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Lokerse Feesten 2024: Massive Attack Experience

Parmi les têtes d’affiche de la quarante-neuvième édition des Lokerse Feesten, Massive Attack était sans doute l’une des plus attendues. Une prestation rare, exclusive et toujours spectaculaire du collectif de Bristol et de ses nombreux invités qui étaient déjà passés par le Grote Kaai en 2008.

À l’époque, Fenne Kuppens était sans doute loin de s’imaginer qu’elle serait en train d’enchaîner les festivals en support du troisième album d’un groupe dont elle serait la charismatique chanteuse. Et pourtant, après Rock Werchter, le Cactus Festival et Rock Herk, Lokeren était le terrain de jeu de Whispering Sons en ce début de soirée. Malheureusement, il était miné car émaillé de quelques soucis techniques qui ont, après deux coupures inopinées, contraint le groupe à abandonner « Balm (After Violence) », titre d’intro visiblement maudit.

Loin de se laisser décontenancer, ils ont évacué leur frustration via un rageur « Standstill » qui a remis le focus sur l’essentiel, à savoir la défense de « The Great Calm », publié chez PIAS à la fin de l’hiver. Un album introspectif aux sonorités post-punk affirmées qui le rendent certes plus difficile d’accès mais aussi et surtout beaucoup plus riche à explorer. On pense notamment à ce « Dragging » bourré de tension ou à « Walking, Flying », single aussi glacial que percutant. Mais aussi aux titres plus retenus, comme « Cold City » sur lequel le guitariste Kobe Lijnen s’installe derrière des claviers. Ou plus curieux encore, « Still, Disappearing » qui voit le bassiste Bert Vliegen s’improviser saxophoniste pendant que Fenne déclame son texte d’une émotion palpable.

Tour à tour féline, mystérieuse et possédée, elle occupe la scène de sa théâtrale présence alors que sa voix androgyne guide des titres comme « Hollow » ou « Satantango » vers des sommets d’intensité. On regrettera juste le retour des soucis techniques pour le hit « Alone », transformé en une véritable cacophonie que le final « Try Me Again » aura bien du mal à recalibrer. Il y a des soirs comme ça… Séance de rattrapage prévue aux Leffingeleuren à la mi-septembre et dans la grande salle de l’AB le 13 décembre.

SET-LIST
BALM (AFTER VIOLENCE)
STANDSTILL
SOMETHING GOOD
DRAGGING
HEAT
HOLLOW
POOR GIRL
COLD CITY
STILL, DISAPPEARING
SATANTANGO
THE TALKER
WALKING, FLYING
SURFACE
ALONE
TRY ME AGAIN

Pour une fois, l’affiche de la soirée s’avérait moins thématique qu’à l’accoutumée puisque c’est ensuite Trentemøller qui a pris possession de l’endroit. Le Danois dont la réputation n’est plus à démontrer, qu’il s’agisse de ses propres productions ou des remixes à l’attention d’artistes aussi divers que les Pet Shop Boys, Franz Ferdinand, Savages ou Tricky, propose également une solide incarnation live de son projet. Positionné derrière une console au milieu de la scène, il gère tel un chef d’orchestre des temps modernes le déroulement d’un set entamé en mode dream pop à la Slowdive, en grande partie grâce à la voix captivante de Disa Jakobs, chamanique sous sa cape noire transparente.

Cette dernière ensorcelle ainsi véritablement « I Give My Tears » et « Behind My Eyes », deux extraits inédits du nouvel album à paraître le 13 septembre. Baptisé « Dreamweavers », il semble explorer des contrées planantes dont la plage titulaire (à une lettre près), autre nouveau titre joué ce soir, n’est pas le moins envoûtant du lot. Cela dit, on associe davantage le natif de Copenhague à des beats soutenus couplés à des nappes électroniques affolantes et à ce niveau-là, on ne sera pas déçus. Digitalism, The Knife et Röyksopp (qui s’apprêtaient justement à clôturer la soirée par un DJ set) ne sont en effet pas loin.

Mais ce qui le différence de ses pairs réside dans les influences dark wave omniprésentes sur des titres comme « Still On Fire » et « Miss You », très Cure au demeurant. Un clin d’œil au « Lullaby » de ces derniers agrémentera d’ailleurs « Moan » alors qu’un peu plus tard, un hommage à peine voilé au « Blue Monday » de New Order affolera l’assemblée. Pointons également cette cover personnelle mais tout aussi flippante du « Cops On Our Tail » de leurs compatriotes The Raveonettes. Un set énergique et varié qui se clôturera sur un « Silver Surfer, Ghost Rider Go!!! » toutes guitares en avant que l’on dirait franchement inspiré par ces derniers. On ose à peine imaginer sa dimension s’il s’était déroulé une fois la nuit tombée…

SET-LIST
I GIVE MY TEARS
BEHIND MY EYES
STILL ON FIRE
DREAMWEAVERS
RIVER IN ME
MISS YOU
ONE EYE OPEN
VAMP
MOAN
COPS ON OUR TAIL
TAKE ME INTO YOUR SKIN
GRAVITY
SILVER SURFER, GHOST RIDER GO!!!

