Festival d’Art de Huy, édition 2023 : Aboubakar Traoré & Balima
Premier concert de cette édition 2023 en Place Verte de Huy juste à côté de l’église Saint-Mengold avec déjà un grand voyage en perspective puisque, l’artiste de ce soir nous vient du Burkina Faso en la personne d’Aboubakar Traoré, venu nous délivrer son message concernant les conditions de vie dans son pays à travers une musique encrée dans les traditions mais également comportant les éléments du rock comme une sorte d’alchimie entre l’histoire de là-bas et une vision plus moderne. En effet sur scène se côtoient des instruments effectivement traditionnelles comme le kamélé n’goni (instrument acoustique à cordes pincées de la famille des harpes, originaire d’Afrique de l’Ouest et plus précisément du Mali) ou encore le balafon (instrument de percussions idiophone originaire lui-aussi du Mali), avec la guitare électrique et la basse instruments fondamentaux du rock pour découler sur un croisement musical festif, sur base d’un répertoire issus des récits et histoires des griots mandingues (compteurs permettant de perpétuer les traditions à travers des récits mettant en valeur les héros fondateurs, originaires de ce qui est aujourd’hui le Mali, le Burkina Faso et une partie de la Côté d’Ivoire).
Tout d’abord parlons quelques instants de cette Place Verte qui pour l’occasion, présente un autre visage ou plutôt une autre disposition certainement due à la volonté de la nouvelle programmatrice et responsable Morgane Mathieu et son équipe puisque, la scène plus grande et couverte est disposée selon un autre angle que les autres années sinon, on y retrouve évidemment la buvette et les chaleureuses tables pour accueillir le public en précisant la présence à différents postes du personnel du Centre Culturel de Huy. Un autre souffle comme il était annoncé avec donc ce tout premier concert de l’ensemble Aboubakar Traoré et Balima, composé de musiciens originaires du Burkina Faso et du Mali mais également de différentes régions de Wallonie pour une formation aux couleurs de l’Afrique et de la Belgique qui, vont offrir au public venu déjà nombreux une très belle mise en bouche poussant les spectateurs à danser ou à chanter sur des rythmes entraînants portés par les mélodies traditionnelles venues du patrimoine des musiciens africains et surtout de l’artiste mis ici en valeur Aboubakar Traoré.
Mais ce premier constat serait fortement réducteur car au-delà du fait que le kamélé, le balafon et les diverses percussions construisent des ambiances chaloupées et dansantes, l’on découvre aussi à travers la musique des effluves de funk et de blues grâce à la présence de la basse et de la guitare électrique permettant ainsi, un pont musical entre les musiques traditionnelles africaines et les bases des grands courants noir-américains…rien d’étonnant finalement lorsque l’on regarde l’Histoire du peuple américain au cours des siècles et surtout à partir de qui il a été en partie constitué…en regard des tristes pages de l’histoire américaine, un retour vers le 19ème siècle et même avant. S’il est là question de la condition humaine, c’est justement aussi l’un des sujets développés par l’artiste burkinabé comme l’humilité, la paix/la guerre ou finalement l’amour des peuples et entre les peuples mais, si Aboubakar veut transmettre un message à travers ses chansons, il apporte malgré tout un côté positif à ses textes rehaussés bien sûr par les rythmes entraînants de son répertoire. Ou comment allier engagement et musique…à méditer !
Côté musical et technique l’on assiste ici à une véritable démonstration et ce, pour chaque musicien maîtrisant son ou ses instruments de prédilection, offrant au public d’une part de magnifiques tempos dus à un jeu subtil et précis aux percussions (djembé, balafon, percussions classiques et percussions africaines) sans oublier le son magnifique du Kamélé joué de mains de maître par Aboubakar et d’autre part, des ambiances chaloupées et pleine de fraîcheur (cette dernière nous venant finalement de chaque instrument) dues aux sons colorés et chauds de la basse et de la guitare électrique. L’ensemble offrant au public un vrai moment de partage et de joie, une ouverture de festival pleine de couleurs et de chaleur qui, présage je l’espère du meilleur pour la suite de cette déjà belle édition 2023 !