ILA et Bat Eyes, la relève indie
Voici plusieurs années que les Coca-Cola Sessions présentent ce qui se fait de mieux en matière d’artistes belges en devenir. La dernière affiche en date n’a pas dérogé à la règle en réunissant à l’AB Club ILA et Bat Eyes. Faits d’armes récents : le concours De Nieuwe Lichting pour les premiers nommés et un album chez PIAS pour les seconds.
Ce sont les Gantois qui ont d’abord pris possession de la scène en rentrant directement dans le vif du sujet, déballant presque sans répit les trois premières plages de leur effort éponyme publié tout récemment. On se retrouve instantanément catapulté dans les nineties, quelque part entre les harmonies vocales de Teenage Fanclub (« You’re The Breeze »), le college rock de Nada Surf (« Saving Up ») et la power pop de Weezer (l’excellent « Stop Thinking »).
Pour rester dans la même période, la physionomie du chanteur Koen Wijnant renvoie à celle de Brett Anderson, le charisme et l’énergie en moins. À sa décharge et contrairement au leader de Suede, il assure des parties de guitare en plus du chant et n’a donc pas l’occasion de se balader au milieu du public ou de faire le show sur scène. Autour de lui, le guitariste Birger Ameys ne tient pas en place alors qu’à l’inverse, la bassiste Luna De Bruyne semble concentrée sur son sujet. En retrait à l’extrême droite de la scène, le batteur Tomas Serrien, lui, ne se pose pas de questions.
Au milieu du set et après une respiration au son de « Cracking Up » sous des lumières tamisées, un nouveau titre sort du lot. « Honey Bee » hausse en effet le tempo et emballe la machine pour lui donner une autre perspective ou en tout cas une direction plus nerveuse. C’est ce qui caractérisera également un peu plus tard « Belly » et « I’m On It », les derniers titres d’un set consistant même si loin d’être révolutionnaire. Vu leur agenda particulièrement chargé, ils devraient toutefois s’imposer aisément au sein du monde indie noir jaune rouge.
SET-LIST
YOU’RE THE BREEZE
SAVING UP
STOP THINKING
FOREVER WASTED
CRACKING UP
HONEY BEE
I DON’T MIND
NOTHING HERE
BELLY
I’M ON IT
Début de cette année, le trio Limbourgeois ILA a remporté l’une des trois récompenses du Nieuwe Lichting, le fameux concours organisé par Studio Brussel, aux côtés de Bluai (qui allaient rafler quelques semaines plus tard le non moins célèbre Humo Rock Rally) et Shaka Shams. Cela faisait toutefois un moment qu’Ilayda Cicek et ses deux camarades arpentaient les scènes du nord du pays et fréquentaient les studios d’enregistrement. En effet, l’EP « Montage » et le mini album « Felt », publiés respectivement en octobre 2019 et 2021, annonçaient déjà la couleur.
Extrait du second nommé, l’imparable « Leave Me Dry », très PJ Harvey des débuts demeurant, a sans doute fait pencher la balance en leur faveur. D’autant qu’à ce moment-là, il squattait les hautes sphères du Afrekening, une référence en la matière. Néanmoins, et aussi bizarre que cela puisse paraître, ce titre (interprété sans surprise ce soir en clôture du set) fait figure d’OVNI aux côtés de compositions nettement plus intimistes, fruit de la personnalité plutôt introvertie de la chanteuse d’origine turque.
Quoi qu’il en soit, sa voix rauque judicieusement posée transcende des titres patiemment construits, à l’instar de « Kismet » en ouverture du set, qui se développe en crescendo sans jamais réellement exploser. Dans la foulée, l’environnement oppressant d’« Eternity » se pare d’une puissance retenue avant que le batteur Cas Kinnaer et le bassiste/guitariste Sam Smeets n’embrayent pour faire de « Chemicals » un premier sommet, bientôt suivi d’un « In Vain » plutôt captivant.
Tantôt mystique tantôt hystérique comme sur « Deity » où elle alterne habilement douceur et ardeur, elle se montre toutefois assez distante face à un public par moments dissipé, alors que les compositions demandent justement un minimum d’attention. Des envolées sporadiques viendront toutefois rapidement lui en mettre plein les oreilles. On pense à « The Sun » sur lequel elle relègue clairement ses musiciens au second plan et à « Home », envoûtant jusqu’à ce que des flashes stroboscopiques ne rendent son final explosif.
C’est à ce moment qu’Arno De Ruyte, le guitariste de Sons entrera dans la danse. Issu d’un groupe connu pour ses shows endiablés, il apportera une puissance supplémentaire à « Live To Love », l’excellent nouveau single. Dans la lignée du précité « Leave Me Dry » qu’ils s’apprêtaient à jouer également à quatre, il unira des spectateurs enfin prêts à en découdre. L’option offensive semble se profiler comme la meilleure piste pour la suite.
SET-LIST
KISMET
ETERNITY
CHEMICALS
DEITY
IN VAIN
NUDE
CHAMBER
F.O.Y.
THE SUN
HOME
LIVE TO LOVE
LEAVE ME DRY