Les tops 2022 de la rédaction (part 3)
Dernière étape de notre rétro 2022 compilant ce qui s’est fait de mieux au rayon musical selon nos chroniqueurs avisés. Après le rock progressif et le metal, place au rock indé…
Albums de l’année
1. Fontaines D.C. – « Skinty Fia » (Partisan)
Incroyable ! Comme en 2019 (« Dogrel ») et 2020 (« A Hero’s Death »), les Irlandais emmenés par l’énigmatique Grian Chatten s’emparent de la récompense suprême. Un troisième album parfait de bout en bout qui a non seulement conquis le cœur des critiques mais aussi celui du public (il s’est classé N°1 des charts en Angleterre, en Ecosse et dans leur pays d’origine). Leurs prestations scéniques d’une intensité sans pareil ont également mis tout le monde d’accord, à commencer par le Trix et l’Aéronef au printemps.
2. Wet Leg – « Wet Leg » (Domino)
Attendues au tournant suite aux deux imparables singles publiés l’an dernier (« Chaise Longue » et « Wet Dream »), Rhian Teasdale et Hester Chambers ont confirmé tout le bien que l’on pensait d’elles sur long format. Leur premier album est en effet parsemé d’hymnes poppy rafraîchissants aux textes espiègles un chouia féministes tout à fait assumés. Si elles ont déçu sur la scène du Grand Salon au Bota en mai, elles ont raflé tous les suffrages au Pukkelpop et dans la grande salle du Trix plus tard dans l’année. Prochaine étape ? La première partie de… Harry Styles à Werchter.
3. Peter Doherty & Frédéric Lo – « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » (Strap Originals)
Qui aurait encore misé un spliff sur l’ami Peter à l’aube d’une année qui allait notamment le voir embrasser le rayon nostalgie pour le vingtième anniversaire du premier album des Libertines ? Désormais clean et installé à Paris, il a rencontré un collaborateur de choix en la personne de Frédéric Lo, connu notamment pour son travail avec Daniel Darc. Enregistré entre la Normandie et la Ville Lumière, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » est une petite merveille truffée de compositions à l’orchestration raffinée et la voix nulle autre pareille de l’ex-enfant terrible des tabloïds anglais. Pour les amateurs, il a également publié sa biographie (« A Likely Lad ») cette année.
4. Madrugada – « Chimes At Midnight » (Madrugada Music)
Après la triomphale tournée de reformation en support du vingtième anniversaire d’« Industrial Silence », on se doutait que les Norvégiens n’allaient pas en rester là. Mais on n’aurait jamais imaginé un album d’une telle majestuosité treize ans après leur dernière production et leur séparation suite à la disparition du guitariste Robert Buras. Sivert Hoyem n’a rien perdu de sa voix caverneuse ni de son charisme, comme le démontrera sa prestation d’une incroyable intensité à l’AB pour ce qui restera notre concert de l’année.
5. Gus Englehorn – « Dungeon Master » (Secret City)
Notre coup de cœur de l’année, ni plus ni moins. Quasiment inconnu au moment de débarquer pour une tournée qui l’a notamment vu jouer par trois fois au festival Left Of The Dial à Rotterdam, il est reparti auréolé d’une réputation de singer-songwriter atypique mais ô combien attachant. Malgré un look improbable et une voix de personnage de dessin animé, il réussit à nous faire chavirer via des compositions spontanées instantanément mémorisables. Exercice your demons !
6. Yard Act – « The Overload » (Zen FC/Island)
Un des premiers albums publiés en 2022, l’essai des gaillards de Leeds s’est transformé en véritable triomphe. Sombre et glacial, certes, mais avec suffisamment d’humour que pour ne pas tomber dans la sinistrose ambiante. Et ce n’est pas un chanteur qui nous fait penser tant à Ed Sheeran qu’à Harry Potter qui nous contredira. Intenables sur scène, que ce soit au Club du Trix ou au Pukkelpop, il faudra compter avec eux et pourraient bien coiffer la couronne de Shame si ces derniers ne prennent pas garde.
7. Sea Power – « Everything Was Forever » (Golden Chariot)
Un changement de nom (ils ont laissé tomber le ‘British’ pour plusieurs raisons, le nationalisme galopant n’étant pas le moindre) n’a en rien altéré l’inspiration des natifs de Reading, dans le nord de l’Angleterre. On y retrouve en effet toujours ces arrangements délicats et ces reliefs délibérément catchy qui ont bâti leur réputation. Sans parler de la voix inimitable des frères Wilkinson. Seul bémol, ils ne tournent actuellement que dans leur pays d’origine…
8. Ditz – « The Great Regression » (Alcopop)
Autre groupe découvert au festival Left Of The Dial mais en 2021, Ditz fait partie de cette mouvance post-punk qui secoue le Royaume-Uni depuis quelques années maintenant. Originaires de Brighton, on les rangerait davantage dans la catégorie Idles et Gilla Band que Fontaines D.C. et Shame. « The Great Regression » regorge de titres à la fois extrêmes et accessibles, brouillons et mélodieux, prenants et urgents. Mais c’est sur scène qu’ils sont le plus convaincants, comme ils l’ont démontré aux Nuits du Bota et aux Leffingeleuren.
