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Crocodiles, Love Is Here (and noisy)

Collectif Mental a fait fort en programmant les Californiens de Crocodiles pour une date exclusive en Belgique, chez Madame Moustache. Ils sont venus y défendre « Love Is Here », leur premier album en trois ans.

Une soirée dont Bengal, les régionaux de l’étape, se souviendront. En effet, au moment d’entamer le deuxième titre de leur set, une forte odeur de plastic brûlé s’est répandue dans la salle, alertant le personnel prêt à intervenir avec des extincteurs. Plus de peur que de mal, l’ampli responsable de l’alerte a finalement tenu le coup sans partir en fumée.

Une mésaventure qui a eu pour effet de booster le quatuor emmené par une chanteuse à la voix criarde et rageuse. Speedée comme une pile électrique, elle est entre autres accompagnée d’une guitariste qui officiait sous un autre genre au sein de Great White Death. Si elles partent un peu dans tous les sens, leurs compositions se nourrissent toutefois d’un esprit indie aux solides influences. On pense notamment à Warpaint et à Goat Girl alors que l’esprit bordélique renvoie à Hinds et Cocaïne Piss. Mais ils ont surtout, avec « Dumb », un hit potentiel qui combine basse entêtante, guitares cold wave, batterie carrée et voix équilibrée. On attend impatiemment la suite.

La scène rock chilienne semble avoir le vent en poupe ces derniers temps, même si la référence du genre, Föllakzoid, a profondément déçu lors de son récent passage au Botanique. Juan Luis Rodriguez, leur bassiste, a d’ailleurs quitté le navire pour rejoindre ses camarades de Chicos de Nazca avec lesquels il avait déjà collaboré par le passé et qui s’apprêtaient à monter sur scène. Ceci dit, le boss ce soir, c’est bien Francisco Cabala, prolifique compositeur et à ses heures également leader de La Hell Gang.

Barbe naissante et chapeau vissé sur le crâne, il attire tous les regards mais c’est d’abord et avant tout sa dextérité à la guitare qui impressionne. On laissera toutefois de côté cette attitude nonchalante et une voix quelque peu monocorde pour se concentrer sur les nouvelles compositions du groupe, extraites de « Since You Got It », un dernier album sorti tout récemment. Un dernier album qui renvoie vers les Stones de la fin des sixties et du début des seventies lorsque Jimmy Miller officiait derrière les manettes (les excellents « She Shines » et la plage titulaire).

Outre un orgue Farfisa collant parfaitement avec l’environnement vintage, on retrouve sur scène un type à la Bez (Happy Mondays) à la contribution musicalement dérisoire (maracas, tambourin) mais dont le show apporte finalement une valeur ajoutée (ces pas de danse efféminés). La fin du set prendra quant à elle une tournure nettement plus nerveuse avec le hit « I Need To See If I Got To Go » et l’enlevé « Depth Of The Ocean », quelque part entre Primal Scream et Oasis, jonction parfaite avec la suite du programme.

Après la sortie de « Dreamless » en 2016, Brandon Welchez et Charles Rowell ont rangé Crocodiles au frigo pour se concentrer sur différents projets parallèles. L’annonce surprise de la suite de leurs aventures discographiques début de cette année a fait l’effet d’une bombe, même si en studio, la production de plus en plus proprette tend à minimiser l’urgence qui caractérise leurs prestations scéniques.

La preuve, les extraits de « Love Is Here » joués ce soir (« Exit My Head » et « Nuclear Love » en tête) bénéficieront de généreuses couches de guitares supplémentaires. Mais surtout, c’est le très Black Rebel / Mary Chain « Heart Like A Gun » qui lancera les pogos après moins de dix minutes. Avant cela, le franc et direct « Sunday (Psychic Conversation #9) » aura d’emblée mis le feu aux poudres.

Particulièrement en forme, l’ami Brandon (gueule de star, coupe en brosse et costume qui renvoient vers l’autre Brandon, celui des Killers) s’essaiera même au français entre les morceaux. Pour l’anecdote, il s’est posé à notre gauche pendant la prestation de Chicos de Nazca, s’imprégnant d’une énergie qu’il décuplera sur scène avec ses camarades de jeu. Parfois, la machine s’emballe, notamment via le démentiel « Stoned To Death » ou cette cover tout à fait méconnaissable du « Ever Fallen In Love (With Someone You Shouldn’t’ve) » des Buzzcocks mais toujours avec grande classe.

Si les concert de Crocodiles ne sont par définition jamais très longs (on atteint rarement les soixante minutes), ils compensent allègrement via un punch spontané. Ils se lâcheront ainsi complètement sur le bien crasseux « Mirrors » et surtout « I Wanna Kill », le titre avec lequel tout a commencé voici dix ans déjà. Depuis, les oreilles saignent…

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