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KAYAK au Spirit of 66

Cela faisait déjà plusieurs semaines que je sentais monter en moi l’impatience d’arriver à la date du 12 avril. Pourquoi cette date? Parce que c’était une soirée placée sous le signe des retrouvailles avec mon palindrome progressif préféré, je veux bien sûr parler du groupe Kayak à l’affiche du Spirit of 66 à Verviers. Fan de ce groupe depuis le début des années ’80, je n’avais eu l’occasion de les voir qu’une seule fois sur scène, en 2003 à l’époque de «Merlin-Bard of the Unseen». Vous comprendrez donc mon excitation à l’idée de me retrouver 16 ans plus tard au Spirit, à moins de deux mètres d’artistes qui me font vibrer depuis si longtemps.

À notre arrivée, 45 minutes avant l’heure du début du concert, le Spirit commence seulement à se remplir. À mesure que l’heure avance, les spectateurs continuent d’affluer. Les fans et autres amateurs de prog se sont donné le mot et la salle sera finalement remplie aux 4/5, ce qui est plutôt une belle performance pour un groupe méconnu du grand public.

Le concert commence avec quelques minutes de retard mais par une bonne surprise : Kayak entre immédiatement sur scène, sans première partie. Nous aurons droit à un concert long interrompu par un court entracte. Bref, 22 titres de Kayak au programme et que du bonheur pour les fans.

La tournée actuelle assure la promotion du 17e album du groupe, intitulé sobrement «Seventeen». Comme expliqué dans ma chronique écrite à la sortie de ce petit bijou, alors que l’on croyait le groupe fini, Ton Scherpenzeel a réussi le tour de force de s’entourer de nouveaux musiciens de qualité et de sortir un des meilleurs albums du groupe, qui s’est d’ailleurs vu offrir un contrat chez Inside Out Music. Et de fait, dès sa sortie, l’album «Seventeen» est entré en 6e position dans les charts néerlandais, soit la plus haute position jamais atteinte par le groupe depuis 1980! Il a même décroché la première place du top33 des vinyles les plus vendus aux Pays-Bas.

Le programme de cette soirée est donc somptueux puisqu’il fait la part belle à cet excellent album, tout en gâtant les fans avec quelques souvenirs extraits de l’immense discographie du groupe. Entrée en scène avec «Love of a Victim» («The Last Encore» – 1976). Le public fait connaissance avec le chanteur Bart Schwertmann au travers d’un ancien titre du groupe. Tout sonne parfaitement. Le public a l’air satisfait. «Rhea», le morceau suivant, est quant à lui extrait de «Letters from Utopia» (2009). Deux morceaux plutôt rythmés, l’idéal pour bien commencer la soirée. On continue dans les souvenirs avec une rareté puisque le morceau «Ballad for a Lost Friend» n’apparaît sur aucun album du groupe, cette face B d’un 45 tours ayant uniquement été reprise sur la version américaine de l’album «Starlight Dancer» (1977). Vient ensuite «A Million Years», un titre très « parsonsien » extrait de «Night Vision» (2001).

Après ce très beau voyage dans le passé, le groupe nous ramène à son actualité récente, l’album «Seventeen» dont il nous propose les trois premiers morceaux avec l’entraînant «Somebody»

et le sublime morceau épique «La Peregrina» dont le groupe a publié la captation live sur sa page Facebook:

Et enfin la ballade «Falling». Les amateurs de rock symphonique, comme on disait à l’époque, ou de rock progressif comme on dit aujourd’hui, sont à la fête avec ces compositions magistrales combinant des parties douces et des parties plus rythmées, des parties mélodiques plus classiques et d’autres résolument prog, sans oublier la guitare somptueuse de Marcel Singor. Cette vidéo aura aussi certainement rassuré les plus inquiets par rapport aux talents vocaux du chanteur Bart Schwertmann dont la voix épouse parfaitement le style kayakien.

Nouveau flashback avec deux grands classiques: «Mammoth» (extrait du premier album «See See The Sun» sorti en 1973) et le tout premier morceau qui m’a fait découvrir le groupe «Daphne (Laurel Tree)» (extrait de «Phantom of the Night» de 1979). Le groupe embraie ensuite avec un bel hommage à Pim Koopman, ancien batteur du groupe décédé prématurément d’une crise cardiaque le 23 novembre 2009. En sa mémoire, le groupe interprète un morceau aussi beau qu’émouvant intitulé «Still My Heart Cries for You», composé par leur défunt collègue.

