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Daan in Space

Deux ans à peine après la sortie de « The Ride », Daan vient déjà d’ajouter une ligne à sa pléthorique discographie. Publié voici une quinzaine de jours chez PIAS, « Space » enrichit une carrière solo entamée à la fin des années 90. Il l’a présenté à l’Orangerie du Botanique, comme toujours plutôt bien entouré…

À commencer par une première partie, fait assez rare pour être souligné. D’autant qu’après Bruxelles, Janie Price aka Bird s’apprêtait également à ouvrir les festivités à Bruges et à Louvain. Désormais installée en Toscane, cette Londonienne d’origine a accueilli Daan dans son studio pour les enregistrements de « Space », engendrant une amitié et une admiration réciproques. Élégante et souriante, la singer-songwriter aux influences folk et country se montre prolixe et n’hésite pas à poser le contexte de ses textes notamment inspirés par son environnement transalpin.

Sur scène, cinq musiciens l’entourent, disposés en arc-de-cercle. Deux guitares, deux violons et un violoncelle orchestrent ainsi des compositions délicates à souhait qui prennent par moments des contours émouvants. Comme ce troublant « She’ll Turn To Stone » à l’attention de sa maman souffrant d’une maladie dégénérative ou ce « Falling Like Stars » captant la nostalgie de Noël sans la nommer. Mais la plupart du temps, c’est l’humour qui la caractérise, y compris lorsqu’elle admet que son profil n’est pas simple à trouver sur Spotify. Raison pour laquelle des flyers étaient distribués à l’entrée de la salle pour aider les spectateurs conquis à la suivre sur les réseaux sociaux.

L’année 2024 de Daan aura été marquée par l’incroyable succès de « (Not A) Housewife », sa collaboration avec le rappeur anversois Glints. Ce dernier s’est en effet habilement approprié « Housewife » en l’habillant de punchlines dont il a le secret, introduisant son mentor auprès d’un public nettement plus jeune. Pourtant, ce soir, la moyenne d’âge des spectateurs présents à l’Orangerie penche plutôt du côté des parents que celui des jeunes adultes. Sans doute parce qu’entre-temps, il a publié « Space », un nouvel album dont il a d’ailleurs eu du mal à lancer la promotion, allant jusqu’à supplier les auditeurs du Afrekening de Studio Brussel de ne plus voter pour le single susmentionné, histoire d’entamer sa campagne…

Un album dont les dix titres ne sont composés que d’un seul mot et qui, à l’instar de Low ou de Beak>, sera intégralement interprété en première partie du set. L’ami Stuyven n’est pas du genre à se contenter du minimum syndical et n’hésite donc pas à mouiller sa chemise. Il laissera d’ailleurs tomber la veste de son costume après seulement trois titres, arborant une chemise blanche dont les boutons tomberont rapidement également. Avant cela, il aura attrapé une première fois sa douze cordes sur « Shadow », affolé la salle sur l’entêtant « Jump » et permis à Geoffrey Burton de s’échauffer sur un « Drunk » d’entrée de jeu.

Le guitariste au bonnet cintré à l’extrême droite de la scène prend clairement son pied. Genre de pantin désarticulé, il décoche des riffs qui font systématiquement mouche. À ses côtés, la fidèle batteuse Isolde Lasoen à la rythmique précise et aux chœurs enchanteurs, le claviériste moustachu Jeroen Swinnen et le bassiste Ewen Vernal (en lieu et place de Jean-François Assy par rapport à la tournée précédente). Sans oublier l’entertainer-né Jo Hermans et ses cuivres, même si ceux-ci seront trop souvent noyés dans la masse.

Tout ce petit monde pour le moins aguerri (baptisé non sans humour « The Astronauts » dans les crédits de l’album) pave la voie des nouvelles compositions sans surprise guidées par la caractéristique voix caverneuse de Daan. Parmi celles-ci, l’introspective mélancolie de « Fun » ne cadre pas avec son titre mais reste un moment chargé, tout comme les surprenants arrangements progressifs et les bruitages cosmiques parsemant « Great ». Au rayon nettement plus enlevé, Mister Burton envoie « Luck » dans des contrées intersidérales, Isolde illumine « Dumb » de sa douce voix et le cor de Jo se dévoilera enfin sur un « Man » aussi funky que déstructuré. Sans parler du single « Work », sans aucun doute un futur classique.

En parlant de classiques, la seconde partie du set n’en sera pas uniquement constituée, Daan préférant dans un premier temps se plonger dans un passé plus obscur ou en tout cas moins revisité ces derniers temps. À l’instar de « Friend », la plage d’intro de « Nada », à la fois rêveuse et hargneuse et de l’expérimental « Boots », celle de « Profools », chantée en live pour la première fois à la Rotonde au siècle dernier. Le détour quasi-obligé par le back catalogue de Dean Man Ray mettra cette fois en avant un « Chemicals » bien soutenu, rehaussé des chœurs d’un bassiste à la voix de fausset. On retiendra également la parfaite communion vocale avec Isolde sur un « Evergaldes » franchement disco.

Le sprint final, plus conventionnel, verra le groupe balancer hit après hit. Aux côtés de l’incontournable (et toujours imparable) « Icon » à l’époustouflant solo de guitare, « Exes » déchaînera les passions. Avant « The Player » chanté main dans la poche en arpentant la scène et sur lequel les cuivres feront sensation. En guise de rappels, « Victory » et sa célèbre chorégraphie minimaliste introduiront sans surprise le fameux « Housewife » pendant lequel Geoffrey Burton, encore lui, se démarquera au milieu de flashes stroboscopiques. Le millésime 2024 n’a rien à envier aux précédents…

SET-LIST
DRUNK
SHADOW
JUMP
LUCK
FUN
GREAT
DUMB
MAN
WORK
EMPATHY
CHEMICAL
EVERGLADES
BRAND NEW TRUTH
FRIEND
BOOTS
ICON
EXES
THE PLAYER

VICTORY
HOUSEWIFE

Organisation : Botanique

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