Come And See Gurriers
Hasard du calendrier, le 13 septembre sont sortis deux des albums les plus attendus de la planète indie épisode 2024 : « Hysterical Strength » de Deadletter et « Come And See » de Gurriers. Deux premiers albums qui figureront très certainement dans les hautes sphères des tops de fin d’année mais les prestations live entourant leur arrivée marqueront tout autant les esprits. Les premiers investiront le Trix fin octobre, les seconds ont démonté le Club de l’AB ce lundi…
Avouons tout de même que leurs compatriotes de Nerves leur ont bien mâché la besogne en balançant sans ménagement leurs compositions urgentes et pleines de tension à un public déjà nombreux et consentant. Largement inspirées de l’univers glacial et malsain de Gilla Band ou de Ditz, celles-ci prolongent naturellement l’attitude de musiciens pour le moins disparates. Entre le regard menaçant du guitariste, l’air simplet du batteur et la fougue maladroite du bassiste, on remarque surtout l’accoutrement du chanteur barbu en top noir transparent dont la jupe à carreaux peine à masquer un pantalon de costume. Cela ne l’empêche toutefois pas de s’égosiller à tout va sous un déluge de riffs incendiaires et un brouhaha sonore démesuré. Vous avez dit violent ? Vous n’avez encore rien vu…
L’an dernier, lors de leur passage au Pukkelpop, les Dublinois de Gurriers avaient déjà tout soufflé sur leur passage. Une tornade confirmée à l’Aéronef quelques mois plus tard où ils avaient quasi volé la vedette à Ditz (encore eux…) sans le moindre complexe. « Come And See », leur premier album, est donc sorti le mois dernier après une série de singles tous plus imparables les uns que les autres. Un excellent album qui confirme le potentiel d’un groupe dont l’expérience live décuple le potentiel. Pas pour rien que l’AB Club affiche complet depuis des lustres…
Curieusement, c’est au son de « Can’t Take My Eyes Off You » que les musiciens prendront possession de la scène alors que les spectateurs chantaient à tue-tête le refrain de ce standard repris des dizaines de fois. Ils allaient cela dit bien vite se retrouver à hurler « It’s a problem that they all have’, la punchline d’un « Nausea » bourré d’urgence qui entamera le set sans transition aucune. L’intensité de « Close Call », dans la foulée, poussera le guitariste de droite, sosie de Ronny Coutteure à la coupe mulet et petite moustache, à filer prendre la température au milieu d’un public qui jouait déjà généreusement des coudes.
Sur scène, cela remue pas mal également. Pas étonnant lorsque le guitariste à l’extrême gauche arbore un t-shirt de Nerves et que le bassiste (en jupe lui aussi, cela doit être la mode…) hurle les chœurs dans son micro pendant que le batteur massif décoche une rythmique infernale presque naturelle. Quant à l’intenable leader Dan Hoff, il défie la foule tout en la travaillant au doigt et à l’œil. On pense notamment à ce wall of death qui en fera reculer plus d’un vers le bar, seul endroit plus ou moins safe de la salle.
Le break flippant annonçant le final complètement frappadingue de l’hymne « Des Goblin », lancera définitivement la soirée qui ira par la suite en crescendo. Le groupe a en effet pris une solide assurance et les furieuses versions live de « Boy » et de « Dipping Out » par exemple, n’ont absolument rien à envier à Idles. Sous-jacentes mais bien présentes, les mélodies de « Today » s’effacent devant la brutalité de « No More Photos » mais un titre comme « Prayers » réussit à jouer sur les deux tableaux avec une certaine réussite.
Entamée par le hit « Top Of The Bill » et son riff addictif, la fin du set suivra cette courbe ascendante qui prendra même le bassiste en défaut. Emporté par sa fougue, il débranchera par inadvertance son instrument en allant pogoter au milieu du public. Résultat, retour au point de départ pour un « Sign Of The Time » criard et crasseux dont les Viagra Boys seraient fiers. À l’instar du leader de ces derniers, Dan Hoff deviendra comme fou en hurlant dans son micro comme un possédé sur un « Approachable » repris en chœur par des spectateurs en plein trip violent. Il terminera d’ailleurs à leurs côtés, sans dommage cette fois sur le déroulé du concert. « Come And See » bouclera les débats sur un mode peut-être un rien moins agressif mais tout aussi prenant. Une manière comme une autre de redescendre en douceur… même si ce terme occupe une place toute relatif dans le vocabulaire de Gurriers.
SET-LIST
NAUSEA
CLOSE CALL
DES GOBLIN
BOY
TODAY
DIPPING OUT
NO MORE PHOTOS
PRAYERS
INTERLUDE
TOP OF THE BILL
SIGN OF THE TIMES
APPROACHABLE
COME AND SEE
Organisation : AB