Joe Jackson au Cirque Royal, magistral !
Joe Jackson est peut-être l’un des artistes contemporains les plus éclectiques et les plus doués, capable de surprendre avec chaque album. Rock, pop, new-wave, influences jazz dans les années ’80, des incartades en musique classique dans les ’90 avec notamment “Symphony No. 1” (1999) qui lui vaudra un Grammy Award et quelques autres perles publiées plus récemment comme “Rain” (2008) ou “Fool” (2019). Sans oublier “The Duke”, son hommage à Duke Ellington en 2012. Cette diversité dans ses productions permet de le (re)découvrir à chaque concert, et ce fut notamment le cas lors de son passage au Cirque Royal de Bruxelles dans le cadre de la tournée “The Two Rounds Of Racket”.
Son dernier album, “What A Racket!”, est sorti l’année passée et il reprend des chansons de Max Champion, un chanteur oublié de la scène music-hall d’avant-guerre. La tournée qui s’ensuit offre un spectacle en deux parties : tout d’abord Joe Jackson en solo interprétant des titres de son répertoire. Ensuite l’artiste accompagné d’un groupe afin de présenter les chansons de Max Champion au public pour la première fois en plus de 100 ans.
Le Cirque Royal était bien rempli pour accueillir Mr. Jackson. Ça fait plaisir de voir qu’un artiste qui sort des sentiers battus, avec moins de couverture médiatique que beaucoup d’autres, puisse carrément se permettre une mini tournée de trois dates en Belgique dans de très belles salles. Le public était conquis d’avance et son entrée en scène a été dûment fêtée. Durant cette première partie en solo, Joe Jackson a brillamment interprété des titres comme “Dave”, “Take It Like A Man”, “You Can’t Get What You Want (Till You Know What You Want)”, “Real Men” et des incontournables comme “Steppin’Out”, “It’s Different For Girls” et “On Your Radio”. Communicatif, amusant, Joe Jackson est proche de son public et l’engage à participer sur certains morceaux, faute de section rythmique. Pour terminer cette première partie de concert, il reprend “Waterloo Sunset” des Kinks avant de présenter deux titres dans un répertoire music-hall afin d’annoncer la couleur de ce qui ne va pas tarder à arriver.
Place donc au répertoire de Max Champion avec une scène qui se transforme en club des années 1910 et des musiciens en tenue d’époque pour interpréter la quasi-totalité de l’album “What A Racket!”. L’effet est bluffant et les musiciens sont entièrement engagés dans leur personnage, mélange de vaudeville et de music-hall. Tous ont leur place et leur rôle dans une mission commune : divertir le public. Chansons à boire, histoires grivoises (“The Bishop And The Actress”), satiriques (“The Sporting Life”) ou plus nostalgiques comme “Dear Old Mum – A London-Irish Lament”, les spectateurs ont voyagé dans le temps lors de cette soirée. Il a également évoqué les styles et influences de l’époque ayant amené Max Champion à créer ce genre de chansons.
En fin de concert, l’artiste a posé la question de savoir comment sonnerait une chanson de Joe Jackson dans le style Max Champion avant de se lancer dans une interprétation mémorable de “Is She Really Going Out With Him”. Pour finir, “Worse Things Happen At Sea” sera un dernier message de la part de Max Champion pour dire au public qu’il est toujours bon de relativiser les choses dans les moments difficiles.
En conclusion, cette soirée était parfaite et Joe Jackson nous aura gratifiés d’une performance exceptionnelle dans son univers ainsi que celui de Max Champion au début du XXème siècle. Ah oui, petit détail… Max Champion n’a jamais existé. Il est sorti tout droit de l’imagination de Joe Jackson afin de réaliser un album complètement hors du commun. Un nouveau coup de génie pour cet artiste hors normes !
Organisation : Live Nation