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La Bête noire et le Glorieux Marteau font trembler les murs de l’AB

En ce premier jour du mois de février de l’an de grâce 2024, la foule des pèlerins métallurgistes s’étire devant les portes de l’AB. Ce temple bruxellois de la musique accueille trois groupes de metal festif pour régaler les amateurs venus en nombre puisque le concert se donne à guichet fermé.

Le coup d’envoi de la soirée est donné par une joyeuse bande de fous furieux venus des lointaines contrées  scandinaves. Je veux bien sûr parler du groupe suédois Brothers of Metal, une bande composée de huit guerriers nordiques (sept hommes et une femme), qui a pour mission sacrée de répandre la bonne parole au son d’un répertoire folk metal on ne peut plus entraînant, dans une débauche de costumes, de danse et de libations. Pour ce soir, la grippe aura eu raison de la chanteuse Ylva Eriksson, surnommée « voice of the Valkyries ». Dommage pour le public bruxellois. Mais qu’à cela ne tienne, la talentueuse interprète sera présente de manière virtuelle puisque ses prestations vocales sont diffusées grâce à la magie de la technologie moderne. Joakim Lindbäck Eriksson (chant – « battle cries »), Mats Nilsson (growl, parties parlées – « tongue of the gods »), Emil Wärmedal – (basse – « lute of heavy thunder »), Mikael Fehrm, Pähr Nilsson et Dawid Grahn (guitares – « lute of lightning ») et Johan Johansson (batterie – « anvil and war drums ») assurent le show avec vigueur et enthousiasme.

Chose assez rare, le public est déjà présent massivement et connaît manifestement les paroles de tous les hymnes entonnés dans un déferlement de riffs de guitare. L’ambiance est déjà à son comble et ne va plus descendre avant la fin de la soirée.

Côté setlist, le groupe nous a gratifié d’une belle série de titres extraits de leurs albums « Emblas Saga » et « Prophecy Of Ragnarök« , tels que « The Death of the God of Light« , « Prophecy of Ragnarök« , « Njord« , « Theft of the Hammer« , « Ride of the Valkyries« , le nouveau single « Berserkir« , « Defenders of Valhalla« , « Fire Blood and Steel » et « One« .

Bref, une super découverte pour votre serviteur et une prestation musicale et scénique hypervitaminée qui a comblé de joie les spectateurs et fans présents en masse. Une première partie qui a fait trembler les murs de l’AB et qui restera dans les mémoires.

Depuis mon dernier concert du groupe de power metal Gloryhammer, de l’eau a coulé sous les ponts puisque, en août 2021, le groupe de power metal s’est séparé de son chanteur Thomas Winkler, surnommé « Angus McSix », lequel a entre-temps fondé un groupe de heavy metal portant son nom avec le bassiste Seebulon (Sebastian ‘Seeb’ Levermann d’ORDEN OGAN), Thalestris (la belle et talenteuse guitariste Thalia Bellazecca ex-FROZEN CROWN) et Skaw! (Manu Lotter ex-RHAPSODY OF FIRE) à la batterie.

Quant à Gloryhammer, le groupe a poursuivi sa route avec le chanteur chypriote Sozos Michael, que l’on retrouve donc sur scène avec Christopher Bowes (Zargothrax, Dark Emperor of Dundee) aux claviers (celui-là même qui se cache derrière le groupe de metal à la sauce pirate Alestorm), Paul Templing (Ser Proletius, Grand Master of the Deathknights of Crail) à la guitare, James Cartwright (The Hootsman, Astral Demigod of Unst) à la basse, Ben Turk (Ralathor, the Mysterious Submarine Commander of Cowdenbeath) à la batterie et Michael Barber (Zargothrax, Dark Emperor of Dundee); également aux claviers. Sur scène, une espèce de tour fortifiée qui servira de décor aux aventures intergalactiques des personnages interprétés par les membres du groupe. Le dernier opus en date des aventuriers space-opera s’intitule « Return to the Kingdom of Fife » (2023).

Bonne ambiance dans la salle pour accueillir les délires musicaux du groupe. Côté vestimentaire, les tenues (un peu ridicules) en spandex ont cédé la place à des tenues un poil plus évoluées. Le fameux marteau est toujours brandi avec autant de conviction, même si le bras qui le manie a changé. Le show scénique du groupe conserve donc son côté fun, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’ils en font quand même un peu trop. dans le volume sonore tout d’abord. Le niveau de décibels est élevé et ça tape dur dans les basses, même quand on se trouve dans le foyer qui jouxte la salle. Un peu trop aussi dans l’enrobage musical du show: la prestation commence par l’installation d’une effigie en carton grandeur nature représentant Tom Jones. Le concert commence donc par la diffusion de « Delilah« . Comme si cela ne suffisait pas, vient ensuite un instrumental (« Incoming Transmission« ). C’est alors seulement que le groupe entre dans le vif du sujet. Plus tard encore sera diffusé le classique des classiques « Also sprach Zarathustra » et à la fin, rebelote avec deux morceaux « The National Anthem of Unst » et le « Rockin’ All Over the World » de Status Quo.

