The seduction of Priests
Vingt-quatre heures après la démonstration Crack Cloud, le Witloof Bar du Botanique accueillait Priests, d’autres furieux personnages à l’énergie débordante. Les natifs de Washington DC y ont défendu « The Seduction Of Kansas », leur deuxième album publié tout récemment.
Plus subtil (la patte de Jon Congleton à la production n’y est sans doute étrangère), il conserve toutefois la rage et la spontanéité qui avaient fait de « Nothing Feels Natural » un des albums de l’année 2017 aux yeux de la presse musicale spécialisée. S’ils s’étaient déjà produits à Gand, Liège et Anvers, il s’agissait de leur première visite dans la capitale. L’occasion pour la batteuse Daniele Daniele de pratiquer son français et d’apprendre de nouveaux mots de manière phonétique (on ira tout de même lui dire après le concert qu’accordader n’existe pas…).
Une batteuse qui échangera son rôle avec la chanteuse Katie Alice Greer au milieu du set pour « I’m Clean » et « 68 Screen », deux compositions glaciales aux arrangements moins vénères en apparence. Cette dernière se contentait simplement d’actionner une batterie électronique préprogrammée entre deux chœurs désintéressés. À vrai dire, on la préfère sur le devant de la scène, et pas seulement à cause de sa robe bustier sexy en vinyle jaune, ses jarretières et ses bottillons rouges ou sa coiffure blonde à la Madonna circa 1986.
En effet, sa voix rauque un chouia énervée et sa présence sur scène font d’elle une frontwoman de première catégorie. À sa droite, l’imposant guitariste G.L. Jaguar sait comment se rendre indispensable via des riffs entêtants qui renvoient souvent vers The Cure. Seule la discrète bassiste reste en retrait, à l’ombre d’une colonne. À sa décharge, elle remplace Taylor Mullitz et ne fait officiellement pas partie du line-up. Cela ne l’empêchera toutefois pas de distiller des parties prenantes qui culmineront sur l’excellente plage titulaire du nouvel album.
Pour le reste, outre les bombes de « Nothing Feels Natural » (« Pink White House » d’entrée de jeu, l’hypnotique « No Big Bang » chanté par la batteuse depuis son kit) et une impeccable cover du « Mother » de Danzig, ce sont les multiples facettes des nouveaux titres qui se tailleront la part du lion. On pense à Blondie ou aux Yeah Yeah Yeahs qui auraient traîné dans les clubs de Manchester plutôt que ceux de New York (« Good Time Charlie », « Texas Instruments ») mais le mouvement Riot Grrrl n’est jamais très loin non plus (« Control Freak », le tribal « Carol » inauguré ce soir en live). Quand ce ne sont pas les deux influences qui se percutent, à l’instar du final « Jesus’ Son » au tempérament musclé. « I think I’m gonna hurt someone », hurle Katie. Mieux vaut la prendre au sérieux…