Endz et Annabel Lee : re-release party
Endz et Annabel Lee ne seraient-ils pas les deux groupes indie les plus maudits de ces 18 dernier mois ? Non seulement leurs albums respectifs sont sortis en mars 2020 alors que le confinement pointait le bout de son nez mais surtout la release-party a été reportée à de nombreuses reprises. Sept fois selon nos sources, neuf selon les artistes. Peu importe après tout, elle a finalement eu lieu et a tenu toutes ses promesses…
Et pour faire en sorte que le thème de la soirée soit tout de même respecté, les albums en question viennent d’être réédités avec des titres bonus et un nouveau packaging. Mais le comble, c’est que le retard considérable dans le pressage des vinyles a empêché ces derniers de figurer en bonne place sur le stand merchandising. Quand on vous disait qu’ils n’étaient pas vernis…
Quoi qu’il en soit, le but était de se faire plaisir et c’est bien dans cette optique que les trois gaillards de Endz sont montés sur scène peu après 20 heures. Une petite surprise puisque le site du Bota les annonçait en seconde partie de soirée et que depuis la date initiale, ils étaient supposés jouer en tête d’affiche. L’ont-ils tiré à la courte paille dans les loges ? Si tel est le cas, le hasard a plutôt bien fait les choses car on verra plus tard qu’il s’agissait d’un choix judicieux.
Mais dans l’immédiat, ils avaient décidé de prendre d’emblée le public à la gorge via un vigoureux « Something New » et un crasseux « Mighty Whitey ». Deux titres pied au plancher dans des versions enlevées à mille lieues de celles du disque. Une rage qui se retrouvera également sur « Newly Executive Board » caractérisé par des riffs de guitare cinglants, une basse ronflante et une batterie mise en exergue.
Aux extrémités de la scène, Loïc Bodson (ex-Flexa Lyndo) et Fab Detry (actuel Fabiola) se partagent les parties vocales. Si l’immobilité relative du premier contraste avec l’hyperactivité mesurée du second, le batteur Kevin P. Guillaume (He Died While Hunting) met tout le monde d’accord, lui qui assume également en grande partie les chœurs. Ce petit monde sera rejoint par Audrey Marot l’espace d’une cover particulièrement lumineuse et chatoyante du « Archie, Marry Me », le morceau de bravoure des Canadiens de Alvvays.
Au titre le plus calme du set (« Daughters ») succèdera le plus récent. « A Stunt » est en effet un des bonus de la réédition de « Harmed » (judicieusement baptisée « Re-Harmed »). Hypnotique, mystérieux et diablement efficace, il s’agira ni plus ni moins d’un des sommets de la soirée. Même s’il ne détrônera pas l’entêtant « Ashamed » dont l’inquiétante star du clip se trouve à quelques mètres de nous dans le public. Un excellent « The Eyes Above » plein de reverb, seule incursion du groupe dans son premier album, clôturera une prestation solide et convaincante…
SET-LIST
SOMETHING NEW
MIGHTY WHITEY
NEWLY EXECUTIVE BOARD
DAUGHTERS
A STUNT
DOOMSDAY
ARCHIE MARRY ME
ASHAMED
THE EYES ABOVE
La première fois que l’on a vu Annabel Lee à la Rotonde, c’était en septembre 2017 en première partie de Beach Fossils lorsqu’ils étaient encore quatre sur scène et promotionnaient leur premier EP, « Wallflowers ». Mais la première fois qu’on les a vus tout court, c’était quelques semaines auparavant, au SMG Music Fest. Quatre ans plus tard, on assiste exactement au même schéma. Sauf qu’entre-temps, l’excellentissime Let The Kid Go est sorti et est devenu notre album belge de 2020.
Un album qu’ils vont enfin présenter officiellement même si, tradition oblige, c’est avec le très power pop « Best Good Friend » et ses quelques mesures a cappella de l’EP précité qu’Audrey Marot lancera les festivités, armée de sa guitare. Une Audrey nettement plus à l’aise que début septembre à Sart-Messire-Guillaume, que l’on verra même blaguer à même la scène avant le début du concert.
On avait donc l’intime conviction d’être sur le point d’assister à une prestation digne de ce nom et ce sera bien le cas. The right time at the right place, comme dirait l’autre. Et ce n’est pas Vankou, déchaîné à la basse du côté droit ni Hugo Claudel, tout aussi intenable derrière ses fûts, qui affirmeront le contraire. À moins que ce ne soient les spectateurs parmi lesquels se croisent famille, amis, collègues, dentiste et surtout gratin du monde indie bruxellois (les gars de Mountain Bike se feront particulièrement remarquer) qui boosteront naturellement la soirée.
On a déjà disserté à foison sur la qualité des extraits de « Let The Kid Go » mais les versions énergiques proposées ce soir les rendront tout bonnement irrésistibles. Du musclé « See You Naked » au très nineties « Astronaut » en passant par le girly « Farewell Everyone » ou « The Way I Look At You » et son subtil hommage à Arctic Monkeys, l’intensité sera au rendez-vous. Ceci dit, le plus prenant du lot sera à mettre à l’actif d’un « Never Ever » à nous donner des frissons.
Le groupe envisage déjà la suite de ses aventures discographiques et entrera en studio l’an prochain pour enregistrer un deuxième album qui pourrait nous réserver quelques surprises. « Around » (titre indiqué sur la set-list) et son refrain plein de distorsion y figureront peut-être. Au contraire de la désormais classique cover du « I Don’t Belong » de Fontaines D.C. dans une troublante version dépouillée interprétée par Audrey seule à la guitare qui, elle, fait partie de la réédition de « Let The Kid Go » (ou tout au moins de sa version digitale).
Ses deux acolytes la rejoindront pour un final en boulet de canon entamé par « You Never Came » en crescendo d’une redoutable efficacité suivi de la plage titulaire d’un disque dont on ne se lasse décidément pas. L’Octave de la Musique du meilleur album catégorie pop-rock remporté voici quelques mois n’est que justice.
Les rappels s’apparenteront quant à eux à un rouleau compresseur destiné à prendre son pied tant sur scène que dans le public. Audrey enfilera en effet son costume de riot grrrl et balancera tels des uppercuts « Hi Hi Hi » et « Period Sex », deux titres bruts et sans concession. Imaginez un peu le résultat si le groupe avait pu tourner à foison en 2020…
SET-LIST
BEST GOOD FRIEND
SEE YOU NAKED
FAREWELL EVERYONE
NEVER EVER
THE WAY I LOOK AT YOU
ASTRONAUT
AROUND
I DON’T BELONG
YOU NEVER CAME
LET THE KID GO
HI HI HI
PERIOD SEX