ArticlesConcerts

The year of Algiers

Un peu plus de deux ans après avoir sérieusement ébranlé le Witloof Bar du Botanique, Algiers a remis le couvert. Mais à la Rotonde cette fois. Franklin James Fisher et ses camarades sont venus y présenter « There Is No Year », leur troisième album.

Mais avant, place au support assuré par Esya, qui n’est autre que le projet perso de Ayse Hassan, la bassiste de Savages que l’on a récemment aperçue sur scène au sein de Blood Red Shoes. Ce soir, elle n’utilisera toutefois son instrument fétiche qu’à une seule occasion. Et encore, de manière très basique… C’était au terme d’un hypnotique morceau d’intro d’une dizaine de minutes aux surprenantes influences électro-industrielles.

Par la suite, seule derrière ses machines, elle nous emmènera au sein d’un univers expérimental dans lequel elle croise tour à tour Björk (cette voix limpide et envoûtante…), Kraftwerk et Four Tet. Le dernier titre, par exemple, pourrait être comparé à un extrait de « Post » produit par Kieran Hebden dans un studio Berlinois, l’urgence en plus. Avec les nombreux projets parallèles de ses membres, il risque d’être surprenant, le futur troisième album de Savages. Pour autant qu’il paraisse un jour…

En tout cas, celui d’Algiers, lui, est une réalité depuis la mi-janvier. Publié chez Matador comme les deux précédents, il poursuit l’exploration politico-contestataire chère à ses membres. Originaires d’Atlanta mais désormais basés entre New York et Londres, ils ont puisé leur inspiration dans les aventures de Trump et du Brexit. Musicalement, en revanche, il nécessite un peu plus d’attention…

Mais sur scène, les nouvelles compositions vont admirablement s’insérer dans la set-list, à l’instar de la plage d’intro qui sera également celle du concert. Entamé dans la pénombre si ce n’est la lueur de quatre néons rouges verticaux, « There Is No Year » verra les musiciens monter un par un sur scène et faire grimper l’intensité jusqu’à l’arrivée de l’ami Franklin et de sa solide voix. Dans la foulée du plus ancien « Old Girl », il attrapera sa guitare pour un crasseux « Void » (un imparable single isolé sorti l’an dernier) avant d’entamer au piano le gospel groovant et hanté « Dispossession ».

Un début de set bluffant qui laissera peu de place à la respiration, si l’on excepte « Unoccupied », sans doute la plus faible des nouvelles compositions. L’occasion de jeter un œil au personnel sur scène et de remarquer qu’aux côtés du guitariste (saxophoniste à ses heures) Lee Tesche, du bassiste (bidouilleur à ses heures) Ryan Mahan et du batteur (à temps plein) Matt Tong, on retrouve un quatrième larron. Une sorte d’homme à tout faire qui alternera tambourin, maracas, chœurs et s’occupera même du stand merchandising après le concert.

Juste après, « Animals » nous rappellera à l’ordre, boosté par une rythmique infernale et des parties de saxo hyper prenantes. Sans parler du leader dont la présence, la prestance et la communication (dans un français parfait, s’il vous plait) sont autant de cordes à un arc bien tendu. « We Can’t Be Found », un autre nouveau titre frais et très réussi introduira ensuite deux bombes de leur back catalogue, le flippant « Blood » et l’excellent « The Underside Of Power ».

C’est alors que les choses commenceront à se gâter ou en tout cas à prendre une direction pour le moins curieuse. Après une surprenante cover façon hypnotico-jazzy du « Liberation » de… OutKast et un vénère « Cry Of The Martyrs », le bassiste rentrera dans un trip qui conditionnera la fin de la soirée. Vêtu d’une sorte d’harnais bardé de chaînes, il se concentrera sur ses machines avant une danse maniérée qui aurait fait fureur dans un club gay New Yorkais en 1985. Bordéliques à souhait, « Cleveland » et « Hour Of The Furnaces » aux pointes électroniques boucleront le set principal entouré d’une tripotée de points d’interrogation.

Introduits par des bidouillages de plus en plus flippants, « Waiting For The Sound » entamera les rappels en réservant une explosion sonore retenue. Quoique celle-ci sera nettement plus franche sur le menaçant « Irony. Utility. Pretext. », gâchée toutefois par un bassiste de plus en plus énervant. Mais « Death March » dans la foulée synthétisera la seconde partie du set en forme de foutoir déstructuré. Finalement pas loin de la période trouble actuelle qui alimente leur vivier…

SET-LIST
THERE IS NO YEAR
OLD GIRL
VOID
DISPOSSESSION
UNOCCUPIED
ANIMALS
WE CAN’T BE FOUND
BLOOD
THE UNDERSIDE OF POWER
LIBERATION
CRY OF THE MARTYRS
WALK LIKE A PANTHER
CLEVELAND
HOUR OF THE FURNACES

WAIT FOR THE SOUND
IRONY. UTILITY. PRETEXT.
DEATH MARCH

Laisser un commentaire

Music In Belgium