Si les visites de Massive Attack dans nos contrées sont plutôt rares ces dernières années (la plus récente remonte à janvier 2019 au Palais 12 pour le vingtième anniversaire de « Mezzanine »), que dire de leurs albums ? « Heligoland », le dernier en date, a été publié en février 2010. Près de quinze années pendant lesquelles Robert Del Naja a diffusé au compte-gouttes une poignée de nouveaux titres sous la forme d’EPs et de singles isolés. Pendant ce temps, il a eu tout le loisir de développer son activisme jamais démenti, qu’il soit environnemental, politique ou pacifique. Des pans largement explorés tout au long de la soirée via des diffusions sur l’impressionnant écran à l’arrière de la scène.

On y voit notamment une expérience réalisée par Neuralink, une des sociétés d’Elon Musk, pendant laquelle un macaque dénommé Pager joue à un jeu vidéo par la pensée via une interface neuronale. Tout ceci au son de quelques bribes du « In My Mind » de Gigi d’Agostino avant que les choses sérieuses ne démarrent via un ténébreux « Risingson ». Derrière le leader (qui porte un brassard de capitaine) et son comparse Daddy G à sa gauche, des inscriptions en langage informatique défilent à la vitesse de l’éclair et illuminent à peine une scène délibérément sombre envahie de fumigènes.

Outre les visuels sur lesquels nous reviendront, un concert de Massive Attack vaut également par le défilé de vocalistes qui se succèdent derrière le micro, systématiquement introduits de manière presque protocolaire par Robert Del Naja. Il y a les habitués comme l’éternel Horace Andy et sa célèbre voix saccadée qui envelopperont « Girl I Love You » mais aussi la majestueuse Elisabeth Fraser dont l’angélique tessiture magnifiera « Black Milk ». Et puis des plus récents comme deux-tiers des Young Fathers, principaux artisans des deux inédits fougueux à leur image joués ce soir, « Gone » et « Minipoppa », en plus de leur collaboration de 2016, « Voodoo In My Blood ». Seuls bémols, des basses destructrices de tympans qui gâcheront par moments le plaisir et, dans une moindre mesure, de perturbantes transitions silencieuses.

Pendant ce temps, cela s’affole sur l’immense écran qui prend la forme d’un tableau d’affichage d’aéroport avant de servir de support à des vidéos de Gaza, d’Ukraine ou de Bosnie mais également de clichés parfois difficilement soutenables, renvoyant vers les dirigeants aux commandes de la planète. Plus léger, cette hilarante théorie du complot sur les complotistes eux-mêmes, illustrée par une pertinente cover punky du « Rockwrok » d’Ultravox et sous-titrée en néerlandais. Les concepteurs du show mettent en effet un point d’honneur à traduire les textes diffusés pour une compréhension sans équivoque… pour les locaux en tout cas. Ce sera également le cas plus tard lors de la traditionnelle comparaison statistique sur différents sujets géopolitiques.

Mais revenons à la musique et au défilé de vocalistes sans qui l’âme de titres comme le groovant « Angel » (Horace Andy) et le délicat « Teardrop » (Elizabeth Fraser) n’auraient certainement pas la même saveur. En revanche, celle qui tirera son épingle du jeu ce soir sera la vocaliste bouclée d’origine Jamaïcaine Deborah Miller. Ses versions à tomber de « Safe From Harm » et d’« Unfinished Sympathy » égaleront sans peine celle de Shara Nelson au début des années 90. Retenons encore cette version tribale retenue d’« Inertia Creeps » et ce « Karmacoma » sur fond de crise financière et de 11 septembre. On n’a en revanche pas compris l’incursion du « Levels » d’Avicii en introduction de « Group Four », ultime titre du set sublimé par les vocalises de Miss Fraser qui, un peu plus tôt, avait repris le « Song To The Siren » de Tim Buckley dans une version à donner des frissons. Ou comment passer par toutes les émotions en l’espace de 115 minutes…

SET-LIST
IN MY MIND
RISINGSON
GIRL I LOVE YOU
BLACK MILK
TAKE IT THERE
GONE
MINIPOPPA
VOODOO IN MY BLOOD
SONG TO THE SIREN
INERTIA CREEPS
ROCKWROK
ANGEL
SAFE FROM HARM
UNFINISHED SYMPATHY
KARMACOMA
TEARDROP
LEVELS
GROUP FOUR

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