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Supergrass, The Strange Ones are back

Dix ans après avoir quitté le milieu sur la pointe des pieds, Supergrass y revient en force et en forme. En tout cas, la grande salle de l’AB bouillonnait au moment d’accueillir Gaz Coombes et ses sbires dans le cadre d’une tournée de reformation en support d’une compile publiée tout récemment.

Une fois n’est pas coutume, nous passerons sous silence la première partie. Non pas que The Tambles n’en valaient pas la peine mais au moment où ils foulaient la scène, nous terminions de boire les paroles de Paul-Henri Wauters lors de la conférence de presse des prochaines Nuits du Bota. D’après les personnes présentes dans la salle, les débuts des Strokes et des Kings Of Leon avec un sérieux penchant sixties font partie des influences majeures de ce quatuor originaire de… Gouda. Better luck next time.

C’est aux Ardentes en 2009 que les gaillards de Supergrass ont donné leur dernier concert belge avant de se séparer quelques mois plus tard, minés par des tensions internes devenues irréconciliables. Par la suite, Gaz Coombes a entamé une fructueuse carrière solo qui culminera en 2015 avec « Matador », raflant une nomination au Mercury Music Prize entre deux concerts au Botanique (en février et en novembre). Le batteur Danny Goffey a quant à lui œuvré sous le pseudo Vangoffey, le bassiste Mick Quinn a entre autres tourné et enregistré avec Swervedriver alors que le claviériste Rob Coombes s’est laissé vivre…

L’an dernier, ils se sont rabibochés et ont décidé de reprendre l’aventure mais pas nécessairement là où elle s’était terminée. Comprenez qu’il n’était aucunement question de retourner en studio mais simplement de capitaliser sur le matériel existant. Pour légitimiser leur décision, ils ont mis sur le marché une compilation déclinée en plusieurs versions dont un box exhaustif en 13 CD, 6 vinyles et un 7inch comprenant une tripotée d’inédits, de versions rares et de sessions live. Baptisée « The Strange Ones », du nom d’un extrait de leur premier album mais également des paroles d’« I’d Like To Know » qui ouvre celui-ci (« I’d like to know where all the strange ones go »), il rend justice à une carrière remarquable.

Une version particulièrement musclée de ce titre arrivera d’ailleurs très tôt dans un set démarré pied au plancher, entre un convaincant « In It For The Money » (les mauvaises langues feront un rapprochement avec leur démarche actuelle…) et un solide « Diamond Hoo Ha Man ». Celui-ci sera l’un des deux extraits de leur chant du cygne de 2008 joués ce soir, l’autre étant « Bad Blood » lors des rappels. Seul « Life On Other Planets », leur première plaque du nouveau millénaire, sera moins bien représentée avec le seul « Grace » au programme.

Le groupe joue devant un immense drapeau de leur fameux logo où la silhouette des membres chaussés de platform boots et de pattes d’eph semblent danser la disco devant une sorte de boule à facette en forme de vaisseau spatial. Gaz, barbu et coiffé de son traditionnel chapeau, semble prendre un certain plaisir à se replonger dans son passé (il était le plus réfractaire au projet) tout comme Mick aux inamovibles lunettes de soleil et l’éternellement young looking Danny rayonnant derrière ses fûts. Seul Rob a du mal à cacher son ennui pendant certains titres, comme sur « Lenny » en fin de set. À sa décharge, il n’a officiellement intégré le groupe qu’au début des années 2000.

Malgré tout, ses claviers façon orgue Hammond vont se révéler essentiels, particulièrement sur « Mary » et l’imparable « Sun Hits The Sky ». Au rayon des titres les plus réussis, pointons l’excellent « Late In The Day » à l’interlude nettement plus prenant que celui qui aurait dû magnifier « Moving » un peu plus tôt. Mais également « Richard III » et « Lose It » aux versions délicieusement rageuses alors que « She’s So Loose » constituera un des sommets de la soirée. Sans surprise, « Alright » cartonnera pour le plus grand plaisir de l’assemblée qui en profitera pour pogoter car rappelons qu’il s’agissait de leur « Creep » à eux qu’ils refuseront de jouer pendant de nombreuses années.

Ceci dit, ils n’oublient pas de ralentir le tempo et le set sera d’ailleurs intelligemment scindé en trois parties (hors rappels) que des titres de « Road To Rouen », leur album le plus atypique, délimiteront. Si la sensibilité à fleur de peau de « Low C » se dévoilera, on aurait préféré le délicat « St. Petersburg » à un « Fin » plutôt hors-propos. Il s’agira là du seul bémol d’une soirée bouclée en apothéose via un excellent « Pumping On Your Stereo ».

Les rappels seront entamés en trio par un décoiffant « Caught By The Fuzz » (leur premier single en 1994) avant le précité « Bad Blood ». Ils avaient prévenu qu’ils ne puiseraient que dans leur back catalogue, ils tiendront parole. Même si « Strange Ones » ponctuera pertinemment le set, on aurait bien voulu entendre en live un des inédits du box, « Out Of The Blue », titre de 1999 planifié pour une sortie en single mais finalement jamais publié. Néanmoins, cette petite soirée nostalgie a fait du bien…

SET_LIST
IN IT FOR THE MONEY
I’D LIKE TO KNOW
DIAMOND HOO HA MAN
MARY
MOVING
TIME
MANSIZE ROOSTER
FIN
LATE IN THE DAY
RICHARD III
GOING OUT
LOW C
LOSE IT
SHE’S SO LOOSE
GRACE
ALRIGHT
SUN HITS THE SKY
LENNY
PUMPING ON YOUR STEREO

CAUGHT BY THE FUZZ
BAD BLOOD
STRANGE ONES

Photo © 2020 Christophe Dehousse

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