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Soulwax, Essential as ever

Sans actualité récente ou presque, Soulwax a rempli quatre fois la grande salle de l’AB d’un coup de baguette magique. Les frères Dewaele ont réactivé la machine qui les a propulsés sur le devant de la scène à la fin des années 90. Une machine tentaculaire et en perpétuelle évolution…

En effet, sans eux, pas de 2manydjs, de Radio Soulwax, de Deewee (leur influent label) ni de Charlotte Adigéry & Bolis Pupul. Pas plus que de Belgica, l’excellent film signé Felix van Groeningen dont ils ont composé la B.O. en poussant le délire jusqu’à former des groupes fictifs pour l’occasion. Cela dit, ces derniers temps, ils ont plutôt enfilé leur costume de producteurs (Hot Chip) ou de remixeurs (Fontaines D.C., Wet Leg).

L’annonce d’une tournée européenne avait donc de quoi surprendre et son succès a de loin surpassé les attentes les plus folles. Au départ, une seule date était ainsi prévue à l’AB avant d’être doublée, puis triplée en moins d’une heure. La quatrième arrivant plus tard tout en rencontrant le même engouement (pour info, il s’agit de celle relatée dans le présent article). Un engouement partagé à travers l’Europe puisque c’est à guichets fermés que le groupe s’est produit depuis le coup d’envoi au Paradiso d’Amsterdam mi-janvier.

Il nous restait à découvrir la ligne directrice choisie pour l’occasion. Ressortir les guitares pour le quart de siècle de « Much Against Everyone’s Advice » et les vingt ans d’« Any Minute Now » ou poursuivre dans la veine franchement electro d’« Essential », leur dernier album en date sorti en 2018 ? Vu leur réputation d’invariablement se tourner vers l’avenir plutôt que de regarder dans le rétroviseur, la seconde option apparaissait la plus crédible et allait d’ailleurs rapidement se confirmer.

Ce sont même deux nouveaux titres qui lanceront les festivités. Bourré de nappes synthétiques, « Hot Like Sahara » permettra à Stephen Dewaele et Laima Leyton de déjà se démarquer. Le premier en parfaite union anachronique avec son micro vintage, la seconde en délicate seconde voix. Dans la foulée, « Idiots In Love » la verra manier un impressionnant xylophone vertical et transparent. De leur côté, la guitare de David Dewaele et la basse de Stefaan Van Leuven feront une rare apparition. En revanche, ils se produisent tous les quatre à proximité de claviers rehaussés d’un tableau garni d’énormes boutons qui, eux, seront maniés en permanence pour des effets bluffants à la clé.

Mais le clou du spectacle visuel se passe légèrement en retrait, à mi-hauteur de la scène, où sont perchés trois batteurs disposés côte à côte sur des échafaudages. Une formule surprenante qu’ils avaient déjà expérimentée sur la dernière tournée si ce n’est qu’ils officiaient à même le sol dans de petites aubettes. Ce soir, on ne peut pas les louper et ils participeront activement à la réussite d’un show millimétré, chacun dans leur style. Si celui des fidèles Igor Cavalera (ex-Sepultura) et Blake Davies (Turbowolf) est à leur image de massif tatoué, celui d’Aurora Bennett (ex-Slant qui remplace Victoria Smith) se veut plus retenu sans toutefois perdre en intensité. L’assourdissant « Is It Always Binary » démontrera notamment leur complémentarité alors que le foufou « The Singer Has Become A Deejay » mettra leur complicité en avant.

Retour sur scène où, un peu plus tôt, « Missing Wires » accompagnera la première montée en puissance de la soirée, bientôt suivi de « Polaris », un hypnotique nouveau titre loin de faire de la figuration. Ce sera également le cas de « New Earth Time » dans un style davantage laboratoire expérimental maîtrisé, à l’image de « Noah’s Ark ». Entre-temps, basse et guitare illumineront l’impeccable « Do You Want To Get Into Trouble? ». Des instruments utilisés avec parcimonie tout au long du set mais toujours de manière pertinente (« Miserable Girl », « E Talking » en mode Nite Versions).

Retenons encore un affolant « Here Come The Men In Suits » sur lequel les batteurs ne laisseront aucune chance aux tympans des imprudents. « Another Excuse » verra l’AB jumper à l’unisson alors qu’un « NY Excuse » plein d’anticipation finira par exploser et transformer l’AB en discothèque géante au milieu des cris du public. Un final en rouleur compresseur que le groupe aura bien du mal à surpasser lors des rappels.

En effet, ceux-ci seront entamés sur une version robotique et introspective de « Conversation Intercom », seul rescapé de « Much Against Everyone’s Advice ». Un album sur lequel, pour la petite histoire, on retrouve « Too Many DJ’s », un top 40 anglais déterminant pour la suite de leurs aventures extra-Soulwax. Celle d’« Accidents And Compliments », elle, lorgnera plutôt du côté de la trance mélodieuse du milieu des nineties, parsemée de flashes semi-stroboscopiques.

Après un mini break, le groupe reviendra pour « Goodnight Transmission », ultime livraison en deux parties distinctes. La première, sertie de beats hallucinants contrastant radicalement avec la seconde, faussement chill, malgré un sursaut aussi surprenant qu’inattendu en guise de conclusion. Un peu comme s’ils voulaient nous aider à atterrir en évitant le contre-coup du lundi matin. Part of the weekend never dies, comme ils disent…

SET-LIST
INTRO
HOT LIKE SAHARA
IDIOTS IN LOVE
MISSING WIRES
IS IT ALWAYS BINARY
KRACK
POLARIS
DO YOU WANT TO GET INTO TROUBLE?
THE SINGER HAS BECOME A DEEJAY
HERE COME THE MEN IN SUITS
NEW EARTH TIME
ANOTHER EXCUSE
NOAH’S ARK
MISERABLE GIRL
E TALKING
NY EXCUSE

CONVERSATION INTERCOM
ACCIDENTS AND COMPLIMENTS

GOODNIGHT TRANSMISSION

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