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Cloud Nothings et les 10 ans d’Attack On Memory

Dix ans, c’est une étape que les gaillards de Cloud Nothings n’ont pas laissé passer pour célébrer « Attack On Memory ». Leur deuxième album s’apparente en effet à un point culminant de leur carrière et l’entendre sur la scène de l’Orangerie dans son intégralité avec tout le recul nécessaire a bel et bien confirmé son statut de classique.

Les Liégeois de Fervents n’en sont peut-être pas encore là mais leur marge de progression augure d’un avenir plus que radieux. Voici un peu plus d’un an, ils donnaient un de leurs premiers concerts au Chaff. Restons honnêtes, ils ne nous avaient pas impressionnés. Rien à voir avec leur prestation début de cette année au Cafee Cabron d’Anvers en support de The Pleasure Dome où ils ont étalé leur expérience glanée entre-temps.

Désormais parfaitement maîtrisées, leurs compositions hargneuses mais toujours mélodieuses se dévoilent sans le moindre complexe. Quelque part entre grunge, stoner et noise, elles bénéficient de voix complémentaires mordantes juste ce qu’il faut et de breaks subtilement placés. On pense aux débuts de Weezer couplés à la période Epitaph d’Offspring rehaussés de pointes à la It It Anita (pour rester dans la principauté). Mention au nouveau titre un rien plus furieux qui se retrouvera sur le prochain EP du groupe à paraître prochainement.

Dylan Baldi et ses Cloud Nothings sont des habitués du Botanique, et plus particulièrement de la Rotonde où ils ont joué trois fois depuis la première partie de Yuck en février 2011. C’était un an avant la sortie d’« Attack On Memory », un deuxième album qui les a vus muscler le ton grâce notamment à la présence de Steve Albini, même si le leader minimisera son impact par la suite. Si leurs productions suivantes ont suivi cette voie (« Last Building Burning », présenté en 2019 avait particulièrement abimé nos tympans) et malgré une productivité aigüe pendant le confinement (deux albums auto-publiés en l’espace de six mois), c’est une pause nostalgie qu’ils s’octroient pour une tournée kilométrique aux quatre coins du globe.

Une tournée axée autour d’« Attack On Memory » qui ressort pour l’occasion dans une édition vinyle limitée à la pochette colorée incluant deux flexi discs et autant de titres inédits issus des mêmes sessions. Un album qu’ils vont interpréter dans l’ordre des plages d’entrée de jeu, balançant un « No Future/No Past » en crescendo puissant bien rageur à un public particulièrement réceptif. Ceci dit, il semble manquer quelque chose pour réellement profiter du moment. On hésite entre décibels et balance plus pointue…

« Wasted Days », la pièce XXL la plus expérimentale et noisy de la plaque, confirmera la seconde option. L’ami Dylan a beau s’égosiller, on ne l’entend pas vraiment et sa guitare, essentielle au son du groupe, subit le même sort ingrat. Pareil pour la basse de l’autre côté de la scène. Seul le batteur bénéficie d’un traitement de faveur et on aura l’occasion d’apprécier sa dextérité sur un kit pourtant composé d’à peine cinq éléments.

On n’ira pas jusqu’à dire que l’on aura besoin d’imagination pour reconnaître les morceaux mais, malgré une légère amélioration au fur et à mesure du set, la frustration sera de mise. Cela n’altèrera toutefois pas notre enthousiasme à l’écoute des bombes que sont « Fall In » et « Stay Useless » par exemple. Un peu plus tard, l’instrumental « Separation » mettra presque tout le monde d’accord et la rythmique carrée de « No Sentiment » en décoiffera plus d’un. Quant aux versions brutes d’« Our Plans » et de « Cut You », elles ne gâcheront en rien l’aspect power grunge des versions studio.

La suite de la soirée les verra se balader dans leur discographie, s’attardant notamment sur « The Shadow I Remember », dernier album en date publié en 2021 qui marquait les retrouvailles avec Steve Albini. Les directs « A Longer Moon » et « Only Light » laissent entrevoir un avenir moins extrême même si la partie instrumentale du premier nommé et l’animosité du second montent particulièrement dans les tours. Les lumineux « Now Hear In » et « Psychic Trauma », extraits de « Here And Nowhere Else » en 2014 (produit par John Congleton et défendu aux Nuits cette année-là juste avant Mac DeMarco) récolteront leur lot de suffrages parmi des spectateurs aux anges.

Les rappels débuteront comme la seconde partie du set, puisée dans « Life Without Sound » (2017) et son environnement un rien plus coloré. « Modern Act » aura ainsi le même effet qu’« Enter Entirely » un peu plus tôt, apportant un semblant de mélodies catchy à l’ensemble. Il convenait d’en profiter car tant le soutenu « I’m Not Part Of Me » que le radical « Can’t Stay Awake » (le titre le plus ancien joué ce soir), dégommeront l’Orangerie. On vous laisse imaginer son état si la balance avait été à la hauteur de sa réputation…

SET-LIST
NO FUTURE/NO PAST
WASTED DAYS
FALL IN
STAY USELESS
SEPARATION
NO SENTIMENT
OUR PLANS
CUT YOU

ENTER ENTIRELY
A LONGER MOON
NOW HEAR IN
ONLY LIGHT
PSYCHIC TRAUMA

MODERN ACT
I’M NOT PART OF ME
CAN’T STAY AWAKE

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