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Sylvie Kreusch, the walk (walk) of fame

Sorti voici pourtant bien plus d’un an, « Montbray », l’excellent premier album de Sylvie Kreusch, n’en finit pas de se dévoiler. L’artiste anversoise aux multiples facettes était de passage dans une AB pleine comme un œuf pour l’une de ses dernières dates en salle avant de filer en studio pour enregistrer son successeur.

Comme la veille à De Kreun, c’est Adrien Cassignol aka Ryder The Eagle qui assurait la première partie, coincé entre l’immense rideau de velours à l’avant de la scène et le bord de celle-ci. Un espace à peine suffisant pour y caler le piano vintage de l’organiste accompagnant le Français installé à Mexico City. Romantique à souhait, il prétend avoir fondé la secte de l’Amour et nous racontera son histoire de Cendrillon des temps modernes impliquant sa nouvelle compagne Eloise, présente dans la salle, et une paire de santiags. Avant de se lancer dans une chanson dédiée à son attention et de terminer à ses côtés au milieu du public.

Délicieusement désuètes à l’instar de son accoutrement (sa chemise à volant moyenâgeuse valait le déplacement), ses compositions interprétées d’une voix crooner aux contours new wave tapent dans le mille. « What Is Love », par exemple, portée par des nappes hypnotiques presque cheap et des chœurs pré-enregistrés a tout pour partir en vrille mais tient parfaitement la route. Ajoutez-y ci et là des parties de saxophone, d’harmonica et de guitares bien senties et vous aurez tous les ingrédients d’un show admirablement ficelé. À un détail près : le timing. Exit donc le dernier morceau et à peine le temps de saluer le public pendant que les roadies emportaient déjà les amplis.

Cela fait un moment que Sylvie Kreusch fait partie du paysage musical belge. D’abord comme chanteuse de Soldier’s Heart, lauréat de la première édition du Nieuwe Lichting de Studio Brussel en 2013. Ensuite comme seconde voix au sein de Warhaus (Maarten Devoldere a même baptisé un extrait de Warhaus du nom de la belle). Mais la consécration arrive lorsque l’irrésistible « Walk Walk », single extrait de son premier album solo, « Montbray », caracole en tête du Afrekening début 2022.

On avait déjà eu l’occasion de la voir à l’œuvre en formule festival au Little Waves et à Dour l’an dernier mais la vision proposée ce soir ajoute une dose de spectacle à l’équation. Comme on l’a vu plus haut, on ne badine pas avec les horaires à l’AB et à 21h tapantes, le rideau se lève pour laisser place à un groupe déjà en action sur scène. Un voile blanc sépare toutefois encore le public des musiciens. Un rideau qui fait office d’écran et sur lequel seront diffusées les images d’une caméra qui les filme en pleine action et en noir et blanc. L’expression du visage de la chanteuse au regard troublant se voit ainsi amplifié pendant un « Falling High » à l’intensité démesurée.

Une fois le voile levé, la couleur reprend ses droits et l’ensemble sombre de la chanteuse actuellement perchée sur un podium à gauche de la scène vire vers le bordeaux satiné. Comme la robe d’un grand cru, les extraits de « Montbray » se bonifient au fur et à mesure des mois qui passent. « Haunting Melody » et surtout un envoûtant « Wild Love » dans la foulée démontreront à quel point le traitement live des morceaux leur rend justice. Les musiciens présents sur scène n’y sont pas étrangers, à commencer par deux élégantes choristes qui se partagent également les claviers et la basse. Devant elles, un percussionniste aux multiples ustensiles (dont une sorte de volant sportif métallique) fera forte impression aux côtés d’un guitariste et d’un batteur chevronnés.

Le très langoureux « Shangri-La » sur lequel les comparaisons avec l’univers de Lana Del Rey s’avèreront justifiées constituera le premier sommet d’une soirée qui prendra ensuite une direction saccadée sur « Seedy Tricks ». Ce premier single datant de 2018, complètement réarrangé, n’est pas loin de surpasser l’ensemble de la set-list, même si le poppy « Girls » mettra cette parole en doute quelques instants plus tard. Intenable, elle contournera plus d’une fois les musiciens, disparaissant littéralement derrière la scène tout en régalant la galerie via d’ensorcelants pas de danse.

Nous n’étions pas au terme de nos surprises car le légendaire Mattias De Craene débarquera ensuite, saxophone autour du cou, pour un prenant « All Of Me » (qu’il illumine déjà sur la version studio) et un rêveur « Belle » à l’intensité retenue. Tout le contraire de « Let It Burn » qui la verra user et abuser de poses suggestives, laissant apparaître de hautes bottes noires sous son ample combinaison. Mais que dire de cette version aérienne et soutenue du « Midnight Cowboy » de John Barry en hommage à Toots Thielemans (qui joue de l’harmonica sur la BO originale de 1969), à deux doigts de nous faire perdre la raison. Moment choisi pour balancer « Walk Walk » qui mettra sans surprise l’AB sens dessus dessous.

L’excellent « Just A Touch Away », chanté depuis le podium, mettra en avant percussions tribales et stroboscopes aveuglants avant que l’ami Mattias et son saxophone ne reviennent pour un « Please To Devon » aux chœurs affolants, point final d’un fulgurant set principal.

Les musiciens remonteront sur scène pour un ultime baroud d’honneur via « Who Will Fall (Here Into My Arms) » en crescendo. La tombée du voile-écran et le retour des caméras nous emmèneront ensuite dans les entrailles de l’AB, au bout d’un couloir où les attendait une bouteille de Champagne. Du show, certes, mais qu’attendre d’autre d’une habituée des défilés de mode et de la Fashion Week en dehors de ses activités de chanteuse ?

SET-LIST
FALLING HIGH
HAUNTING MELODY
WILD LOVE
SHANGRI-LA
SEEDY TRICKS
GIRLS
ALL OF ME
BELLE
LET IT ALL BURN
MIDNIGHT COWBOY
WALK WALK
JUST A TOUCH AWAY
PLEASE TO DEVON

WHO WILL FALL (HERE INTO MY ARMS)

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