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Montevideo, what the world was waiting for

Si la sortie d’un troisième album des Bruxellois de Montevideo a de quoi surprendre, que dire de leur nouvelle direction. Sur « Temperplane », ils se replongent en effet au début des nineties, à une époque où la ville de Manchester était le centre du monde musical. Retour sur leur concert à la Rotonde du Botanique.

Aussi atypique était le choix de la première partie signée Dame Civile. Contrairement aux apparences, aucune représentante de la gent féminine sur scène mais deux gaillards : un chanteur à la coiffure en forme de plumeau et un bidouilleur concentré. Le flow soutenu du premier (en français) se pose judicieusement sur les beats du second pour un résultat électro pop r’n’b assez conventionnel qui prend toutefois une autre dimension lorsque l’un ou l’autre séjourne derrière une vraie batterie.

Sur « Personal Space », le deuxième album de Montevideo publié en 2012, on trouve un titre baptisé « Madchester ». Musicalement pas grand-chose à voir avec la vague qui a déferlé sur le monde du rock indie voici une trentaine d’années mais peut-être le point de départ de la gestation de « Temperplane », une nouvelle plaque pour le moins surprenante. Exit les mélodies pop gentillettes qui étaient leur marque de fabrique et place à un son plus nord de l’Angleterre que nature judicieusement illustré par leur cover du « The Only One I Know » des Charlatans en fin de set.

C’est d’ailleurs à Tim Burgess que l’on pensera d’emblée lors de « New Dandy », le premier titre de la soirée qui succédera à une longue intro dans la pénombre la plus totale, alors que « Harry » renvoie à Ian Brown, le leader des Stone Roses en solo. Entre les deux, l’imparable « Fun House » (très « Fool’s Gold » au demeurant) fera revivre l’âme de ces derniers. Le décor était planté…

Désormais barbu, Jean Waterlot arbore des lunettes de soleil qui lui donnent un air sérieux, presque frimeur, accentué par des postures multiples, notamment sur les retours à ses pieds. Outre un léger manque de charisme dont il n’est pas responsable, on lui reprochera des interventions téléphonées et, à de rares exceptions près, sans grand intérêt. On donnera également un carton rouge à une bonne partie du public pour qui le spectacle sur scène n’était que secondaire.

Ceci dit, leur prestation sera malgré tout à la hauteur et les musiciens chevronnés qui entourent le leader n’y seront pas étrangers. Ils donneront en effet de virulentes impulsions à des titres qui n’en manquent déjà pas sur disque. Groove (l’excellente plage titulaire), euphorie (le très réussi « Sutton Street ») et délires lancinants (« So What ») en seront les maître-mots, entrecoupés de performances individuelles aux réussites diverses. En gros, oui à la basse envoûtante et, dans une moindre mesure, à la démonstration du batteur mais on est nettement plus réservé par rapport aux parties de guitare dégoulinantes.

Si aucun titre du premier album ne figure sur la set-list, ils mettront toutefois un point d’honneur à revisiter leur back catalogue récent en leur insufflant la formule « Temperplane », à l’exception peut-être d’un « Tribal Dance » presque new wave. « Fate & Glory » recevra ainsi un traitement claquant particulièrement prenant alors que « Horses », patiemment amené, sera métamorphosé par un break piano house porteur et dansant.

Introspective, la fin du set principal le sera assurément via le délicat « Empty Space » chanté depuis le public et garant de la tradition qui veut que chaque plage de clôture d’un album de Montevideo corresponde à la fin d’un cycle. Mais le début des rappels le sera tout autant avec « Kill Me Now », titre dépouillé interprété seul à la guitare par Jean Waterlot en mémoire de son père disparu. Par la suite, le groupe jettera toutes ses dernières forces dans la bataille pour un efficace « Castle » et une cover plutôt réussie du « Connected » des Stereo MC’s version Madchester. Bien malin celui qui devinera ce que les Bruxellois nous réservent dans six ans…

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