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Baxter Dury, better than you !

Cinq ans après sa dernière visite au Botanique, Baxter Dury a remis le couvert en support de son nouvel album. « I Thought I Was Better Than You » n’est toutefois pas le seul publié entre-temps car « The Night Chancers » a vu le jour au plus mauvais moment, en mars 2020. Il avait donc du pain sur la planche et le public énormément d’attentes, massé dans une Orangerie qui affichait complet depuis des lustres.

Mais avant toutes choses, place à la première partie signée TTRRUUCES. Articulé autour de la spitante Natalie Findlay et du décontracté Jules Apollinaire, le groupe qui partage son temps entre le Royaume-Uni et la France clôture ce soir le volet européen de la tournée du dandy londonien. Parmi les cinq musiciens disposés de front sur le devant de la scène, la violoniste à l’extrême gauche sort du lot. Souriante à souhait, son instrument sublime des compositions colorées qu’elle enrichit de chœurs chaleureux.

Les voix complémentaires des deux leaders (nasillarde pour elle, franchement grave pour lui) rythment un set explorant des univers pour le moins variés. On passe ainsi d’une pop collégiale chère à Superorganism à une country-soul dont Mattiel serait fière en passant par de surprenants contours disco seventies. Ceux-ci seront d’ailleurs illustrés par des bribes de « Funky Town » et de « Rasputin » au milieu de « The Disco ». Un délire sans doute dispensable mais qui démontre la spontanéité d’un groupe dont le deuxième album arrive dans quelques jours, illustré notamment par « Snakes », un dernier titre à la vibe psychédélique.

Comme pour beaucoup d’artistes, la pandémie est arrivée à un très mauvais moment pour Baxter Dury. L’excellent The Night Chancers s’apprêtait à sortir lorsque tout s’est subitement arrêté. Il était notamment supposé assurer l’une des têtes d’affiche des Nuits cette année-là en compagnie d’Other Lives, mais l’événement a d’abord été reporté à l’année suivante avant d’être purement et simplement annulé.

Cela dit, alors qu’approchaient ses 50 ans, il a troqué cette frustration légitime contre une idée de génie : prendre le temps d’écrire son autobiographie. Baptisée « Chaise Longue » (non pas en clin d’œil au single de Wet Leg mais à son lit de fortune lorsqu’il habitait avec son père à Hammersmith), elle raconte avec énormément d’humour sa jeunesse chaotique dans l’ombre d’un paternel célèbre et imprévisible. On y apprend que le jeune Baxter était tout sauf un enfant de chœur, détestait l’école au point de se faire virer de chacune d’entre elles et faisait les quatre cents coups à la maison comme dans la rue…

Avec le recul, on y retrouve un paquet de références à travers sa discographie (souvent via des prénoms comme « Aunt Jane » sur son premier album et « Lisa Said » sur le suivant), désormais démystifiées. Cette plongée dans son passé plane sur « I Thought I Was Better Than You », son septième album publié début juin. On pense à « Aylesbury Boy » et surtout à « Pale White Nissan », en référence à la Micra offerte par Ian Dury à l’un de ses infréquentables camarades dans laquelle ce dernier écumait les nightclubs de Londres dans les années 80, accompagné de Baxter et de ses potes.

« So Much Money », le titre d’intro de la soirée réduit à sa plus simple expression (à peu de choses près : « Who am I? ») assurera un lien entre passé et présent, même si le début du set fera la part belle à « Happy Soup », l’album qui lui ouvrira les portes du succès en 2011. Les sautillants « Leak At The Disco » et « Isabel » n’ont rien perdu de leur pouvoir envoûtant alors que la voix de la choriste Madelaine Hart se veut plus indispensable que jamais. Son refrain en français dans le texte sur « I’m Not Your Dog » dans la foulée constituera d’ailleurs un moment-clé de la soirée.

À ce moment, l’ami Baxter officie toujours en costume deux pièces mais il ne tardera pas à laisser tomber la veste tout en utilisant son foulard comme principal ustensile vestimentaire, noué autour de la tête ou du pied de micro en fonction de l’humeur du moment. Habité, il dansera librement en mode saccadé entre deux punchlines, notamment sur un « The Night Chancers » au beat que l’on dirait emprunté au « Let’s Dance » de David Bowie.

Et les nouveaux titres, alors ? La lecture de « Chaise Longue » nous apprend que le jeune Baxter était fan de hip-hop et de graffiti, ce qui lui vaudra notamment l’un ou l’autre séjour à l’hôpital. Il faut croire que se replonger dans ses souvenirs lui a rappelé cette passion car « I Thought I Was Better Than You » puise une partie de ses influences dans ce mouvement encore à ses balbutiements à l’époque. Le précité « Pale White Nissan » et « Crashes » étant deux exemples parfaits, basés sur des sonorités old school et un flow typiquement eighties. Dans le même ordre d’idées, il ne manquera qu’un danseur de breakdance sur « Leon » alors qu’« Aylesbury Boy » y incorpore des éléments presque punk (dans l’attitude en tout cas).

Aux côtés des deux vocalistes, un batteur imperturbable et un guitariste tiré à quatre épingles qui échange volontiers son instrument de prédilection contre une basse au gré de compositions catchy dont « Pleasure » et « Palm Trees » ne sont pas les moins représentatives. Le charisme et le magnétisme du chanteur feront le reste, lui qui deviendra complètement possédé sur un « Almond Milk » tout aussi pertinent malgré l’absence de Jason Williamson (Sleaford Mods). Pointons encore les entêtantes nappes synthétiques vintage de « Oi » et un rageur « Miami » (d’où est tiré le titre de la compilation sortie en 2021 à l’occasion de ses vingt ans de carrière, « Mr. Maserati ») en guise de final du set principal.

Lors des rappels, le toujours aussi efficace « Cocaine Man » sera marqué par un nouveau délire qui verra le chanteur arborer un masque LED comme s’il jouait dans un film de science-fiction. Il reviendra à une attitude davantage classique pour « Celebrate Me », ultime nouvelle composition peut-être un rien moins percutante. En revanche, le somptueux et bourré d’émotion « Prince Of Tears » touchera en plein cœur une Orangerie qui se transformera ensuite en véritable piste de danse. La raison ? « These Are My Friends », le titre signé Fred Again sur lequel il pose sa voix. Un final atypique pendant lequel ses mouvements robotiques prendront tout leur sens. Toujours aussi attachant, ce Baxter…

SET-LIST
SO MUCH MONEY
LEAK AT THE DISCO
ISABEL
I’M NOT YOUR DOG
THE NIGHT CHANCERS
PALE WHITE NISSAN
SLUMLORD
CRASHES
HAPPY SOUP
LEON
ALMOND MILK
OI
AYLESBURY BOY
PLEASURE
PALM TREES
MIAMI

COCAINE MAN
CELEBRATE ME
PRINCE OF TEARS
THESE ARE MY FRIENDS

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