Temples version psyché-glam
La troisième fois aura été la bonne pour Temples qui ont finalement rempli l’Orangerie du Botanique après deux tentatives infructueuses. Ils sont venus y présenter leur dernier album, « Hot Motion », pour un plongeon au cœur des seventies.
Un album qui, avouons-le, a du mal à rivaliser avec la bombe psyché qu’était « Sun Structures » (élu Album of the Year par Rough Trade en 2014) et celle, nettement plus colorée baptisée « Volcano » trois ans plus tard. En effet, on a l’impression que les natifs de Kettering ont tout misé sur le versant pop et surproduit de Tame Impala sans le génie de Kevin Parker pour baliser les contours. La presse musicale n’a pas été tendre avec eux alors que d’un point de vue commercial, « Hot Motion » a même loupé d’une marche le top 50 britannique.
Il en faut toutefois plus pour décourager James Bagshaw et ses acolytes qui monteront sur scène la rage au ventre et feront d’emblée taire les critiques via « The Howl », l’impeccable titre d’intro. Enfin, lors du second essai après avoir stoppé net la version initiale. Un souci de basse, apparemment, qui les motivera à se surpasser davantage par la suite. Le succulent « Certainty » et l’hypnotisant « A Question Isn’t Answered », plus « Kashmir » que jamais, seront ainsi autant d’essais transformés dans la foulée.
Si visuellement il ne se passe pas grand-chose (il faudra attendre le bien nommé « Colours To Life » après une bonne vingtaine de minutes pour voir apparaître des spots lumineux), le spectacle est ailleurs. Et plus particulièrement sur le dos des musiciens qui ont redoublé d’efforts pour dégoter sur une brocante ou dans la garde-robe de leurs (grands-)parents le costume le plus kitsch possible. Entre le complet rose à pattes d’eph du chanteur et la chemise noire scintillante du bassiste un rien poseur, le semi-polar semi-gilet du V-guitariste fera sensation. Et on ne vous parle pas de la veste léopard d’un batteur que l’on dirait sorti tout droit d’un clip de The Sweet ou de Slade.
À ce propos, certains extraits du nouvel album se retrouvent façonnés dans un moule bien plus glam que psyché. On pense notamment à « Holy Horses » agrémenté d’une pseudo chorégraphie digne de Top Of The Pops en 1974 ou au ringard « The Beam », quelque part entre… Willy Sommers et ABBA. Mais le final enlevé de « You’re Either On Something », la vision poppy de « Context » ou la voix plaintive de l’efficace plage titulaire rattraperont aisément ces égarements isolés.
Un ressenti autrement plus consistant sur scène que sur disque donc, même si le groupe avait inconsciemment placé la barre très (trop ?) haut au travers de ce premier album d’anthologie dont les compositions sortent invariablement du lot. Ce soir, le synthé arabisant de « The Golden Throne » (joué de main de maître par le guitariste) et la vibe sixties de « Keep In The Dark » feront sans surprise le boulot. Mais le sommet sera atteint au travers de l’épique « Shelter Song » en final du set principal, aussi rafraîchissant qu’à la première écoute.
À leur place, on aurait agencé les rappels d’une manière un rien différente. En effet, plutôt que d’allonger à outrance « Mesmerize » via un break à la Doors que The Horrors sont les seuls à rendre intéressant, on l’aurait réduit à sa plus simple expression et balancé ensuite l’excellent « Test Of Time » à une Orangerie particulièrement réceptive. Mais bien entendu, depuis le public, tout paraît beaucoup plus simple…
Pour l’anecdote, une fois n’est pas coutume, on a pris la liberté d’échanger la première partie signée Anni B Sweet contre un de nos coups de cœur du moment, Anna Ternheim, qui se produisait quelques dizaines de mètres plus loin, à la Rotonde. Compte-rendu à lire prochainement dans nos colonnes.