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Water From Your Eyes, tears in heaven

Soirée faste ce jeudi 20 novembre au Botanique où trois des quatre salles en activité affichaient sold out ou presque. Malgré l’appel des vieux briscards des Young Gods et celui de la reine de la pop lo-fi suédoise Molly Nilsson, c’est à celui de Water From Your Eyes que l’on a répondu. Les New Yorkais d’adoption venaient présenter à la Rotonde leur récent nouvel album, « It’s A Beautiful Place ».

Une expression sans doute partagée par les membres de Silver Gore au moment d’entamer les soundchecks un peu plus tôt dans la journée. Parmi eux, une tête connue derrière la batterie, celle de Tash Keary, moitié rythmique de O.. Bien qu’elle ne fasse officiellement pas partie du projet, elle prendra tout de même à son compte la généreuse intro saccadée du set, parallèlement hantée par le clavier d’Ethan P. Flynn. Ce dernier attrapera ensuite sa guitare pour saluer l’arrivée de la vocaliste Ava Gore.

Celle-ci, sapée comme une joueuse de foot coiffée d’un fantaisiste bonnet canadien, jouera sur ses impressionnantes prouesses vocales. Tour à tour criarde, enlevée et désarmante, sa voix illustre à la perfection l’environnement pop assumé que jalonne les compositions du groupe. On pense à Kate Bush, Caroline Polachek ou Florence Welsh à l’aspect expérimental par moments déstabilisant mais toujours passionnant. Reste à peaufiner l’aspect visuel de la prestation.

Après une série d’albums plus ou moins confidentiels, l’étoile de Water From Your Eyes a commencé à briller à la suite de son passage chez Matador et la sortie d’« Everyone’s Crushed » en 2023. La chanteuse Rachel Brown et le guitariste Nate Amos ont depuis multiplié les scènes même si, en Belgique, ils n’ont foulé que celle du Sonic City en plus de leurs deux précédents passages au Botanique, en support de Wet Leg aux Nuits 2022 et au Witloof Bar l’année suivante.

Ils ont publié à la rentrée « It’s A Beautiful Place », un nouvel album qui élargit leur palette sonore, empruntant autant à Sonic Youth qu’à LCD Soundsystem (pour rester dans Big Apple). C’est d’ailleurs aux premiers nommés que l’on pensera à l’écoute de « Born 2 », titre d’intro percussif aux guitares nerveuses entamé après de longs instants de silence consécutifs à un souci technique qui ne perturbera toutefois pas les musiciens. Au contraire, la fluette Rachel, lunettes de soleil fixée sur le nez, prendra même la situation avec une certaine philosophie.

À sa droite, son compère Nate, casquette vissée sur le crâne, se lâchera déjà en décochant des riffs lancinants sur le déstructuré « Barley » et un aventureux « Out There » d’une urgence telle que son instrument couvrira par moments la voix de la miss. Avant que celle-ci ne reprenne la direction des opérations sur un « Life Signs » à deux vitesses judicieusement enchaîné dans la foulée. Deux musiciens de tournée complètent le line-up de la soirée, Bailey Wollowitz, batteur chevelu et Al Nardo, bassiste tatouée qui se dandinera en permanence de gauche à droite tel un automate.

Un début de set sans répit pour les spectateurs même si des moments de respiration s’invitent çà et là, comme sur la première partie de « Nights In Armor » où vision pop biaisée et surprenantes influences jazzy se percutent insidieusement. Mais que dire de ce glacial « Buy My Product » ponctué de punchlines avant qu’un « True Life » pour le moins crasseux ne vienne brouiller les pistes. Autant dire que l’on ne s’ennuie à aucun moment, la chanteuse venant par moments accompagner la bassiste dans ses pas de danse quand elle ne subtilise pas la gourde de ses partenaires.

Mis à part le coloré « Blood On The Dollar », la dernière partie du set s’orientera davantage vers le dancefloor, porté par les passages quasi drum‘n’bass et les riffs hypnotiques de « Quotations ». Mais que dire de la dinguerie « Playing Classics » que l’on dirait sortie du laboratoire DFA au milieu des années 2000 bardé d’une essentielle ligne de basse, point final d’un set principal peut-être un rien trop court. Malgré un rappel composé de l’unique « Track Five » dans une veine noisy électronique succédant à une extrapolation bluesy. Ou comment combiner un maximum d’influences en guise de conclusion.

SET-LIST
BORN 2
STRUCTURE
BARLEY
OUT THERE
LIFE SIGNS
NIGHTS IN ARMOR
BUY MY PRODUCT
TRUE LIFE
QUOTATIONS
IT’S A BEAUTIFUL PLACE
BLOOD ON THE DOLLAR
PLAYING CLASSICS

TRACK FIVE

Organisation : Botanique

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