Les Nuits Weekender, deuxièmes du nom
Pour la deuxième année consécutive, le week-end de la Toussaint rimera avec les Nuits Weekender dans les salles du Botanique. Le festival indoor à la programmation indie aventureuse revient pour une deuxième édition qui, vu les préventes, semble avoir touché dans le mille et s’apprête à devenir l’un des rendez-vous incontournables de l’automne.
Le vendredi 31 octobre n’étant pas férié, les festivités de la première soirée débuteront sur le coup de 18h pour se boucler en apothéose par le set de Michael Hadreas aka Perfume Genius. Le natif de Seattle a publié au printemps « Glory », son septième album. Acclamé par la critique, il se veut plus introspectif et vulnérable sans toutefois tomber dans un aspect mielleux qui lui serait préjudiciable. Au contraire, l’écriture du gaillard s’est encore affutée et les arrangements délicats qui le parsèment le rendent captivants. Il sera accompagné sur scène par son compagnon Alan Wyffels, autre artisan d’une plaque dont le traitement live devrait encore le bonifier.
Autre tête d’affiche incontournable, These New Puritans dont le cinquième album, « Crooked Wing », est arrivé par surprise six ans après le précédent. Il est vrai que les jumeaux Jack et George Barnett prennent le temps de peaufiner les moindres détails de leurs enregistrements et mettent un point d’honneur à ne jamais se répéter. Au programme de ce nouvel épisode, des mélodies sombres et spirituelles dans un esprit industriel baroque. On pense à David Sylvian et Robert Wyatt mais surtout à un univers atypique tout autant qu’aventureux.
On prêtera également ce jour-là une oreille attentive à l’indie pop de Hannah Jadagu (signée chez Sub Pop), au slowcore vaporeux de ses voisins Texans Teethe et à la noise pop des Californiens de Momma. Un peu plus au nord, le Montréalais à la coiffure afro Jean-Sébastien Yves Audet, plus connu sous le pseudo Yves Jarvis, défendra son dernier album. Enregistré en solitaire, « All Cylinders » a non seulement remporté le Polaris Music Prize mais est considéré par son créateur comme son œuvre la plus aboutie à ce jour. Pop seventies dans l’âme, il emprunte des détours surprenants mais toujours pertinents. Tout comme Annahstasia dont la folk envoûtante et la voix rugueuse vous laisseront pantois.
Hasard du calendrier (ou pas), la journée du samedi 1er novembre sera la plus ténébreuse du lot. A ce propos, si vous n’avez jamais expérimenté l’effet Sunn O))), on vous conseille vivement de ne pas laisser passer l’occasion de vous faire envoûter par les sonorités droniques et hypnotisantes du combo emmené par Stephen O’Malley et Greg Anderson. S’ils n’ont plus rien publié depuis 2019, leurs performances scéniques restent des moments d’exception dans tous les sens du terme. Dans un registre electro dark, Kevin Martin alias The Bug, grand habitué des lieux, puisera son inspiration dans « Machine », le dernier album du projet dont les extraits se renouvellent au gré de son inspiration.
Tout aussi expérimental, les Canadiens de Big|Brave reviennent au Bota après avoir dégommé le Museum lors de la fameuse Nuit All Access de 2024. Cela dit, leur dernier délire a été de composer la BO d’un film imaginaire en mode minimaliste improvisé. Un film d’anticipation, sans aucun doute, à l’écoute des atmosphères sinistres et flippantes que jalonnent « OST » pour lequel ils ont même fabriqué un instrument à cordes qui sera sans aucun doute sur scène lors des Nuits Weekender. À l’écoute d’« Insatiable », le dernier album en date de Divide And Dissolve, on a même l’impression que le flambeau a été confié à l’Australienne Takiaya Reed. Entre doom metal et musique de chambre bruitiste, ses compositions ne sont certes pas à mettre entre toutes les oreilles mais s’en passer s’apparenterait à un péché.
Passée par la Rotonde en mars à l’occasion de la sortie de l’excellent « Glutton For Punishment », Josephine Orme (Heartworms) rééquilibrera les échanges en injectant une dose de légèreté toute relative à une journée moins enjouée musicalement parlant. Deux collectifs londoniens l’aideront dans sa tâche tout en maintenant l’intensité à fleur de peau. D’un côté, The Orchestra (For Now), genre de Black Country, New Road des débuts à la richesse infinie emmené par le charismatique Joseph Scarisbrick. Et de l’autre, Man/Woman/Chainsaw dont les soubresauts parfois inattendus contribuent au charme d’un groupe dont on attend le premier album avec impatience.
Pointons encore les pièces brumeuses de James Blackshaw, celles au piano inspirées par la nature de la multirécompensée Alice Hebborn, la réflexion mélancolique de Kathryn Mohr et la vision punk oppressante des biens nommés Truck Violence. Sans oublier l’artiste culte japonais Phew pour qui l’angoisse n’est pas un vain mot (il a notamment enregistré « Radium Girls » après la catastrophe de Fukushima) et qui vit actuellement une deuxième jeunesse grâce au label Mute Records.
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Ce qui nous amène au troisième jour à la vision plus légère ou en tout cas davantage orientée vers des sonorités électroniques. Même si, dans le cas de Panda Bear, elles ne constituent qu’une partie de l’équation incluant également du dub, du psychédélisme aérien et une bonne dose d’inventivité. L’éminent membre d’Animal Collective revient au Bota (il avait notamment joué aux Nuits 2019) et sort d’une collaboration avec Sonic Boom. Preuve d’une ouverture d’esprit à toute épreuve…
Mais avant lui, une kyrielle d’artistes se succéderont à l’Orangerie, le Museum et la Rotonde dans un déluge de beats futuristes et de pop inventive. La transe hyperactive de Jane Remover, celle électro-acoustique inspirée par les origines sud-américaines des frangins de Los Thuthanaka ou encore celle, plutôt euphorique, du Berlinois Mechatok. Rassurez-vous, des moments de respiration émailleront également la journée. On pense notamment au hip hop mélodieux de Slater, à l’univers éthéré de Milan W (croisé chez Flying Horseman et Condor Gruppe) ou à celui hypnotico-planant de Horse Vision.
Sans oublier les deux prodiges Casper Van De Velde et Hendrik Lasure, membres du An Pierlé Quartet mais surtout solidement associés au sein de Schntzl. Ils devraient allier subtilité et dextérité au Museum. Attardons-nous encore sur Body Meat dont le premier album, « Starchris », est sorti l’an dernier chez Partisan et sur lequel ses multiples influences se dévoilent entre pop expérimentale, trap et metal tout en privilégiant un aspect harmonieux essentiel à ses yeux.
Les Nuits Weekender 2025 se dérouleront du 31 octobre au 2 novembre. Infos, tickets et affiche complète sur le site officiel de l’événement. N’hésitez pas à vous y rendre en train à tarif réduit via le code Bravo imprimé sur votre ticket en association avec la SNCB.