Lokerse Feesten 2025: Never Mind The Sex Pistols, Here’s Iggy Pop
À l’instar du festival de Werchter au tout début de l’été, les Lokerse Feesten célèbrent cette année leur cinquantième édition. Un sacré bail qui a vu le podium de la fête locale grandir au fil des ans pour devenir l’événement incontournable que l’on connait aujourd’hui. Dix soirées thématiques aussi alléchantes que variées au cœur de l’été pour un succès de foule jamais démenti. Au programme de ce lundi à tendance punk vintage, la récente incarnation des Sex Pistols, Iggy Pop, The Damned et The Undertones.
Éternellement associés à leur hymne « Teenage Kicks » de 1978, les derniers nommés ont toutefois jeté l’éponge cinq ans plus tard avant de se reformer à l’aube du nouveau millénaire… sans leur leader Feargal Sharkey. Son remplaçant depuis lors, Paul McLoone, a eu l’intelligence de ne pas s’inspirer de la voix (de toute façon inimitable) de son prédécesseur pour apporter de nouvelles nuances sans dénaturer le produit original. Rappelons toutefois que le principal compositeur du groupe, John O’Neill, répond toujours bien présent, tout comme son frère Damian et les autres fidèles lieutenants, ce qui confère une certaine légitimité à l’ensemble.
Entamé par « Jimmy Jimmy », leur set ne se perdra pas dans des détours inutiles. Les natifs de Londonberry en Irlande du Nord iront en effet droit au but et caseront dix-sept titres en quarante-cinq minutes montre en main. Une spontanéité et une fraîcheur intactes pour des compositions qui se démarquaient déjà de celles de leurs pairs à l’époque par des influences moins brutes, à l’instar de The Jam (dont « Male Model » semble s’inspirer). Les intonations de Paul McLoone, quelque part entre John Lydon et Bruce Dickinson, peuvent parfois surprendre mais servent autant « Thrill Me », le seul titre post-reformation inscrit sur la set-list, que certains classiques (« Hard Luck », « It’s Going To Happen »). Le tout sous les riffs tranchants et speedés des frangins O’Neill (« Here Comes The Summer », « Get Over You »). Quant au précité hit et à « My Perfect Cousin », ils ont bien évidemment généré quelques premières bousculades, sans doute bien moins marquées que celles d’il y a quasi un demi-siècle.
SET-LIST
JIMMY JIMMY
MALE MODEL
THE LOVE PARADE
THRILL ME
NINE TIMES OUT OF TEN
BOYS WILL BE BOYS
YOU’VE GOT MY NUMBER (WHY DON’T YOU USE IT)
HARD LUCK
IT’S GOING TO HAPPEN
TEENAGE KICKS
TRUE CONFESSIONS
HERE COMES THE SUMMER
MY PERFECT COUSIN
FAMILY ENTERTAINMENT
I KNOW A GIRL
LISTENING IN
GET OVER YOU
La trajectoire de The Damned est encore plus atypique. S’ils ont conservé leur charismatique leader Dave Vanian depuis les débuts, ils ont rapidement perdu l’essence du groupe. Brian James, qui avait composé la quasi-intégralité des deux premiers albums parus chez Stiff en 1977, s’en ira rapidement former The Lords Of The New Church. Jalonnée de multiples séparations, de va-et-vient de personnel et d’explorations musicales surprenantes, la carrière des Londoniens ressemble à un puzzle difficile à assembler. Cela dit, ce soir, le public ne sera pas trop déconcerté car le guitariste Captain Sensible (« Wot », c’était lui), coiffé de son inamovible béret basque rouge et le massif batteur Rat Scabies en sosie de Gérard Depardieu occupent bien leur poste.
Théâtral à souhait face à son micro vintage, Dave Vanian, teint blafard, ganté et vêtu d’un élégant costume noir que l’on dirait emprunté à un membre de la famille Addams, fera le boulot. Autant à l’aise en mode heavy metal (« Machine Gun Etiquette », « Lively Arts ») qu’en version glam metal (« The History Of The World (Part 1) », « Ignite ») ou mini opéra rock gothique (cette toujours aussi réussie cover du « Eloise » de Barry Ryan), sa voix ne faiblit jamais. Même pas lorsqu’il dédiera « Fan Club » à Ozzy Osbourne (sans doute un de ses modèles) mais surtout à son ancien camarade Brian James, tous deux récemment disparus. Sans le dernier nommé, il n’y aurait effectivement pas eu de « New Rose » (le premier single punk britannique en octobre 1976) ni de « Neat Neat Neat », deux uppercuts qui boucleront le set principal. Car le groupe s’octroiera un rappel qui contiendra notamment une cover vitaminée du « White Rabbit » de Jefferson Airplane. En revanche, pas de trace d’un titre de leur pourtant récent dernier album en date. Une soirée nostalgique, on disait…
SET-LIST
LOVE SONG
MACHINE GUN ETIQUETTE
WAIT FOR THE BLACKOUT
LIVELY ARTS
THE HISTORY OF THE WORLD (PART 1)
IS IT A DREAM
ELOISE
FAN CLUB
IGNITE
NEAT NEAT NEAT
NEW ROSE
WHITE RABBIT
SMASH IT UP (PARTS 1 & 2)
Pas plus tard que le mois dernier à Rock Werchter, Iggy Pop a démontré qu’il était toujours, à septante-huit balais, le roi du circuit. Et pourtant, la concurrence était rude (Fontaines D.C., Amyl And The Sniffers, Lambrini Girls…). Mais ces jeunes pousses sont encore loin d’arriver à la cheville d’un iguane en pleine forme qui apparaîtra ce soir vêtu d’un mini chandail. Rassurez-vous, il aura tôt fait de s’en débarasser et d’ainsi se produire dans son accoutrement préféré, malgré une peau fripée par le poids des ans et un petit bidou bien tendu. Dès l’entame foutraque de « T.V. Eye », première pièce d’un solide triptyque hérité des Stooges qui verra « Raw Power » et « I Got A Right » enchaînés sans répit, le duo de cuivres s’illustrera déjà.
