Namdose ou l’élixir de jouvence
L’an dernier, aux Nuits Botanique, la création qui a fait le plus de bruit portait le curieux sobriquet de BRNSRPPRS. Avantageusement rebaptisée Namdose, l’union entre BRNS et Ropoporose existe désormais sur un disque que les protagonistes sont venus présenter à l’Atelier 210.
En guise de support, ils avaient convié Uma Chine, une troupe de six musiciens dont deux jouent dos au public. Il s’agit du nouveau projet de Nele De Gussem (Maya’s Moving Castle, Future Old People Are Wizards) qui s’est notamment entourée de deux choristes pour l’occasion. Basées sur des harmonies vocales groovantes et des percussions tribales, les compositions prennent toutefois une tournure mélancolique qui vire parfois vers le gospel pour un résultat aussi curieux qu’ensorcelant.
Si c’est en bossant d’arrache-pied sur le projet mandaté par le Botanique que les trois garçons de BRNS et la famille Ropoporose (le frère et la sœur en tout cas) ont développé une incroyable complicité musicale, ils avaient déjà plus ou moins collaboré par le passé. En effet, en 2016, à l’occasion du Record Store Day était sorti un split comprenant deux titres inédits de chaque groupe. Ceci dit, cette fois, ils ont profité de l’occasion pour passer à la vitesse supérieure et composer from scratch sept morceaux en quelques jours, dont six se retrouvent sur un solide mini album libellé à Namdose.
À l’occasion des deux prestations de La Colonie De Vacances fin de l’année dernière au 210, les quatre groupes jouaient simultanément autour du public. Cette fois, c’est l’inverse puisque la scène a été placée au milieu de la salle, permettant aux spectateurs de profiter de l’événement à 360°. Intéressant lorsque l’on sait que les deux batteurs se font face et que, d’une manière générale, les musiciens se produisent en cercle, sorte de cocon propice à leur épanouissement.
Entamé prudemment avec « All That You Have », le set gagnera en intensité dès le deuxième titre, « I Know », à l’intro proche de celle de « Mexico » mais avec d’entêtantes nappes de synthé, des voix parfaitement en place et un final étourdissant. « Wake Up », dans la foulée, achèvera de mettre tout le monde en confiance en subjuguant par la même occasion un auditoire pantois.
Visuellement, aucun artifice à l’exception de discrets tubes verticaux colorés autour de la scène et de spots disposés sous les batteries qui s’affolent lors des moments saccadés. L’attention est donc focalisée vers les musiciens concentrés, collégialement impliqués et clairement dans leur trip. Cela se ressent sur des compositions qui n’ont visiblement pas fini d’évoluer. On pense notamment à « Woe », sorte de math rock mélodieux aussi enrichi que déstructuré et à « You Can Dance » aux voix mixtes et complémentaires qui forment également l’ossature du très planant « Fast ».
Après une cover méconnaissable et bourrée d’énergie de The Chap (« Hands Free »), le groupe bouclera sa prestation via un furieux « Off The Hook », point final apocalyptique du show et ultime preuve du bien-fondé rafraîchissant du projet. La claque reçue l’an dernier lors des Nuits n’était donc pas un accident…