La première partie s’achève sur ce qui est sans doute à mes yeux une des plus belles compositions jamais écrites par le groupe. Rien que les premières notes m’ont donné la chair de poule. Et que dire de la partie épique/prog du morceau… Un régal, un véritable moment de bonheur absolu. Un moment magique même puisqu’il s’agit du morceau «Merlin» que je vous propose de retrouver ici dans une mouture plus ancienne, extraite de l’enregistrement en public réalisé en 2008 à la salle Paradisio à Amsterdam.

Après un break d’une bonne dizaine de minutes mis à profit pour nous réhydrater, les protagonistes de Kayak version 2019 se réapproprient la scène pour la seconde partie d’un voyage musical hors du commun. Un fond sonore de vagues et de mouettes (ou de goélands) sert d’intro à une très jolie version du grand classique «Seagull» (de l’album «Merlin» – 1981). On reste dans le passé avec «Alibi» (extrait de «Kayak II» de 1974), sans doute le morceau au son le plus vintage de la soirée, avec une écriture pourtant très prog. Le groupe continue à revisiter sa discographie ancienne avec «Said No Word», un des titres phares de l’album «Royal Bed Bouncer» (1975).

Retour à l’album «Seventeen» avec un autre morceau épique intitulé «Cracks». Pour la petite histoire, l’album avait commencé à voir le jour sous la forme d’une campagne de crowdfunding à laquelle votre serviteur n’avait pas pu s’empêcher de souscrire. Parmi les récompenses réservées aux crodwfundeurs, il y avait ce morceau que nous avons pu découvrir en six versions, voire plus, depuis la toute première ébauche chantée par Ton sur des claviers et un batterie samplée, jusqu’à la version finale correctement instrumentée et après le mixage final. Ce morceau «Cracks» est un autre temps fort de l’album «Seventeen». Le morceau suivant est lui aussi extrait du dernier album. Il s’agit de «Feathers and Tar». Morceau plus vigoureux qui atteste que Kayak aime varier les registres.

Kayak, ce sont aussi des mélodies intemporelles extraordinaires, comme le sublime instrumental «Irene» (1977). Retour en 2018 avec un nouvel extrait du dernier opus, «Walk Through Fire», un morceau très prog et aussi très représentatif de la production musicale de la formation néerlandaise. Et enfin le bouquet final avec deux derniers souvenirs : le plus grand tube du groupe «Ruthless Queen» (1979) et «Chance Of A Lifetime» (1975).

Ton et les siens quittent alors la scène sous les applaudissements nourris du public, pour revenir quelques instants après pour le round final des rappels avec l’inusable, l’incontournable et le cultissime «Starlight Dancer» (de l’album épnoyme de 1977) ainsi que la superbe ballade mélancolique au titre très à propos «To an End» (2018).

De ce concert, il faut retenir plusieurs choses : tout d’abord que la créativité, la virtuosité et le plaisir de jouer sur scène de Ton Scherpenzeel sont restés intacts malgré les années qui passent, que Bart Schwertmann est un vocaliste épatant qui a su se plonger dans le répertoire kayakien et se l’approprier avec brio, que la présence et la virtuosité du bassiste Kristoffer Gildenlöw illustre à quel point la basse est un maillon indispensable de toutes les compositions du groupe (les plus calmes comme les plus rythmées, que Marcel Singor est non seulement un guitariste virtuose, mais aussi un second chanteur de grand talent, que Hans Eijkenaar a été très inspiré de reprendre son poste derrière les fûts kayakiens et surtout qu’il ne faut pas vendre la coque d’un kayak avant qu’il ait coulé… Il se murmure même qu’un prochain album serait en préparation. Et ce ne sont certainement pas les personnes présentes au Spirit ni les fans du groupe qui s’en plaindront car le dernier opus a montré combien le groupe a su se renouveler tout en restant fidèle à lui-même.

Merci en tout cas aux artistes et aux organisateurs (Francis) d’avoir rendu possible de moment de communion musicale et de bonheur partagé!

Le groupe:

  • Ton Scherpenzeel : claviers/chant
  • Bart Schwertmann : chant/percussions/guitare acoustique/basse
  • Marcel Singor : guitares/chant
  • Kristoffer Gildenlöw : basse
  • Hans Eijkenaar : batterie
  
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Setlist du concert:

  1. Love of a Victim
  2. Rhea
  3. Ballad for a Lost Friend
  4. A Million Years
  5. Somebody
  6. La Peregrina
  7. Falling
  8. Mammoth
  9. Daphne (Laurel Tree)
  10. Still My Heart Cries for You
  11. Merlin
  12. Seagull
  13. Alibi
  14. Said No Word
  15. Cracks
  16. Feathers and Tar
  17. Irene
  18. Walk Through Fire
  19. Ruthless Queen
  20. Chance for a Lifetime
  21. Starlight Dancer
  22. To an End

Photos © Hugues Timmermans 2019

Toutes les photos du groupe dans notre galerie: Kayak

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