Car le gaillard sait surtout parfaitement s’entourer. Pour cette tournée ratissant majoritairement sa carrière du Michigan à Berlin, il a fait appel à une troupe triée sur le volet. Outre le duo précité, un claviériste, un bassiste, un batteur et deux guitaristes assurent un habillage particulièrement efficace. Par rapport à Werchter, Joan Wasser (Joan As Police Woman) manque à l’appel en tant que seconde claviériste et Charles Moothart (Ty Segall) a cédé son poste à Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs). De longs couteaux au service du Godfather of Punk jamais avare de jurons et toujours aussi surpris du chaleureux accueil qui lui est réservé. Il n’hésitera d’ailleurs pas à descendre auprès des spectateurs pendant l’intense et allongé « I Wanna Be Your Dog » tout en prenant garde à ne pas se casser la figure sur des escaliers rendus glissants par la pluie.
Autre communion notoire, « The Passenger », repris en chœur par une foule chaude comme la braise, juste avant « Lust For Life » qui lui avait permis de toucher une autre génération dans les années 90 grâce à son incursion sur la B.O. de Trainspotting. À ce propos, on ne retrouve pas que de vieux punks (avec ou sans crête) dans le public comme on aurait pu le craindre au départ. Un prenant « Gimme Danger », un puissant « Search And Destroy » ainsi qu’un brutal « 1970 » constitueront d’autres sommets de la soirée. Cela dit, il n’a pas été que prévisible en revisitant « Some Weird Sin » sur lequel on entend presque David Bowie et en incluant « Frenzy » et « Modern Day Rip Off », deux solides extraits de son recommandable dernier album en date entre lesquels « Nightclubbing » sera brutalement interrompu. Après s’être fait véhiculer sur un flightcase à roulettes, il saluera la foule sur une autre curiosité, sa version d’un titre enregistré en 2006 avec le groupe électro Teddybears, récemment incluse sur la B.O. de Superman. Son titre ? « Punkrocker ». Et peut-être une autre nouvelle génération d’adeptes…
SET-LIST
T.V. EYE
RAW POWER
I GOT A RIGHT
GIMME DANGER
THE PASSENGER
LUST FOR LIFE
DEATH TRIP
I WANNA BE YOUR DOG
SEARCH AND DESTROY
DOWN ON THE STREET
1970
SOME WEIRD SIN
FRENZY
NIGHTCLUBBING
MODERN DAY RIP OFF
PUNKROCKER
Lorsque les Sex Pistols ont publié « Never Mind The Bollocks », leur unique mais indispensable album en 1977, Frank Carter n’était encore qu’un vague projet dans la tête de ses futurs parents. Aujourd’hui, il se voit catapulté au micro de ces légendes du punk en lieu et place de Johnny Rotten qui a décliné l’invitation. Cela dit, pour l’avoir vu assez enveloppé avec Public Image Ltd au Depot en juin, on doute qu’il aurait assuré le job. Attention, on de dit pas que le guitariste Steve Jones, le batteur Paul Cook et le bassiste Glen Matlock, tous à l’aube de leur septième décennie, ne présentent pas quelques kilos de trop mais ils sont suffisamment fit and well que pour assurer une grosse heure au plus haut niveau.
Se produisant devant des amplis aux couleurs flashy rappelant celles de la pochette dudit album, ils en balanceront sa furieuse plage d’intro, « Holidays In The Sun », décuplée par l’énergie d’un Frank Carter des grands soirs. Le leader ultra-tatoué des Rattlesnakes mais avant cela de Gallows (croisés à Dour en 2011) et de Pure Love restera pareil à lui-même, ne cherchant aucunement à singer son illustre aîné et s’effaçant même par moments en faveur de ses trois compères. Mais pas trop tout de même car Frank Carter restant Frank Carter, il sait comment travailler le public et le rendre hystérique. Par exemple en initiant un rugueux circle pit autour de lui sur « Pretty Vacant » d’un côté du pit et « Bodies » de l’autre, histoire de ne frustrer personne. Sauf peut-être ceux qui pensaient y échapper et battront en retrait…
Le regard perçant, il n’hésitera donc pas à se mouiller (au propre comme au figuré), y laissant d’ailleurs la moitié de son pied de micro dans l’aventure. Mais vocalement, il tient drôlement la route, envoyant des titres comme « Liar », « God Save The Queen » et « Problems » dans des contrées rarement atteintes. Le tout devant des projections de photos d’archives, de coupures de journaux et de fanzines datant de l’époque où la révolution punk était en marche. Une révolution qui ne serait sans doute jamais arrivée si un certain Iggy Pop ne l’avait pas initiée sans le savoir. Bien que moins percutante, la cover du « No Fun » des Stooges n’en demeurera pas moins un clin d’œil pertinent. Tout autant que celle de « My Way » dont l’intro retenue prouvera que l’ami Frank sait réellement chanter. « Anarchy In The U.K. » bouclera la soirée sur ce fameux slogan : No future ! Avec un seul album à leur actif, il était plutôt prémonitoire dans leur chef. Mais presque cinquante ans plus tard, il prouve une chose : punks will never die !
SET-LIST
HOLIDAYS IN THE SUN
SEVENTEEN
NEW YORK
PRETTY VACANT
BODIES
SILLY THING
LIAR
GOD SAVE THE QUEEN
SATELLITE
NO FUN
NO FEELINGS
PROBLEMS
MY WAY
ANARCHY IN THE U.K.