Miles Kane, One Man Band (en full band)
Plus populaire que jamais auprès d’un public élargi, Miles Kane a rempli l’Orangerie du Botanique en moins de vingt-quatre heures. C’était en septembre dernier, quelques semaines après la sortie de « One Man Band », son très réussi cinquième album. Un concert exclusif car il s’agissait, avec Utrecht et Paris, des seules dates sur le continent en full band. Le jour J, c’était dimanche et rarement la plus grande salle du complexe de la rue Royale aura vécu pareille hystérie.
Et elle était déjà généreusement garnie au moment où les Gallois de The Royston Club ont démarré leur set pied au plancher. Ils ont publié l’an dernier « Shaking Hips And Crashing Cars », un premier album bourré d’hymnes indie qu’ils vont égrener durant la demi-heure qui leur était impartie (et même davantage vu qu’ils ont débuté légèrement avant l’heure prévue). À l’instar de leurs compatriotes Manic Street Preachers, ils arborent fièrement leur drapeau national sur scène et on peut y déceler quelques influences musclées via l’addition sporadique d’une troisième guitare jouée par un roadie.
Ils ne s’agit toutefois pas de leur seule source d’inspiration car leurs compositions fleurent bon l’indie rock à guitares des années 2000 (The Libertines, The Strokes, The View…). Ajoutez-y l’attitude limite arrogante de Tom Faithfull, le chanteur sosie de Lewis Boman (celui de Chapel Club, un groupe à ranger dans la même catégorie) et vous obtenez un cocktail détonnant qui, rien que ce soir, en a conquis plus d’un(e). Il ne fait aucun doute qu’à l’instar de Stone ou de The Clockworks, ils ne tarderont pas à devenir des stars.
La dernière fois que Miles Kane a joué dans une salle belge, c’était au Cirque Royal en avril 2022 et, malgré la faible assistance, il a donné ce soir-là une prestation inouïe comme s’il jouait dans un stade rempli à ras bord. Il promotionnait à l’époque « Change The Show », un album pour le moins surprenant qui laissait quelque peu les guitares de côté. Pour « One Man Band », son successeur arrivé l’été dernier, il a repris sa six cordes et ne s’est pas entouré de manchots. Il en a ainsi confié la production à James Skelly, le leader de The Coral, qui l’accompagne également sur plusieurs titres.
Ce soir, il a choisi de monter sur scène au son de « Rock ‘n’ Roll Star », la plage d’intro de « Definitely Maybe », ce qui nous renvoie directement à notre première fois. C’était en mars 2011 à l’AB en support de Beady Eye, le projet post-Oasis de Liam Gallagher, quelques semaines avant la sortie de son premier album, « Colour Of The Trap ». Il nous avait déjà bluffés à l’époque en débarquant sur scène tel un boulet de canon, prenant instantanément le public à la gorge.
S’il n’a cette fois pas déboulé de la même manière, il a basé sa méthode d’approche exactement sur une stratégie identique, balançant d’emblée un « Troubled Son » à fond les ballons suivi de « Better Than That » sans la moindre respiration. Dans la salle, c’est de la furie furieuse. Parmi les spectatrices (majoritaires ce soir), nombreuses sont celles qui lui pardonnent déjà d’arborer une coiffure militaire peroxydée tranchant avec un perfecto qu’il ne gardera finalement pas très longtemps.
Le début du set sera essentiellement basé sur ses nouvelles compositions, culminant avec un « One Man Band » au riff addictif. Il ponctuera le punchy « The Best Is Yet To Come » d’un air rageur tel un boxeur venant de mettre son adversaire KO alors que les influences northern soul de « The Wonder » inspireront un batteur chevronné malgré un look de débutant. Le guitariste chevelu à gauche de la scène ne doit pas être beaucoup plus âgé, au contraire d’un bassiste expérimenté et appliqué du côté opposé.
Au terme d’un « Inhaler » agressif et speedé qui aurait mérité l’un ou l’autre pogo, l’ami Miles laissera tomber le perfecto pour poursuivre en singlet, libérant au passage sa chaîne en or. « Heal » et « Loaded », plus retenus mais non moins prenants, feront ensuite office de respiration toute relative. À ce propos et d’une manière générale, les extraits de « Coup De Grace », un album défendu dans cette même salle en 2018, bénéficieront d’une relecture pertinente, notamment grâce au bassiste qui se lâchera en seconde partie de set.
Les influences glam de « Cry On My Guitar » renverront ainsi vers T. Rex tandis qu’une vibe disco groovante transcendera « Coup De Grace ». Il est également à la base des parties hypnotiques de « Never Taking Me Alive », une époustouflante nouvelle composition transfigurée par la scène. Tout comme « Baggio » (en référence au joueur de foot italien dont il porte une vareuse sur une des photos du livret de « One Man Band ») plus tôt dans le set, il confirmera le retour en forme du gaillard.
Dans un registre plus prévisible, pointons encore l’efficace « First Of My Kind », single isolé sorti en 2012 à l’occasion du Record Store Day qui recevra le même type d’ovation que « Rearrange » et « Color Of The Trap », autres hits de la même période. Pour « Come Closer », traditionnel final du set principal, il invitera sur scène le chanteur de The Royston Club pour une version inédite principalement (et magistralement) interprétée par ce dernier.
Tout le monde reviendra ensuite plus léger sur scène, sauf le bassiste, attaché à sa veste en cuir et son tour du cou malgré la température suffocante. Au programme, « Don’t Forget Who You Are » et la participation active d’un public aux anges. Une fois de plus, le bonhomme a fait honneur à sa réputation et a même serré quelques pinces avant de rejoindre les vestiaires au son de la B.O. de Rocky III (ne parlait-on pas de boxeur tout à l’heure ?). Si vous l’avez loupé, il reviendra à Gent (Vooruit), Hasselt (Affectie) et Liège (Reflektor) début avril mais en strict one man band. Pas de panique, il assure aussi dans cette formule….
SET-LIST
TROUBLED SON
BETTER THAN THAT
THE WONDER
THE BEST IS YET TO COME
GIVE UP
ONE MAN BAND
INHALER
HEAL
LOADED
FIRST OF MY KIND
BAGGIO
COLOUR OF THE TRAP
REARRANGE
CRY ON MY GUITAR
COUP DE GRACE
NEVER TAKING ME ALIVE
COME CLOSER
DON’T FORGET WHO YOU ARE
Organisation: Le Botanique