Interview de/to LA MUERTE
On continue dans notre trip des interviews avec cette fois-ci la formation belge LA MUERTE qui manifestement, aura depuis toujours marqué d’une empreinte forte et indélébile la scène rock proposant une musique sombre voire destructrice pour les tympans et les esprits. Le groupe sévit tout d’abord dans les années 80 puis 90 avant une séparation, suivra une reformation en 2015 pour revenir sur le devant de la scène alternative avec à la clé, la sortie de plusieurs albums dont certains ont été chroniqués par votre serviteur « Muder Machine, EP 2016 » et aussi « La Muerte 2018« , que vous pouvez d’ailleurs à nouveau compulser ou découvrir au départ des hyperliens. Cet interview survient en fait suite à la sortie d’un nouvel opus « Sortilegia » paru en novembre de l’année dernière et dans le cadre du concert de présentation du dit album le 25 janvier au Botanique donc il était plutôt sympa et opportun qu’en peine actualité du groupe, on puisse mieux le connaître et peut-être le faire découvrir à de futurs nouveaux fans !
Pour nos lecteurs pourriez-vous répondre à quelques questions histoire de mieux connaître votre formation et aussi, mieux comprendre la démarche artistique de votre dernier album :
1) Une question qui n’est pas évidente car souvent on a considéré votre musique comme indéfinissable, pourriez-vous malgré tout nous donner quelques pistes, peut-être avez-vous puisez çà et là l’inspiration au départ de plusieurs courants musicaux ? Si oui lesquels ?
LA MUERTE
« Notre musique est effectivement indescriptible et donc indéfinissable et donc, elle nous permet d’aller où l’on veut, nous avons notre propre marque de fabrique, notre propre identité, notre propre ADN. Didier nous précise que lorsqu’il a appris la guitare, il a créé son propre style avec un côté bruitiste, pour ne pas copier un jeu déjà existant. »
2) Quels sont vos principales influences ? Les groupes qui vous ont inspirés ?
LA MUERTE
« En toute logique et par rapport à notre première réponse, nous n’en avons pas. »
3) Je suppose que vous avez tous un boulot, le fait de composer, d’écrire et de jouer en ‘Live ‘ est-il un exutoire pour vous ? Que vous apporte réellement votre musique ?
LA MUERTE
« Si Didier travaille depuis longtemps dans la musique, celle-ci fait partie intégrante de chacun, c’est notre priorité même si dans notre pays il est difficile d’évoluer cependant, notre ligne de conduite reste intègre en phase avec son chemin de départ et conforme à l’esprit de l’Underground et du rock des années 50 à 80, en conservant un rock décalé…dérangeant ! »
4) Considérez-vous votre musique comme réactionnaire, destinée à réveiller les consciences ? Est-ce un rock engagé ?
LA MUERTE
« Nous n’avons pas de message particulier à délivrer, nous laissons au public le soin de lire entre les lignes et d’interpréter nos albums, le mystère reste notre nourriture.
Nous sommes dans un autre délire, nous sommes entre l’expérience sonique et le train fantôme. Fermer les yeux et imaginez-vous en voiture. Vous décidez de prendre un raccourci pour arriver plus rapidement à destination. Ce chemin se révèle être un sentier boueux au milieu des bois. Votre véhicule heurte un tronc d’arbre et vous devez faire le reste du chemin à pied. Sur la route vous rencontrez , chiens éclopés, animaux morts, évangéliste charlatans, des baraques abandonnées, des crucifix, des restes humains, des ambiances marécageuses, poisseuses, sexuels et subversives…Voilà ce que nous délivrons des poèmes surréalistes sanglants et macabres. »
5) Concernant le masque du chanteur (en toile de jute), a-t-il une signification particulière ? Si oui laquelle ?
