DELAIN: release party de l’album « Apocalypse & Chill » à Utrecht
Passer sa soirée de Saint-Valentin au concert… Et pourquoi pas? D’autant que la formation néerlandaise Delain a organisé un super concert pour la sortie de son nouvel album.
À notre arrivée dans la splendide salle Ronda du Tivoli à Utrecht, il est déjà difficile de se frayer un chemin dans la foule dense. Juste le temps de préparer l’attirail du parfait photographe que déjà les petits jeunes de Blackbriar entament leur set. Cette formation de metal gothique/alternatif créée en 2012 par Zora Cock (chant), Rene Boxem (batterie) et Bart Winters (guitare) a été rapidement complétée par Frank Akkerman (basse), Robin Koezen (guitare) et Ruben Wijga (claviers). Choix étonnant de la part des organisateurs quand on sait que Blackbriar ne compte à son actif que quelques singles et trois EP (« Fractured Fairytales » sorti en 2017, « We’d Rather Burn » de 2018 et « Our Mortal Remains » de 2019). Nous avions eu l’occasion de les découvrir aux Battles du Female Metal Event il y a deux ou trois ans. Il semblerait que le groupe prépare actuellement son premier album sous la houlette de Joost van den Broek.
Après avoir ouvert sur le pas très joyeux « Mortal Remains« , Zora et les siens (ils sont quand même six sur scène) enchaîne avec un morceau un peu plus rythmé « Madwoman in the Attic« . Viennent ensuite « Arms of the Ocean« , « I’d Rather Burn« , « Stone Cold Body« , « Beautiful Delerium » et « Until Eternity« .
Tout le monde n’adhère visiblement pas à l’univers gothique sombre de Blackbriar. Un collègue d’un site néerlandais a même des mots très durs, accusant le groupe d’abuser des clichés du métal gothique et ironisant sur les choix vestimentaires et les capacités vocales de la chanteuse. Force est de reconnaître que Zora donne parfois l’impression de s’y croire et que son filet de voix a un côté lancinant qui peut agacer à la longue. Reste que les morceaux sont construits et que l’on sent qu’il y a du travail derrière. Même si les musiciens sont irréprochables, on aurait pu s’attendre à un groupe musicalement plus mûr en ouverture d’un groupe comme Delain.
Les plus assidus de nos lecteurs auront déjà pu découvrir tout le bien que nous pension de l’album « Apocalypse & Chill » sorti le 7 février dernier. Nous avions aussi déjà pu découvrir certains nouveaux titres en live lors du concert de la « Master of Destiny Tour » à la Rockhal à Luxembourg. La soirée s’annonçait donc festive et elle aura tenu toutes ses promesses !
Dès la fin de l’intro préenregistrée, le groupe fondé par le claviériste-compositeur Martijn Westerholt investit la scène du Tivoli : Joey de Boer bien installé derrière ses fûts donne le rythme sur la basse d’Otto Schimmelpenninck et la guitare du génial Timo Somers, le tout agrémenté par les nappes synthétiques de Martijn. Bref, le décor musical est planté pour accueillir la Valentine de la soirée: la sémillante Charlotte Wessels, visiblement ravie de jouer dans sa bonne ville d’Utrecht devant un public venu d’un peu partout pour l’occasion (certains fans n’ont pas hésité à prendre l’avion pour être de la fête).
La setlist commence par deux extraits du nouvel album: “Burning Bridges” et « Creatures« , un des joyaux du dernier album que Charlotte annonce erronément comme étant «The Glory and the Scum» (extrait de l’album «Moonbathers» de 2016) qui sera en réalité le troisième titre de la soirée. Mais il en faut bien plus pour la déstabiliser et la soirée continue en mode festif avec le très dansant “Suckerpunch” (2016) que la salle s’empresse de reprendre en choeur avec le groupe.