Quant au répertoire du groupe, sa prestation bruxelloise se compose des titres suivants: « Holy Flaming Hammer of Unholy Cosmic Frost » (extrait de l’album « Return to the Kingdom of Fife » de 2023), « Gloryhammer » (extrait de l’alum « Legends from Beyond the Galactic Terrorvortex » de 2019), « The Land of Unicorns » (2019), « Fly Away » (2022), « Angus McFife » (extrait de l’album « Tales from the Kingdom of Fife » de 2013), « Wasteland Warrior Hoots Patrol« (2023), « Fife Eternal » (2023), « Masters of the Galaxy » (2019), « The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust) » (2019), « Keeper of the Celestial Flame of Abernethy » (2023), « Universe on Fire » (extrait de l’album « Space 1992: Rise of the Chaos Wizards » de 2015), « Hootsforce » (2019) et « The Unicorn Invasion of Dundee » (2013).

En résumé, malgré une très bonne voix, Sozos Michael ne parvient pas à faire oublier son illustre prédécesseur. De plus, le groupe donne dans la démesure. C’est un peu too much, compte tenu aussi du caractère finalement assez répétitif du répertoire des Britanniques pourtant toujours aussi enthousiastes pour partager leur univers délirant. A moins que cela ne soit moi qui suis en train de devenir vieux?

La soirée finit en apothéose avec le groupe finlandais Beast In Black, fondé par Anton Kabanen (guitares et voix) après son départ de Battle Beast. Le groupe, composé aussi du bassiste Máté Molnár, du guitariste Kasperi Heikkinen, du batteur Atte Palokangas et de l’excellentissime Yannis Papadopoulos au chant, a passé l’année 2023 sur les routes en donnant 44 concerts, notamment en première partie de Firewind. Le groupe continue à monter en puissance et est ici en co-headliner avec Gloryhammer. La configuration scénique a changé puisque le batteur est à présent surélevé et prend place au-dessus d’une statue tête de lion. Une porte d’inspiration japonaise complète le décor. Musicalement, le groupe assure toujours la promotion de son 3e opus intitulé « Dark Connection » (2021) qui fait suite aux excellents « From Hell with Love » (2019) et « Berserker » (2017). Dès les premières notes, le public est chauffé à blanc, tant la musique et la voix de Yannis mettent une ambiance du feu de dieu. Les fans sont à la fête. Il faut dire que le style créé par Anton déjà du temps de Battle Beast continue de faire mouche. Les mélodies entraînantes aux arrangements hyper efficaces avec une touche d’électro ont le don de mettre l’ambiance!

Au menu, un florilège de titres power metal entraînants: « Blade Runner » (2023), « Bella Donna » (2023), « Beast in Black » (2017), « Sweet True Lies » (2019), « Broken Survivors » (2023), « From Hell With Love« , « Hardcore » (2023), « Moonlight Rendezvous » (2023), « Zodd the Immortal » (2017), « Ghost in the Rain » (2017), « Highway to Mars » (2023), « Blind and Frozen » (2017), « Die by the Blade » (2019), « One Night in Tokyo » (2023) et « End of the World » (2017). Dans la salle, les fans répondent au quart de tour aux sollicitations des Finnois: ça saute, danse et secoue la tête dans tous les sens. Les cheveux volent et les nuques sont mises à rude épreuve par des headbangings de folie.

Autant dire que la bande à Anton a largement rempli son contrat. Il faut dire que ce power metal festif et varié a tout pour séduire. Les mélodies sont hyper efficaces et les protagonistes savent comment maintenir leur public en haleine. Quant à Yannis, c’est carrément un des meilleurs vocalistes du circuit. Alors quand il fait équipe avec Anton, c’est tout juste grandiose. Bref, une tête d’affiche amplement méritée et le public en redemande toujours plus. Mon petit doigt me dit qu’on reverra bientôt Beast In Black sur le sol belge…

Accréditations: Mike de Coene  (Hard Life Promotion)
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2024 Hugues Timmermans

 

 

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