LA MUERTE
« Le masque n’a aucune signification particulière, ni folklorique, ni religieuse, ni païenne
Nous avons toujours baigné dans la culture digérée des films de séries Z, gore, survival, carnavals mortifères fantastique…Et l’emprunte c’est faite de manière évidente quand nous sommes revenus en 2015, nous voulions y mettre une forme de mystère marquant le coté énigmatique de notre retour; cela permettait une réincarnation, une sorte de personnage primitif ,un classique dans les redneck movie. »
6) En général qui compose et qui écrit au sein du groupe ?
LA MUERTE
« Tout le monde compose au sein du groupe et apporte sa part de boulot, sensibilité et personnalité. Autant au niveau des paroles que de la musique…il faut l’avouer nous travaillons dans le chaos et l’anarchie la plus total, chacun de son coté, parfois c’est tendu. Et puis boum, la nappe de pétrole brut jaillit détruisant tout sur son passage même notre passé. Il faut raffiner cela et DEHA notre producteur arrive à maitriser cette explosion créative, ce métal en fusion pour construire cette Tour de Babel. Il dirige la manœuvre avec rapidité et dextérité comme un architecte fou. C’est lui le responsable de notre Wall of Sound Funebre. »
7) Comment pourriez-vous définir la genèse de votre nouvel album ? Que porte-il comme message ?
LA MUERTE
« Cet album n’a pas de message particulier, c’est un recueil de poèmes macabres, cauchemars psychédéliques, de fait divers sordides, Nous sommes dans une atmosphère de film gore, paranoïaque épicé d’angoisse suprême. Le vague départ vient de la lecture de Michel de Ghelderode et la série Gore des éditions Fleuve Noir. »
8) Celui-ci porte manifestement une musique et un contenu encore plus sombre, est-ce une volonté délibérée de votre part ? Est-ce l’évolution vers laquelle vous voulez aller ?
LA MUERTE
« Oui cet album est beaucoup plus sombre, ce choix radical s’est fait de manière inconsciente et au fur et à mesure de l’enregistrement. Nous travaillons de manière spontanée et sans trop de réflexion, nous sommes proche de l’Art Brut. Nous sommes autodidactes, des marginaux, retranchés dans une position d’esprit rebelle et imperméables aux normes, nous créons sans se préoccuper du regard d’autrui…C’est pour cela que personne n’arrive à nous mettre dans une case. Et je n’arrive pas à expliquer comment nous en sommes arrivés là… Aussi noir aussi sombre. »
Line-up actuel :
Didier Moens (Dee-J) et Marc de Marais tous deux membres fondateurs rejoins depuis 2015 par Michel Kirby (Deviate, Arkangel…), Christian Z (Lengh of Tmie) et Tino Martino (Channel Zero) autant dire, une équipe d’enfer !
Nous terminons par quelques mots d’explication concernant la construction du clip « KISS MY FIST » : « Le film KISS MY FIST est la vision sauvage et iconoclaste du réalisateur français Aconit Cult aka Olivier Wozniczko, petit fils caché de Stan Brakhage et Peter Tscherkassky. Avec un feeling DIY Punk, il travaille de manière manuelle à partir de centaines d’éléments photocopiés, qu’il monte image par image avec subtilité et rage. De plus il démolit ces images avec une superposition de cellos peints, pour en faire un bijou graphique qui frôle l’abstraction. Aconit Cult a capturé à merveille l’énergie, l’esprit et l’esthétisme de LA MUERTE et le résultat visuel de ce masterpiece épileptique-apocalyptique est pour le moins surprenant. »
One or the other passage for our English-speaking friends :
« Our music is indeed indescribable and therefore indefinable and therefore, it allows us to go where we want, we have our own trademark, our own identity, our own DNA. Didier tells us that when he learned the guitar, he created his own style with a noise side, so as not to copy an existing game. »
« Everyone composes within the group and brings their share of work, sensitivity and personality. Both in terms of lyrics and music… We must admit that we work in chaos and total anarchy, each on its own, sometimes it is tense. And then boom, the slick of crude oil gushes destroying everything in its path even our past. »