On reste sur le même album avec le nostalgique “The Hurricane“ (2016) avant de remonter en 2009 avec « April Rain« , le morceau qui a donné son nom au deuxième album de la formation batave. Après cette bien agréable digression, retour à l’actualité du jour avec trois extraits d' »Apocalypse & Chill« : le sublime “Masters of Destiny“ (même si la voix de Charlotte sur ce morceau nous a paru un peu moins impressionnante que lors du concert de la Rockhal), “Let’s Dance” (tout est dit dans le titre), qui permet au public d’Utrecht de montrer encore ses talents de chanteur et l’excellent duo “One Second” tellement marqué de l’empreinte de Timo.
La fête ne serait pas totale sans la présence d’invités. Les deux morceaux qui suivent sont toujours extraits du nouvel opus. Pour le premier, « Ghost House Heart« , Delain a invité sur scène la violoncelliste Elianne Anemaat qui a déjà accompagné le groupe sur scène dans le passé. Il faut dire que la combinaison violoncelle-piano fait merveille dans cette composition à l’ambiance si particulière que nous avons filmée pour l’occasion:
Autre surprise avec le titre « Vengeance« , qui est interprété en live pour la toute première fois et avec la participation de Yannis Papadopoulos (chanteur de Beast in Black).
Il est temps à présent de prendre une respiration avec l’instrumental qui clôt l’album, “Combustion“ qui permet à Timo et Joey d’exprimer toute leur virtuosité respectivement à la guitare et à la batterie, tantôt en duo, tantôt en solo dans cette passionnante compo.
Retour en scène de l’équipe au grand complet sur l’instrumental « The Monarch » en prélude à un mémorable “Hands of Gold” (2015) grâce à la participation de l’excellent George Oosthoek, ce chanteur à la voix extrême qui fait également partie des proches du clan delainien. S’il y a bien un morceau qui est devenu un incontournable en live, c’est le magnifique “Not Enough” (2012), qui commence sur un rythme entraînant pour finir dans l’émotion avec un chant éthéré.
Reprise des hostilités avec le très dansant “Don’t Let Go” (2014) suivi du cultissime “The Gathering” (extrait du premier album, “Lucidity“, de 2006) et du brûlant “Fire with Fire” (2016). George Oosthoek et Elianne Anemaat viennent rejoindre Delain sur scène pour le grand classique « Pristine » (2006). Devant l’enthousiasme du public qui en réclame encore, Charlotte et les siens en remettent une couche avec « We Had Everything » avant de conclure avec l’hymne qui restera à jamais la devise du groupe : “We Are the Others” (2012).
L’histoire d’amour entre le public et Delain dure depuis déjà plus de 15 ans et ce concert spécial donné à l’occasion de la sortie du nouvel opus n’a fait que renforcer ces liens très forts entre les artistes et leurs fans. Le groupe a tout donné pour que la fête soit réussie. Otto a été magistral à la basse et à la voix extrême, Timo a montré, si c’était encore nécessaire, qu’outre son talent de virtuose de la guitare, c’est aussi un très bon chanteur (et pas uniquement dans les choeurs). Joey semble avoir bien trouvé sa place et assène les notes de batterie comme autant de coups de poings. Quant à Martijn, il avait l’air heureux de voir ses nouvelles créations recevoir un accueil enthousiaste d’un public qui, en une semaine à peine, avait déjà appris les textes des chansons. Et puis il y a Charlotte, personnalité attachante et charismatique, mais aussi grande voix, qui est pour beaucoup dans le rayonnement du groupe.
Bref, tout le monde a l’air de s’être vraiment bien amusé, tant sur scène que dans la salle. Que demander de plus pour cette Saint-Valentin ?
Pour info, Delain sera en concert au Durbuy Rock en avril et au Waregemse Metal Day en mai (voir notre agenda).
Galerie: Blackbriar | Delain
Accréditation : Peter Schaap (Professional Independent Music Promotion)
Article: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2020 Hugues Timmermans