La Carte Blanche à Akram Ben Romdhane : une belle alchimie entre les traditions ancestrales et une vision contemporaine !
La Carte Blanche reste toujours un moment de découverte puisque, l’artiste mis à l’honneur va créer pour l’occasion un tout nouveau projet musical pour lequel, le oudiste/violoniste/compositeur tunisien Akram Ben Romdhane s’est associé les services de huit musiciens/musiciennes talentueux et talentueuses lui permettant, d’associer avec goût le son du Oud (instrument traditionnel à cordes pincées très répandus au Moyen-Orient, en Azerbaïdjan ou en Grèce) à une section à cordes (2 violons et 2 violoncelles) et à une section plutôt jazz-rock (contrebasse, batterie, piano, guitare électrique et effets sonores divers). Si l’instrument de l’artiste tunisien est l’un des fils conducteurs, sa vie depuis son enfance à Tunis, ses études à Paris et sa vie actuelle à Bruxelles sont aussi autant d’autres fils conducteurs, dans le processus créatif des compositions jouées. En fait l’artiste retranscrit sa vie vécue en musique comme un voyage initiatique afin que, le public puisse vivre son vécu à travers son travail de composition avec pour résultat étonnant, un voyage transversal à travers les époques et les courants musicaux allant d’hier à aujourd’hui !
Si le son du Oud nous ramène aux traditions culturelles d’Orient, la section à cordes joue en toute logique la carte du néo-classique quant à la section jazz-rock, elle nous apporte une vision plus contemporaine surtout au travers de sons plus modernes comme ces effets ou encore ces bruitages étranges. Mais ce serait réducteur d’en rester là dans mon analyse musicale car, les instruments à cordes s’encanaillent aussi offrant des sons étirés lorsque l’on frotte énergiquement l’archè sur son instrument et, que dire de ces sons psychédéliques à la guitare électrique lorsque des effets de distorsion se font ressentir. Une guitare électrique qui sait aussi jouer la carte du blues avec çà et là des notes plus rondes et plus chaudes mais j’en oublie le piano qui lui-aussi, joue dans tous les registres. En fait si à certains moments la part belle est laissée au travail de soliste, comme ces beaux passages justement au piano comme à la batterie et au Oud forcément, l’artiste tunisien pousse alors tous les protagonistes à donner de la puissance pour aboutir à la conception d’une musique à la fois intense et profonde remplissant tout l’espace sonore de Saint-Mengold ! Au départ peut-être surprenante, cette alchimie entre des sons traditionnelles et des sons résolument modernes finit par nous conquérir et nous entraîner à la goûter dans les moindres détails car ici, ce qui pourrait être considéré comme une musique avant-gardiste frôlant à certains moments le free-jazz a du sens car tout est parfaitement équilibré ! Ajoutons encore que tel un maître de cérémonie, l’artiste tunisien quittera sa place afin de se placer devant les musiciens comme un chef d’orchestre, pour en quelque sorte pousser ses comparses à aller encore plus loin !
Cet ambitieux projet musical offre littéralement une musique cinématographique pour le spectateur qui à travers les développés des instruments voyage comme dans un film car ici, l’on absorbe et l’on découvre aussi bien avec les oreilles que les yeux. Un véritable défi technique relevé haut la main par des musiciens doués qui nous ont offert ce soir, un voyage dans l’espace-temps musical alliant ainsi les musiques traditionnelles et la musique contemporaine avec à la fois des moments intenses où l’orchestration s’emballe et, des passages plus légers permettant de mettre en avant un instrument ou un autre. C’était un très beau concert…découverte !