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Soulwax soudsystem never lies

Une trentaine d’années après leurs débuts, les frères Dewaele maintiennent magistralement le cap d’un vaisseau Soulwax plus pertinent que jamais. Pour preuve, « All Systems Are Lying », leur très réussi dernier album, se profile comme un des sommets de leur carrière. Une tendance confirmée par trois dates archi sold out aux Halles de Schaerbeek.

Un endroit qu’ils connaissent bien pour y avoir joué voici vingt ans sous la bannière Soulwax Nite Versions. Une suite logique empruntée dans la foulée d’« Any Minute Now », sans doute le dernier album de Soulwax sur lequel on retrouve des guitares. Celles-ci se mariaient alors habilement aux influences électroniques en passe de devenir leur terrain de jeu favori. Depuis, ils ont notamment fondé leur propre label (Deewee) sur lequel la crème de la nouvelle génération s’épanouit, ont brillamment illustré Belgica, l’excellent film de Felix Van Groeningen et poursuivi leur exploration d’une scène en perpétuelle évolution.

Depuis les tournées en support de « From Deewee » en 2017, le line-up de Soulwax inclut trois batteries et ce sont elles qui vont s’activer en crescendo dès l’extinction des feux. Disposés en hauteur dans autant de structures accessibles via une escabelle, Igor Cavalera (ex-Sepultura), Aurora Bennett (ex-Slant) et Blake Davies (Turbowolf) rythmeront ainsi la soirée sur leur kit respectif et emmèneront déjà « Hot Like Sahara », le titre d’intro, dans une transe qui ne redescendra qu’à de très rares occasions.

Sur scène, Stephen Dewaele, dont le micro vintage fait toujours autant sensation, assure la majorité des vocaux au milieu de breaks sonores, parfaitement secondé par les chœurs de Laima Leyton. Cette dernière prendra quelques parties à son compte et tirera son épingle du jeu en conférant par exemple une urgence à « All Systems Are Lying » ou en revisitant « E-Talking » en toute fin de set, par ailleurs judicieusement fondu au « Moskow Diskow » de Telex.

Revisiter semble d’ailleurs le terme approprié pour caractériser le set de ce soir. Les distorsions émaillant « KracK » font désormais place à des nappes synthétiques hypnotiques quasi sans paroles, « Another Excuse » se voit transformé en compétition tribale alors que « Miserable Girl » gagne en intensité ce qu’il perd en rugosité. Des extrapolations rendues possibles par l’utilisation des quatre immenses consoles aux boutons géants que les musiciens, David Dewaele et son frère en tête, actionnent avec dextérité.

Tout à coup, une voix off explique le fonctionnement de ces appareils appelés ‘controllers’ et nous permet d’en découvrir les possibilités techniques infinies. Celles-ci seront instantanément mises en pratique sur « I Love Techno », quelque part entre Kraftwerk et les Chemical Brothers au Fuse, subtilement mixé à l’imparable « Run Free » qui avait annoncé en grandes pompes « All Systems Are Lying » l’été dernier.

Cet album sera généreusement exploré tout au long d’un set sans temps mort, les titres s’enchaînant aux autres à la manière d’une prestation des 2manydjs. Pointons pêle-mêle un entêtant « Polaris », un mélodieux « Pills And People Gone » et un assourdissant « New Earth Time », dû à la complémentarité des batteurs perchés. Sans oublier le carré « Idiots In Love » agrémenté de la basse de Stefaan Van Leuven et du xylophone vertical futuriste de la choriste. Un album sur lequel, à l’inverse des précédents, la structure des morceaux se veut plus traditionnelle, comme le montrera également un authentique « Gimme A Reason ».

Cela dit, ce sont les extraits les plus percussifs qui déchaîneront des spectateurs n’hésitant pas à manifester bruyamment leur satisfaction sur les puissants « Do You Want To Get Into Trouble » et « Is It Always Binary » mis en valeur par d’éblouissants jeux de lumières. L’inédit « Coronet » en mode disco EBM et des bribes de remixes ou de collaborations avec d’autres artistes (Marie Davidson, Chloë Sevigny) complétant la collection de curiosités.

Si l’incontournable « NY Excuse » bouclera sans surprise le set principal sur une explosion à peine contrôlée, les rappels manqueront le KO tant attendu, sans doute expédiés pour cause de couvre-feu imminent. Malgré tout, « The False Economy », ultime nouveau titre lorgnant vers LCD Soundsystem (qui, pour l’anecdote, avait ouvert cette fameuse soirée de décembre 2005) d’un côté et « Conversation Intercom » (seule incursion de la soirée dans les nineties) revu et corrigé de l’autre en auraient fait pâlir plus d’un. Un retour aux Halles plutôt réussi.

SET-LIST
INTRO
HOT LIKE SAHARA
KRACK
CORONET
DO YOU WANT TO GET INTO TROUBLE
IS IT ALWAYS BINARY
POLARIS
HEAVEN SCENT
I LOVE TECHNO
RUN FREE
WHAT YOU GOT
IDIOTS IN LOVE
PILLS AND PEOPLE GONE
NEW EARTH TIME
MEANWHILE ON THE CONTINENT
ANOTHER EXCUSE
ALL SYSTEMS ARE LYING
GIMME A REASON
MISERABLE GIRL
E-TALKING / MOSKOW DISKOW
NY EXCUSE

THE FALSE ECONOMY
CONVERSATION INTERCOM

Organisation : Live Nation

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