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Un mardi gras au Bota avec HMLTD

Attendu depuis une éternité par la communauté indie, le premier album de HMLTD a enfin vu le jour début février. La déjantée troupe londonienne est passée par la Rotonde du Botanique pour y défendre « West Of Eden ».

Si les cinq lettres qui composent le nom du groupe se retrouvent dans le prénom de l’artiste choisie pour assurer la première partie, gageons que c’est davantage pour son univers singulier que Mathilde Fernandez a ouvert la soirée. Vêtue d’une combinaison de Robocop et maniant une épée dans la pénombre, elle scotchera d’emblée l’assemblée d’une voix lyrique assumée (en français) dans un environnement électro-gothique à la IAMX, en plus retenu toutefois.

Cela dit, lorsqu’elle ralentit le tempo, une certaine mélancolie s’installe au même titre que des parallèles avec celui de Kate Bush. D’autant qu’à l’instar de son illustre aînée, l’expression corporelle et la théâtralité prennent une place de choix. On la retrouvera ainsi à genoux, son épée en guise de guitare imaginaire ou occupant la scène d’une présence assurée. Seul bémol, cette voix particulière qui, à la longue, à tendance à lasser les non-initiés.

Formés en 2015, les Londoniens de HMLTD (pour Happy Meal Ltd) ont publié au fil des ans une tripotée de singles tout en se forgeant une sulfureuse réputation scénique. Sony les a même signés pour le EP « Hate Music Last Time Delete » en 2018 avant de les laisser tomber. « West Of Eden », leur premier album, est finalement sorti chez Lucky Number début février et constitue une des premières bonnes surprises de l’année. Il canalise en effet l’énergie des gaillards sans perdre l’essence de compositions majoritairement sculptées sur scène.

On le verra d’emblée avec « The West Is Dead » et « LOADED », les deux titres d’intro de la plaque et du concert, HMLTD est avant tout un groupe de scène. La basse claquante du flippant premier nommé et le groove du second (un futur hit indie) se dévoilent ainsi de puissante manière. Dans la foulée, ce sont les sonorités électroniques à la Kraftwerk de « Music » et le plutôt kitsch « Proxy Love » (on dirait une entrée allemande à l’Eurovision) qui élargiront leur spectre musical. Et ce n’était que le début…

Un coup d’œil sur scène car HMLTD, c’est aussi un fameux carnaval permanent. Outre le leader Henry Spychalski, sosie de Martin Gore qui débarquera en costume vert pomme la main gauche gantée de bleu, un des guitaristes a lui adopté le look de Nick Rhodes au début des années 80, moustache et maquillage prononcé en sus. Ceci dit, entre la combi blanche avec écharpe et cravate du claviériste, le béret et la veste militaire du second guitariste et le trench-coat du bassiste, on hésite à qui attribuer le prix du meilleur costume de la soirée.

Seul le batteur semble à première vue ne pas participer au concours même s’il terminera en singlet comme la plupart de ses camarades. Le leader ira même un cran plus loin car après avoir arboré une sorte de vareuse sous son veston, il s’exhibera torse nu. Intenable, il arpentera sans relâche la scène de la Rotonde, au point de finir par nous donner le tournis.

Retour au concert en tant que tel avec le condensé d’influences d’un groupe a l’éclectisme affolant, comme si les membres avaient grandi connectés sur un iPod invariablement programmé en mode aléatoire. « 149 » sera ainsi leur première incursion dans le monde du hip-hop, prolongé par cette surprenante (et réussie) cover du délicat « Closed On Sunday » de Kanye West. Entre les deux, « Blank Slate » prendra une coloration comédie musicale glam que le théâtral « Satan, Luella & I » aux contours inspirés de Dr Dre matchera aisément.

Un peu comme s’ils refusaient de se retrouver catalogués, ils poursuivront leurs détours insaisissables. Après la pop spatiale de « Mikey’s Song », « Flex » abordera la partie électro tribale chère à Die Antwoord alors que « Where’s Joanna? » renverra vers une danse folklorique débridée. Mais le sommet de la soirée sera sans doute atteint avec l’excellent « To The Door », genre de mélange improbable entre Johnny Cash, Ennio Morricone et The Garden (d’autres illuminés).

Le tout se bouclera sans rappel au son de « Stained » à l’angoissante rythmique pleine d’anticipation dont Ghinzu avait le secret. Sauf qu’ici, ils y ajoutent des beats infernaux ponctués de cris d’animaux via une voix trafiquée. Un beau foutoir sur scène pour un résumé parfait de la soirée…

SET-LIST
THE WEST IS DEAD
LOADED
MUSIC
PROXY LOVE
149
BLANK SLATE
CLOSED ON SUNDAY
SATAN, LUELLA & I
MIKEY’S SONG
DEATH DRIVE
FLEX
WHERE’S JOANNA?
THE BALLAD OF CALAMITY JANE
TO THE DOOR
STAINED

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