La Bête est de retour au Biebob
Organiser un concert un dimanche soir n’est jamais un pari gagné d’avance. Ce n’est pourtant pas cela qui arrêtera les exploitants du Biebob, toujours prêts à faire des heures supplémentaires pour nous permettre de nous adonner à notre vice favori: les concerts de rock au sens le plus large.
Au menu de ce soir, du métal à la sauce finlandaise, avec pour commencer un groupe originaire de Helsinki et fondé en 2011 : Arion. Cette formation assure ici la promotion de son nouvel opus « Life Is Not Beautiful » (2018), ce qui lui permet aussi de se rôder avec son nouveau chanteur Lassi Vääränen (qui succède à Viljami Holopainen, lequel a décidé de changer d’orientation musicale malgré un excellent premier album). Avec lui sur scène, le bassiste Gege Velinov ainsi que le trio de membres fondateurs, composé de Iivo Kaipainen à la guitare, Arttu Vauhkonen aux claviers et Topias Kupiainen derrière les fûts.
La jeune formation a été repérée assez vite par Riku Pääkkönen, dénicheur de talents bien connu dans le monde du métal mélodique et/ou symphonique pour être à l’origine du succès de groupes comme Children Of Bodom, Nightwish, Sonata Arctica et bien d’autres. Grâce à lui, les jeunes prodiges d’Arion ont rapidement pu enregistrer un excellent premier album, intitulé « Last Of Us » (2014), qui a attiré l’attention des critiques et du public, tant au Japon qu’en Finlande (ce qui fait ainsi mentir l’adage selon lequel nul n’est prophète en son pays). Et à juste titre car Arion est un groupe de véritables performers.
Lassi (le chanteur, pas le chien) a beaucoup de charisme et une voix qui colle particulièrement bien à la musique du groupe. Les claviers d’Arttu amènent une cohérence mélodique sur laquelle vient se greffer la virtuosité guitaristique d’Iivo. Au programme, 8 titres extraits de la discrographie du groupe : « No One Stands in My Way » (2018), « I Am the Storm » (2014), « Punish You » (2018), « Seven » (2014), « The Last Sacrifice » (2018), « You’re My Melody » (2014), « Unforgivable » (2018) et pour finir le « At the Break of Dawn » (2018), le duo avec Elize Ryd qui fait un véritable tabac puisqu’il atteint déjà près de 750.000 vues sur YouTube.
Les rythmes sont rapides (parfois proches du speed), les riffs de guitare obéissent parfaitement aux stéréotypes du métal mélodique, de même que les parties vocales, mais avec ce savoir-faire particulier de l’école scandinave (finlandaise donc dans ce cas-ci). Dès le deuxième morceau, je suis conquis par cette musique à la fois riche et séduisante, technique et malgré tout entraînante. Pas étonnant qu’ils tournent déjà beaucoup en radio et sur les plateformes numériques en Finlande. Bref, je pense qu’Arion est encore un de ces futurs poids lourds venus de Finlande qui auront tôt fait de devenir incontournables.
Si vous avez envie de découvrir une de leurs balades de-la-mort-qui-tue, voici « Through Your Falling Tears » :
Après m’être régalé de cette délicieuse entrée en matière, il est déjà temps de passer au plat de résistance avec un autre groupe finlandais qui ne cesse de monter en puissance et d’écumer la planète avec son métal teinté d’éléments eighties, je veux bien sûr parler de Battle Beast. Ayant eu l’occasion de voir la formation finlandaise mettre le feu plus d’une fois, je me réjouissais de les retrouver pour la première fois cette année.
Noora Louhimo et ses petits camarades de jeu sont de passage ce soir au Biebob dans le cadre de la tournée européenne du groupe à l’occasion de la récente sortie de l’album « No More Hollywood Endings ». Un album affublé du slogan «100% heavy metal – 0% bullshit! ». Au-delà du slogan, le public sait qu’il va avoir droit à sa dose de mélodies entraînantes allant du métal plus dur à une variante parfois presque « poppy ».
