Les Nuits Weekender 2024 (Jour 2)
Les Nuits Weekender premières du nom organisées au et par le Botanique ont donc vu le jour le week-end dernier. Un festival principalement axé sur les découvertes et les têtes d’affiche de demain. Même si, en ce deuxième jour, les Hollandais de Tramhaus n’ont eu aucune peine à revendiquer ce statut.
Un deuxième jour principalement axé sur le hip-hop et les musiques électroniques mais l’éclectisme de la programmation nous a également permis de vivre des moments intenses toutes guitares en avant. On le verra plus tard, cet instrument n’est toutefois pas exclusif au sein du monde indie. Tour d’horizon de nos coups de cœur du jour.
Les premiers à se jeter à l’eau dans une Orangerie encore clairsemée à l’heure des courses du samedi après-midi étaient les voisins Schaerbeekois d’Another Dancer. Ce collectif à l’univers coloré dont les vocaux mixtes se marient à la perfection empruntent des chemins à la fois rectilignes et cabossés. On pense à un mélange improbable entre Phoenix et Fùgù Mango avant que des expérimentations sonores à tendance dub et des nappes brumeuses ne complexifient la donne. D’autant qu’une multitude d’instruments entrent dans l’équation (cor, djembé, flûtes en tout genre…). On regrettera peut-être la boîte à rythmes qui finit par donner un côté cheap immérité à l’ensemble. Pour l’anecdote, sur leur premier album délicieusement baptisé « I Try To Be Another Dancer », on retrouve notamment le single « You Know Where I Start » dont le clip a été filmé dans les environs du Botanique.
Dans un style radicalement différent, la Rotonde s’apprêtait à accueillir Hyper Gal, duo féminin minimaliste en provenance d’Osaka. D’un point de vue équipement en tout cas car seuls une batterie et un micro agrémenté de quelques pédales à effets garnissent le devant de la scène. Cela dit, une fois en pleine action, c’est un véritable rouleau compresseur qui se met en place, dicté par la rythmique tribale d’une batteuse qui a dû prendre des cours chez Rémy de La Jungle. Cet énergique petit bout de femme au jeans en lambeaux parvient même à jouer en calant une jambe sur sa caisse claire tout en actionnant un mini synthé désaccordé aux loops lancinants. À sa droite, la minuscule chanteuse à la voix de dessin animé balance des bouts de phrase répétitifs et speedés qui stimulent sa vision infernale. Made in Japan with noise…
Les Londoniens de Blue Bendy n’ont quant à eux pas vécu un début de set tranquille au Museum. Il aura fallu l’intervention d’un technicien et surtout une pince à épiler providentielle pour permettre à l’un des trois guitaristes de retrouver le plein usage de son instrument à peine le morceau d’ouverture terminé. Pas de quoi perturber Arthur Nolan, l’immense chanteur au rictus permanent et aux écouteurs vissés sur les oreilles (on le croisera maintes fois le lendemain dans les mêmes dispositions). Il poursuivra en effet sa prestation comme si de rien n’était, emmenant ses cinq compères vers un univers presque cinématographique qui doit beaucoup à Black Country, New Road. Les riches orchestrations renvoient également vers ces derniers même s’ils privilégient des structures peu conventionnelles qui, dans d’autres mains, pourraient déstabiliser l’auditoire.
Tramhaus, notre tête d’affiche de la journée, montera sur scène au son du hit de Nancy Sinatra, « These Boots Are Made For Walkin’ ». Mais c’est plutôt de jumpin’ qu’il sera question avec Lukas Jansen, son charismatique chanteur. Intenable grand dadet désarticulé, il incarne l’énergie du groupe Rotterdamois dont c’est le premier concert belge depuis la sortie de son très attendu premier album, « The First Exit ». Peu de temps auparavant, ils avaient dézingué le chapiteau du SMG Music Fest, provoquant dans la foulée quelques dommages collatéraux. Curieusement, l’Orangerie sera nettement plus sage ce soir, se lançant à peine dans quelques mouvements de foule assez retenus. La faute peut-être à une balance sous-mixant la voix, enlevant du même coup une partie du charme. D’autant que les instruments, eux, sonnent plein pot. « On ne t’entend pas ! », beuglera un spectateur passablement frustré à l’encontre du chanteur…
Cela dit, le punch jalonnant notamment « I Don’t Sweat » et « Make It Happen », deux singles devenus des classiques forgés à coup de prestations live incendiaires, n’est plus à démontrer. On s’attardera toutefois sur les nouveaux titres dont les versions particulièrement rugueuses supplantent aisément celles de l’album, pourtant déjà soutenues. On pense notamment à un « Once Again » survitaminé et au plutôt brut(al) « A Necessity ». Mais c’est « Ffleur Hari » en guise de final qui fera grimper la température de plusieurs crans, boosté par un leader devenu complètement dingue. Pas étonnant que le Sonic City les ait choisis comme co-curateurs pour l’édition de ce week-end. Cela va chauffer à Courtrai…
À suivre…
Organisation : Botanique
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