Festival d’Art de Huy édition 2023, soirée de clôture
Jean-Christophe Renault
Pour cette dernière soirée du Festival d’Art il y aura un petit changement concernant le premier concert en effet et pour raison de santé, certains musiciens et/ou musiciennes du projet Holy Fools (Turquie, Inde, Belgique) ne seront pas présents donc après réflexion au niveau de l’organisation, c’est le pianiste belge Jean-Christophe Renault (qui accompagnait justement les deux autres membres du projet) qui propose un set au piano pour débuter la soirée. Autant dire que nous commençons cette dernière soirée par la prestation d’un grand pianiste et compositeur belge qui aura au cours de sa carrière, joué avec de grands artistes prestigieux du monde du jazz qu’ils soient belges ou même américains, un artiste qui a composé aussi en l’honneur des plus grands de ce monde.
Un concert où il n’y a qu’un seul artiste et un seul instrument sur scène est toujours en tout cas pour moi une expérience toute particulière car ici, l’on peut apprécier plus facilement la finesse et la justesse du jeu d’autant plus, l’orque l’on est fasse à tel virtuose. C’est un moment idéal pour pouvoir apprécier la moindre note ou le moindre accord joué, percevoir avec précision le son construit pour le plus grand bonheur des oreilles et finalement appréhender peut-être un univers musical que l’on connaît moins comme le classique mais ici, l’artiste va aussi nous emporter vers le monde du jazz et ce de la plus belle des façons nous proposant de magnifiques mélodies. On peut autant apprécier les passages où Jean-Christophe Renault distille sa composition note par note que, les moments plus enlevés où, les accords se suivent plus rapidement apportant plus de corps. Ajoutons que l’artiste prend le temps pour chaque morceau de nous présenter le contexte comme cette composition écrite en mémoire des inondations chez nous ou encore de ce triptyque écrit en référence à la récente guerre en Ukraine mais, Jean-Christophe Renault compose aussi en l’honneur de très grands musiciens ou chanteuses du monde du jazz…ou encore pour un photographe. Si l’artiste parle peu et semble intimiste en lui, son talent au piano est indéniable et à lui-seul sur scène, il aura proposé un très beau moment suspendu !
Le projet Dareyn, entre traditions et modernisme !
Ce quartet est composé autour de la joueuse turque de kemençe (instrument à cordes frottées de la musique classique turc composé de trois cordes, instrument léger aux lignes pures) Emine Bostanci qui pour ce projet s’accompagne d’instruments plutôt issus de la musique occidentale, ce qui offre à l’auditeur un croisement musical entre l’Orient et l’Occident. Mais ce n’est point tout car au sein de ce projet, il est aussi question de jouer en modalité (faisant référence à un jeu spécifique basé sur des simultanéités sonores, des polyphonies créant des atmosphères particulières) et non en tonalité, similaire à ce que l’on appelle en rock-progressif ou rock-fusion des contre-breaks, offrant à l’auditeur des changements de rythmes inattendus pouvant déstabiliser.
Bien sûr le travail au kemençe reste le fil rouge de ce projet avec ici, un jeu quelque part envoutant créant à lui tout seul des atmosphères tirant vers l’Orient mais aussi vers le mystère à travers un jeu d’archet qui, monopolise vos yeux tellement il est à certains moments puissants et appuyés. Mais attention c’est bel et bien l’ensemble du quartet qui étonne et détonne avec une approche contemporaine de la musique orientale et de la musique classique au sein d’une prestation où d’une part, l’on a senti à plusieurs reprises l’empreinte du jazz et où d’autre part, chaque protagoniste a su donner le meilleur de lui-même pour pouvoir sublimer le jeu de chaque instrument. Voilà un concert où je suis sorti avec plein de pensées en tête face à un rendu musical quelque peu déconcertant, ne sachant pas au -départ comment écrire ces quelques lignes et surtout positionner la musique à un endroit précis mais finalement, je me suis rendu compte que la découverte de quelque chose étant hors des sentiers battus était peut-être justement le but de ce projet. Pour moi en tout cas, l’objectif est réussi ! Que chacun se fasse sa propre opinion…
Emine Bostanci (kemençe, chant)
Maya Fridman (violoncelle, chant)
Vinsent Planjer (batterie et percussions)
https://www.facebook.com/dareynensemble
Voilà donc mon dernier écrit pour cette édition 2023 qui effectivement, a soufflé un vent nouveau sur la ville de Huy en s’installant dans de nouveaux sites géographiques mais aussi, en proposant un regard nouveau au niveau musical avec des prestations que l’on pourrait considérer comme plus modernes voire pour certains plus rock…tout en conservant ces moments de pures traditions.