Les Finlandais entrent immédiatement dans le vif du sujet avec la plage d’ouverture du nouvel album : « Unbroken ». Tous les protagonistes sont en place : Pyry Vikki à la batterie, Joona Björkroth à la guitare et aux voix, Juuso Soinio à la guitrare, Eero Sipilä à la basse et aux voix ainsi que Janne Björkroth aux synthés et voix. Les têtes tournent dans tous les sens. Les cheveux volent. Le show est lancé! On enchaîne avec un morceau plus rock aux riffs plus prononcés, « Familiar Hell » , et le tube métallique « Straight to the Heart », tous deux extraits de l’album « Bringer Of Pain » (2017). Après deux morceaux en voix presque claire, c’est sur ce dernier titre que la voix de Noora retrouve ce grain rocailleux incroyable qui m’a fait craquer pour ce groupe.
Après un retour au nouveau album avec le titre « Unfairy Tales », les Battle Beast enchaînent avec leur mégatube « Black Ninja » (plus de 9,5 millions de vues, excusez du peu) extrait de l’album « Battle Beast » de 2014. Le public chante le refrain à tue-tête. La salle bouge comme un seul homme. Un des temps très forts de cette soirée. Retour ensuite au nouvel album avec d’abord un morceau aux accents très rock FM américain : « Endless Summer », suivi d’une ballade intitulée « I Wish » qui nous permet de d’apprécier la guitare-synthé de Janne et la très belle voix de Noora en chant clair.
« Raise Your Fists » est lui un nouveau titre aussi extrait du dernier opus en date. L’intro de ce morceau est carrément épique et constitue une véritable pépite, un exemple parfait du savoir-faire des métallurgistes scandinaves. Le tout accentué par la coiffe style Maléfice de Noora. Après ce morceau dynamique et revigorant, Joona s’approche du micro pour annoncer la reprise d’un grand morceau métal et commence à chanter vaille que vaille une grande partie de la chanson « A Whole New World » (la chanson du dessin animé Aladdin de Disney). Les Scandinaves aiment prendre le public à contrepied avec humour. Cet intermède rigolo est interrompu par le retour de Noora pour attaquer un autre grand classique du groupe : le remuant « Bastard Son of Odin ».
Autre grand moment, une longue intro mêlant un extrait du « Master of Puppets » de Metallica et « Rock You Like A Hurricane » des Scorpions sert de fond sonore à une mini-parade pendant laquelle une batterie électronique disposée verticalement est baladée sur scène avant d’être positionnée face au public pour le titre « The Hero » qui commence par une intro très électronique sur une rythmique très ’80s, avec une batterie électronique lumineuse un peu kitch. Une espèce de disco-métal délirant et pourtant ô combien entraînant…
Place ensuite au dernier morceau du set avec « Eden », le nouveau tube des Finlandais qui compte déjà 3,5 millions de vues depuis sa mise en ligne le 1er mars dernier… Les artistes sortent de scène sous les applaudissements nourris du public du Biebob qui ne tarde pas à en redemander davantage.
Les rappels commencent avec la plage titulaire du nouvel album « No More Hollywood Endings ». Ils continuent par un flashback sur un autre tube du groupe : « King for a Day » (près de 4,5 millions de vues) et terminent en beauté avec le très festif « Beyond the Burning Skies ».
Le public est à la fois ravi du concert auquel il a eu le bonheur d’assister et triste que cela se termine déjà. Ce sont pourtant des mines réjouies qui se précipitent vers le stand de merch, histoire de faire le plein pour conserver un souvenir tangible de ce très beau dimanche soir!
Accréditations: Philipp Adelsberger (Nuclear Blast)
Toutes nos photos de Arion et Battle Beast
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2019 Hugues Timmermans