Que Vive La Fête !
Pour célébrer ses vingt-cinq ans de carrière, Vive La Fête a sorti un album live (« Live ») et repris la route. Après notamment le Reflektor en juin, les Lokerse Feesten en août et le Delta en novembre, Els Pynoo et Danny Mommens ont fait halte dans une grande salle de l’AB blindée de chez blindée.
Un concert de Vive La Fête reste un moment privilégié où brin de folie et excentricité s’épousent sur un dancefloor enflammé au son de bombes électro-pop calibrées. L’histoire commence à la fin des années 90 lorsque le couple bricole quelques démos qui aboutiront à un EP publié par le label Gantois Kinky Star. La particularité (ou devrions nous dire l’originalité) réside dans le choix de la langue. Peu de néerlandophones choisissent en effet de s’exprimer dans celle de Molière mais ce choix stratégique se montrera payant.
Si leurs deux premiers albums attirent gentiment l’attention, l’impeccable « Nuit Blanche » en 2003 les propulsera sur le devant de la scène internationale, emmené par une plage titulaire à l’efficacité jamais démentie. On en aura une nouvelle preuve en ouverture du set, explosion de tympans comprise. Un ouragan auquel une interminable intro en forme de valse ne nous avait pas préparés. Sans la moindre respiration, « Tokyo » allait ensuite alimenter un public chaud comme la braise.
Els Pynoo, pareille à elle-même, occupe le centre de la scène. Adepte de tenues affriolantes, elle a opté ce soir pour une sorte de corset prolongé par des collants jarretières alors que de longs gants ornés de lanières de cuir couvrent ses avant-bras. À sa droite, l’ami Danny, en veston, a le regard masqué par de longs cheveux noirs négligés. À l’instar des trois musiciens qui les accompagnent (un batteur torse nu depuis le début, un claviériste et un bassiste), il arbore un maquillage digne de Zorro à hauteur des yeux.
Le monde de la mode leur ouvre les bras au début des années 2000, ce qui leur inspirera (ou pas) « Schwarzkopf », autre moment fort du début d’un set marqué par un visuel inspiré et travaillé. Entre images 3D, faisceaux laser millimétrés et images d’archives (on voit notamment Els faire la bise à Karl Lagerfeld qui était un de leurs plus grands fans), le but est clairement d’emmener le public dans un trip VLF. D’autant que des séquences live sont injectées sur l’immense écran à l’arrière de la scène qui, en temps normal, arbore le logo du groupe sur lequel le ‘A’ du ‘La’ est remplacé par la silhouette de la chanteuse.
Une chanteuse qui vit son concert comme une séance d’aérobic, ne tenant jamais en place. Elle prend à son compte la majorité des vocaux mais les interventions de Danny apportent toujours un éclair situé quelque part entre éclair de génie et je-m’en-foutisme. Comme sur le spatial « Quatsch » et l’efficace « Machine Sublime » (« OK OK, ça va ! »). Ou encore lorsqu’il prend le lead sur « Everybody Hates Me », unique incursion anglaise du set, sertis de riffs à la Bloc Party. Il s’agit d’un des rares titres postérieurs à 2008, année de sortie de la compilation « Dix Ans De Fête » et fin du premier chapitre. Seuls « Titi » et un « Mots Bleus » librement inspiré de Christophe illustreront timidement le second ce soir.
Mais le plus savoureux dans cette histoire est d’entendre les néerlandophones s’égosiller en français. Les imparables « Touche Pas », « La Vérité » et « Assez » fonctionnent en partie grâce à une formule rôdée et des textes aisément mémorisables. À leur place, on aurait toutefois bouclé le set sur un autre titre que « Jaloux » même si c’est celui que Danny choisira pour enfin laisser tomber la veste et terminer le concert en chemise blanche classique.
La soirée n’était pas encore terminée pour autant car de généreux rappels s’apprêtaient à entretenir la sueur sur la piste. « Maquillage » et surtout « Noir Désir » (ce « Tais-toi, toi ta gueule ! » hurlé par les spectateurs…) amèneront sans forcer l’AB à ébullition. Avant qu’une impeccable cover du « Pop Corn » de Gershon Kingsley augmentés de visuels video games vintage ne lui donne un air plus 70s que nature. Ici aussi, on en serait resté là car « 2005 » et ses contours electroclash hypnotiques pâtiront du même syndrome extensible que la valse d’intro une heure trente plus tôt.
Cela dit, quand tout s’arrête, on n’a qu’une seule envie : que cela recommence. Rendez-vous donc le 3 février au Depot de Leuven et le 1er mars au Cactus de Brugge pour la suite des aventures. Et pour que la fête soit complète, une date dans ces eaux-là serait également programmée du côté de Charleroi…
SET-LIST
NUIT BLANCHE
TOKYO
SCHWARZKOPF
HOT SHOT
QUATSCH
LIBERTÉ
TITI
EXACTEMENT
MOTS BLEUS
TOUCHE PAS
MACHINE SUBLIME
EVERYBODY HATES ME
LA VÉRITÉ
ASSEZ
JALOUX
MAQUILLAGE
NOIR DÉSIR
POP CORN
2005