9. Black Country, New Road – « Ants From Up There » (Ninja Tune)
Sortie pile poil un an après leur excellent premier album (« For The First Time », un des meilleurs de 2021), cette deuxième plaque aux compositions aventureuses, complexes et lumineuses à la fois tient magnifiquement la route. Elles ne seront toutefois jamais jouées sur scène, le leader Isaac Wood ayant abandonné ses camarades quelques jours avant la sortie du disque. Ces derniers, lui laissant la porte ouverture, n’interpréteront dès lors que des nouveaux morceaux composés à six. Avec une certaine déception à la clé, notamment au Dour Festival. Et si c’était l’âme du groupe qui avait quitté le navire ?
10. Acid Tongue – « Arboretum » (Freakout)
Pour leur troisième album, le chevelu Guy Keltner et ses camarades ont fait appel à une tripotée de collaborateurs (Death Valley Girls, Calvin Love…) avec à la clé un résultat festif qui renvoie désormais davantage aux Strokes et à Springsteen qu’aux début d’Arctic Monkeys. Après deux passages au Chaff, il est temps de passer à la vitesse supérieure et de récolter ce qu’ils ont semé depuis tout ce temps.
Albums belges de l’année
1. The Haunted Youth – « Dawn Of The Freak » (Mayway)
Depuis sa victoire à De Nieuwe Lichting en 2021, le groupe emmené par Joachim Liebens n’en finit plus d’exploser. Rois du Afrekening de Studio Brussel avec « Gone », premières parties prestigieuses et surtout un public de plus en plus fervent qui les a suivis jusqu’à l’AB et la sortie officielle de cet excellent premier album en novembre dernier. La recette ? Des mélodies catchy, des arrangements lumineux et un sens inné du hit single. Sans oublier un look nous accompagnera encore à n’en point douter cette année. À propos, si vous n’avez pas encore votre ticket pour les Nuits du Bota, mieux vaut ne pas trop traîner.
2. Ada Oda – « Un Amore Debole » ([PIAS])
L’autre excellente surprise de 2022 a mis du temps à se mettre en place. On avait eu l’occasion de voir les premiers concerts du nouveau groupe de César Laloux (BRNS, Italian Boyfriend…) et de Victoria Barracato l’an dernier, notamment en support de The Cool Greenhouse au KulturA. Encore hésitant à l’époque, leur post-punk aux contours pop chanté en italien a particulièrement bien mûri et forment la base d’un excellent album, original, déroutant par moments mais réalisé avec un cœur grand comme ça.
3. Disorientations – « Memory Lanes » ([PIAS])
Si vous avez croisé par le passé Melting Time et Lagüna, vous êtes déjà familiarisés avec la voix ténébreuse de Niels Elsermans qui, avec ce nouveau projet incluant le batteur Tomas Serrien (ex-Melting Time lui aussi) et leur pote bassiste Lukas Van Camp, a trouvé le moyen de s’épanouir. Dark mais pas trop, new wave juste ce qu’il faut, leurs compositions suivent la voie tracée par les groupes précités, avec une conviction qui fait toute la différence.
4. Warhaus – « Ha Ha Heartbreak » ([PIAS])
Après avoir intensément tourné avec Balthazar ces quatre dernières années, Maarten Devoldere a décidé de réactiver son projet parallèle avec lequel il avait déjà défrayé la chronique en 2016 (« We Fucked A Flame Into Being ») et 2017 (« Warhaus »). Conçu dans la solitude à Palerme dans la foulée d’une rupture sentimentale, il touche la corde sensible grâce à la délicatesse de ses orchestrations, la sincérité d’une voix à fleur de peau et un groove dont son auteur a le secret.
5. La Jungle – Ephemeral Feast (Black Basset/Rockerill/À Tant Rêver du Roi/Stock)
Une année sans album de La Jungle, c’est comme une foire à Liège sans lacquemants. Impensable. Et ce n’est visiblement pas près de s’arrêter tant Jim et Roxie entretiennent le feu sacré. Ce cinquième album, plus travaillé et moins festif qu’à l’accoutumée, permet de s’immiscer dans leur for intérieur. Derrière les machines, il y a effectivement des êtres humains vulnérables et inquiets de la situation climato-écologico-sociétale actuelle. Attention, hein, cela dégomme toujours et, au vu de leurs récentes prestations live (leur environnement favori), rien ne devrait ébranler leur légendaire énergie.
Concerts de l’année
1. Madrugada (AB – 04.10)
2. Fontaines D.C. (Trix Zaal – 08.04)
3. Arab Strap (Trix Club – 07.11)
4. Driving Dead Girl (Os à Moelle – 11.03)
5. Yard Act (Trix Club – 13.06)
6. Peter Doherty & Frédéric Lo (Handelsbeurs – 11.05)
7. Viagra Boys (Bota Chapiteau – 06.05)
8. I Like Trains (Bota Rotonde – 30.10)
9. Whispering Sons (AB – 03.03)
10. An Pierlé ‘in het Frans’ (Ferme du Biéreau – 14.10)
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