Mattiel can’t get no Satis Factory
Un peu moins d’un an après son premier passage au Witloof Bar, Mattiel est revenue dans les caves du Botanique. Elle y a présenté « Satis Factory », son deuxième album récemment publié chez Heavenly Recordings.
Un album que les plus motivés avaient déjà eu l’occasion de découvrir sur scène en juillet dernier au 4AD de Dixmude, lorsqu’elle avait ouvert pour Shilpa Ray. Entre-temps, ses nouvelles compositions ont pris de la bouteille comme un public entièrement acquis à sa cause le remarquera tout au long d’un set d’une petite soixantaine de minutes.
Ceci dit, ce sont tout d’abord ses incroyables musiciens (un guitariste chauve, un autre en mode mod, un bassiste en béret et un batteur rasta) qui auront la parole. Ceux-ci assureront en effet un parfait tour de chauffe avant que la belle n’apparaisse pour une version allongée et nerveuse de « Send It On Over ». Une version qui n’a plus grand-chose à voir avec celle qui apparaît sur son album éponyme, à l’instar de « Not Today » dans la foulée et d’un « Bye Bye » plutôt dansant un peu plus tard.
Une fois n’est pas coutume, Mattiel Brown arbore une tenue assez stricte qui tranche avec les accoutrements affriolants auxquels elle nous avait habitués. En revanche, elle a gagné en assurance et devient peu à peu une véritable bête de scène. Seul bémol, son regard vide ou en tout cas qui ne croise à aucun moment celui des spectateurs.
Quoi qu’il en soit, elle est d’abord et avant tout présente pour défendre ses nouvelles compositions. Celles-ci, sans révolutionner un style bien ancré dans la pop sixties insouciante et presque désuète, lui permettent d’explorer davantage des influences qui vont de Phil Spector au Velvet Underground et de la Tamla Motown à Nancy Sinatra.
On pense ainsi à la guitare surf du particulièrement enlevé « Athlete », au groove entêtant de « Heck Fire » et à la noirceur Warholienne de « Millionaire ». Elle s’essaie également au français sur le refrain approximatif du très réussi « Je Ne Me Connais Pas » au riff rappelant « Jerk It Out », le hit de Ceasars et au hip-hop sur le flow de l’excellent « Food For Thought ». On déplorera cependant les cris stridents et soudains qui gâcheront en partie « Rescue You ».
Outre le délicieusement nasillard « Blisters » (cette symbiose de la section rythmique…), la palme reviendra à « Keep The Change » dont l’interprétation live sera paradoxalement la moins vintage de la soirée. En tout cas, celle qui tranchera le plus sera celle, presque hard rock, de « Fives And Tens » qui bouclera le set principal après un « Count Your Blessings » au refrain inutilement criard.
Entamés avec un solide « Whites Of Their Eyes », les rappels démontreront l’étendue de la chanteuse de s’accaparer avec brio les titres d’autres artistes. Ainsi, après le « West End Girls » des Pet Shop Boys l’an dernier, ce sont les Clash qui seront revisités ce soir via un « Guns Of Brixton » à sa sauce tout simplement parfait. Elle a du potentiel, cette petite…