La “Cité Miroir” à Liège illuminée par de grands chants féminins !
Des chant féminins qui outre le fait de perpétuer des traditions ancestrales de diverses régions de l’Italie permettant un voyage dans le temps et dans l’espace de la géographie italienne, nous offrent aussi toute la beauté et la force que l’organe vocal peut donner lorsqu’il est maîtrisé par de très grandes dames (j’aurais dû dire “demoiselles” par galanterie) ! Mais rien ne serait possible sans l’accompagnement musical de trois perles de musiciens qui ont complété un tableau sonore de toute beauté, rien ne serait possible non plus si la grande chanteuse italienne Lucilla Galeazzi (personnage incontournable et mondialement connu pour son art de perpétuer les chants populaires de l’Italie) n’avait pas souhaité un jour concevoir un projet et donc un disque avec les quatre filles de Ialma. Il fallait aussi trouver des musiciens capables de tenir un niveau artistique élevé et c’est en toute logique que Lucilla a proposé le talentueux percussionniste Carlo Rizzo (certainement le meilleur au monde au tambourin, j’en reparlerai plus loin dans mon article) et pour le reste, ce sont deux musiciens belges déjà connus et participant aux divers projets et diverses aventures mis sur pied par le biais du label Home Records…Le Festival D’art de Huy…avec en toute logique à l’accordéon diatonique l’unique Didier Laloy et à la guitare acoustique Marteen Decombel un autre illustre musicien, chaque protagoniste (chanteuses et musiciens) ayant ce soir prouvé haut-la-main leur potentiel respectif !
Avec une telle équipe en place, il est inutile de dire que c’est efficace avec Côté cour le CD déjà chroniqué sur notre site qui à lui-seul, montre la volonté à travers le chant et la musique de faire connaître aux contemporains les traditions et cultures d’hier avec pour résultat et comme toujours avec Home Records, un travail précis et fin qui respecte à la lettre le désir des artistes et la transmission des chants traditionnels. Côté scène ce même récital où l’on retrouve des compositions faites pour l’album transmises de génération en génération ou encore des morceaux du groupe Ialma, est ici sublimé dès la première chanson proposée car rien de tel que de voir chanter et jouer ces artistes en chair et en os, l’acoustique de la salle de la Cité Miroir et l’ingé-son faisant le reste.
Un départ en fanfare si je puis dire puisque le public présent (la salle est comble comme pour les deux précédents concerts à Bruxelles…avec près de 150 CDs vendus sur ces deux première dates !) frappe naturellement dans les mains au rythme du tambourin et ce, pendant de nombreuses chansons interprétées. La magie opère instantanément car la grâce des chants touche les cimes à vous donner des frissons et la chair de poule ! Même constat pour l’accompagnement musical maîtrisé par trois orfèvres qui à travers leur instrument respectif, décochent des sons d’une précision chirurgicale sans oublier l’émotion déjà transmise à travers les cinq belles voix.
Ce concert c’est aussi l’occasion d’entendre seule Lucilla Galeazzi, des moments où cette grande dame nous montre une force chargée à la fois de puissance et d’émotion, des moments aussi de narrations où l’artiste nous conte l’Italie dans les années 1800…pendant les deux guerres…après la seconde guerre mondiale pour mieux nous situer le contexte des chansons et nous expliquer comment certains refrains ont traversés les siècles jusqu’à nos jours. On vous parlera par exemple de femmes allant travailler à l’usine et fredonnant un chant face aux hommes qui se rendent dans une autre usine, des Italiens venus reconstruire Rome après la guerre et qui ont par tous les moyens trouvé une maison et pour s’y réchauffer on finalement trouvé comme solution..de chanter la tarentelle. Les chanteuses de Ialma ont aussi raconté les contextes de certaines chansons, quatre chanteuses (Veronica Codesal, Natalia Codesal, Eva Fernandez et Marisol Palomo) qui sont aujourd’hui la crème des voix de la Galice et qui ont fait corps avec la magnifique voix de Lucilla, atteignant hier soir l’âme et le cœur de chaque spectateur !
Ajoutons encore un splendide solo de percussions du grand Carlo Rizzo qui avec un seul tambourin a offert au public, une démonstration technique comme s’il avait eu une batterie complète (fûts et cuivres) devant lui ! Que dire de l’aisance de Didier Laloy devenu avec le temps un des maîtres de l’accordéon diatonique, que dire aussi des accords voir des arpèges distillés par un grand Marteen Decombel, trois musiciens au sommet de leur art respectif qui se greffent à la perfection aux chants de nos cinq diablesses. ”Alegria e Liberta, ”Bella Ciao” (devenu l’hymne d’une certaine révolution et de certains indépendantistes) mais aussi ”Ai La La” (le “hit” de Ialma) ont bien sûr été de grands moments de partage où, les chanteuses ont encouragé le public à reprendre les refrains.
Au final ce soir à Liège de vrais artistes ayant encore l’humilité de mettre en valeur leurs compagnons de route, ont offert un splendide récital qui aura je pense touché dans l’âme et dans le cœur l’ensemble du public. Un grand moment de partage, un grand moment de chant et un grand moment de musique. En un mot…sublime !