, quatre voix.
Faut-il encore présenter l’incroyable Amanda Somerville ? Celle que d’aucuns appellent la reine-mère des chanteuses métal modernes s’est fait connaître tant par sa carrière solo et par son projet Kiske Somerville (avec Michael Kiske) que par son groupe Trillium et ses collaborations avec des artistes comme Avantasia, Epica, Kamelot, Serenity et bien d’autres.
Autre personnalité connue à ses côtés, la belle et talentueuse Clémentine Delauney qui est aujourd’hui la chanteuse attitrée du groupe Visions of Atlantis et que l’on a aussi pu voir avec Serenity, Melted Space, Whyzdom ou encore aux côtés de Kai Hansen.
La troisième chanteuse, vous la connaissez aussi puisqu’il s’agit de Marina La Torraca, la chanteuse du groupe qui s’est produit en première partie. Pour compléter le tableau, Anna Brunner, une jeune chanteuse moins connue sous nos latitudes et pourtant très expérimentée malgré son jeune âge.Une voix très rock.
Ensemble, elles ont enregistré un album de reprises intitulé « Rhapsodies In Black » que nous avions eu l’occasion de vous présenter sur notre site.
Après s’être produites dans quelques festivals, ces dames nous font le plaisir et l’honneur de donner une seule et unique représentation en salle et MIB se devait donc d’être de la partie. Pour les accompagner sur scène, il leur fallait des musiciens. D’entrée de jeu, la tête du guitariste me paraît familière sans que je parvienne çà revenir sur son nom. Pas étonnant puisqu’il s’agit ni plus ni moins de Jim Müller (guitariste de Kissin’ Dynamite). Le reste de l’équipe se compose du batteur Tino Calmbach (Eyes Of Solace) et du bassiste Jan Lilienthal.
Ce sont d’ailleurs les hommes qui prennent place sur scène en premier lieu pour lancer les festivités. La prestation d’Exit Eden commence en beauté avec une intro musclée pour le «Unfaithful» (de Rihanna) interprété par le quatuor au grand complet. Je ne résiste d’ailleurs pas à l’envie de partager avec vous l’adaptation en live de ce titre qui prend une toute autre dimension dans son habillage métallique :
Ces dames embraient aussitôt avec « Impossible » (reprise de Shondelle). D’emblée, on est frappé par la complémentarité des quatre voix sur scène et par leur plaisir à partager la même scène. Le public adhère complètement et saute, danse ou pratique un headbang frénétique, chacun selon ses convictions métalliques. Vient ensuite une très belle version du tube intemporel « Fade To Grey » (reprise de Visage) où les parties en français sont bien évidemment confiées à Clémentine.
Après un crochet par le « Firework » (de Katy Perry), le quatuor s’attaque à un morceau légèrement plus rock avec « Heaven », le classique de Bryan Adams.
On sent bien que le spectacle gagne en intensité et les deux titres suivants sont parmi les meilleurs de la soirée. Il y a tout d’abord cette superbe reprise du « Frozen » de Madonna (pour rappel, la chanteuse Simone Simons d’Epica est guest sur ce titre l’album) et ensuite l’incroyable et inusable « Total Eclipse Of The Heart » de Bonnie Tyler. Du très grand Amanda Somerville sur ce titre !
Pour suivre, les quatre muses métalliques nous ont concocté une surprise puisqu’elles entonnent un inédit de taille : « Thunderstruck » d’ACDC. Le public est ravi d’entendre ce morceau qu’il n’attendait pas. Grosse ambiance dans la salle…
Retour au répertoire « normal » d’Exit Eden avec « Incomplete » des Backstreet Boys et « A Question Of Time » de Depeche Mode.
Le groupe sort de scène sous les acclamations du public qui en redemande. Appliquant à la lettre l’adage « Vox Populi, vox dei », le groupe remonte sur scène pour deux titres en rappel. Le quatuor s’attaque ici encore à du lourd en reprenant d’abord « Skyfall » d’Adèle et ensuite le célébrissime « Paparazzi » de Lady Gaga.
Voici la version live de ce titre qui clôture le concert d’Exit Eden :
Parmi les faits les plus marquants de cette soirée, je retiendrai qu’Exit Eden a réussi le tour de force d’attirer un public international et nombreux. L’alchimie entre les chanteuses est très aboutie. Leurs voix sont très complémentaires et l’ambiance n’est pas ternie par les sempiternelles querelles d’égos que l’on retrouve souvent dans les groupes à plusieurs chanteurs ou chanteuses. Ce qui m’amène au point suivant. Si l’on avait pu craindre au début qu’Exit Eden ne soit qu’une création purement artificielle née de la seule volonté d’un label métal de ratisser auprès d’un public plus large, l’intensité des vibrations émises et reçues au cours de cette soirée prouve à suffisance qu’il n’en est rien et que le quatuor est un véritable groupe. Cerise sur le gâteau : Marina a annoncé la sortie prévue d’un deuxième opus.
Bref, nous aurons finalement passé une très belle soirée malgré quelques problèmes de balance son. Je n’ai en tout cas vu que des mines réjouies à la sortie du concert. En espérant retrouver ces dames très prochainement sur une scène pas trop éloignée de notre plat pays…
Accréditations: Mike De Coene (Hard Life Promotion) et Claudia Steinlechner (Napalm Records)
Toutes nos photos de Phantom Elite et Exit Eden
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2019 Hugues Timmermans