Picture of Blondshell
Apparue en toute fin de pandémie, Sabrina Teitelbaum aka Blondshell a rapidement fait l’unanimité autour de son excellent premier album. La Californienne était venue le défendre au Witloof Bar à l’époque et a depuis gagné en notoriété puisque c’est dans une Orangerie du Botanique quasi sold out qu’elle a présenté la suite de ses aventures discographiques.
Lors de leur premier passage dans le complexe de la rue Royale (en support de Soccer Mommy), les Luxembourgeois de Francis Of Delirium ont fait très fort en dégommant la vitre arrière de leur van. La cause ? Un ampli basse plutôt volumineux et un batteur un rien trop musclé. Rien de tout cela ce soir, le trio emmené par Jana Bahrich, genre de Mercredi au regard malicieux, a plutôt réservé sa hargne à un public acquis à sa cause. Oscillant quelque part entre les grands espaces de… Wednesday, la rugosité de Wolf Alice et la sincérité de Lucy Dacus, l’univers du groupe fédère littéralement. Seul bémol, un bassiste envahissant dont les incessants dandinements maniérés finissent par taper sur le système. À moins que cela ne fasse partie intégrante du show.
Publié en 2023 chez Partisan (Idles, Geese, PJ Harvey…), le premier album de Blondshell s’est retrouvé classé dans bon nombre de référendums de fin d’année. Franc, direct et spontané, il a apporté un vent de fraîcheur sur une industrie musicale trop souvent aseptisée. Plus mature, « If You Asked For A Picture », son successeur arrivé au printemps, nécessite toutefois quelques écoutes avant d’en dégager quelques pépites. On pense notamment à l’impeccable Blondiesque « 23’s A Baby » qui entamera les débats, rehaussé de surprenantes harmonies lyriques signées une bassiste appliquée qui se démarquera encore sur un « Toy » nettement plus sombre dans la foulée.
Électron libre moins expansif que Faris Badwan (The Horrors) dans cette même salle la semaine précédente, Sabrina Teitelbaum laisse transparaître peu d’émotions pendant les morceaux. En revanche, elle se déride une fois les instruments silencieux même si ses interventions s’avèrent plutôt limitées. Tout le contraire des musiciens se produisant devant une énorme banderole sur laquelle s’affiche le nom du groupe en lettres rouges sur fond blanc. Mention aux deux guitaristes situés aux extrémités de la scène dont les interventions envoient systématiquement les compositions dans une autre dimension. Complémentaires à souhait, ils alternent rythmique et riffs incendiaires sans jamais se voler la vedette (« Docket », « Tarmac »).
Pendant ce temps, la Miss pose sa voix assurée sur des titres aux structures établies, entre passages retenus et envolées rageuses (« Sepsis » très Avril Lavigne, « Arms »). Cela dit, c’est lorsqu’elle privilégie sa face bad girl qu’elle devient la plus convaincante. Le punch de « What’s Fair » et surtout l’hymne grungy à la Hole « Veronica Mars » verront ainsi le public réagir bruyamment. Elle nous gratifiera également d’un nouveau titre nerveux aux arrangements entêtants baptisé « Berlin TV Tower » ainsi que d’une mélodieuse cover du « Diet Pepsi » de l’actrice et influenceuse Addison Rae. Entre les deux, « Change », que n’aurait pas renié les Corrs, calmera quelque peu les ardeurs. La deuxième partie du set prendra d’ailleurs une direction plus sage, illustrée notamment par « Thumbtack » et « Olympus », deux titres majoritairement pilotés par une guitare acoustique. Avant que la relative délicatesse de « Kiss City » ne boucle le set principal.
Il ne faudra pas longtemps avant que le groupe ne reprenne le chemin de la scène pour des rappels autrement plus musclés via un « Event Of Fire » en mode crescendo et un « Salad » plutôt soutenu. Un extrait par album pour une carte de visite qui ne demande qu’à s’étoffer…
SET-LIST
23’S A BABY
TOY
DOCKET
SEPSIS
WHAT’S FAIR
VERONICA MARS
ARMS
T&A
BERLIN TV TOWER
CHANGE
DIET PEPSI
THUMBTACK
OLYMPUS
TARMAC
KISS CITY
EVENT OF A FIRE
SALAD
Organisation : Botanique