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Anna Ternheim, le soleil, la lune et des histoires d’amour qui font mal (mais que ça fait du bien…)

Anna Ternheim, la chanteuse suédoise, est venue nous voir à Bruxelles ce mardi 19 novembre au Botanique. La Rotonde était sûrement le meilleur endroit de la ville pour accueillir son concert intimiste à l’ambiance septentrionale. Elle est connue pour sa musique anti-folk tirant sur le rock indé. Vous voyez, la fille seule à la guitare qui chante de très belles chansons un peu mélancoliques sur l’amour, la solitude et l’espoir…

Mais c’était avant son nouvel album, le septième, sorti cet automne. « A Space For Lost Time » (voir notre chronique ici) est réussi, rond avec de nouvelles chansons bien soignées. Le concert était donc assez attendu : la curiosité de voir si ce lifting musical serait aussi confirmé en live. Eh bien oui, le pari est gagné ! Anna garde son univers particulier nourri d’expériences personnelles (toujours de l’amour, de la solitude et de l’espoir…) et le groupe, les instruments y apportent la tension, la dynamique et le mystère pour la dramaturgie. Les histoires d’Anna y trouvent un vrai décor, une richesse bien méritée. Le tout est plus subtil et vibrant musicalement.

Elle porte la même veste que sur la pochette du nouvel album et il y a plein d’instruments sur scène, ça s’annonce bien. En tout, elle a joué seize chansons plus trois en rappel. Une grande partie du nouvel album, mais aussi pas mal d’anciennes. L’ensemble donne un conte très cohérent. Anna et ses histoires présentent un mélange assez unique : une voix claire, un chant spontané et instinctif, une énergie assez solaire mais des émotions lunaires. Une atmosphère tendue, douce et plutôt nostalgique. C’est beau et chaud…

Elle a démarré en douceur avec « This Is The One ». Ensuite, « Everytime We Fall » change de décor : c’est plus rythmé, on a envie de danser… Et ça continue avec un super « Holding On » : des plages de synthé et des riffs de guitares s’affirment, l’énergie est lâchée. Ça fait du bien ! Anna est en forme. Puis on se calme avec « Such A Lonely Soul », une ancienne chanson qui parle d’une histoire passée difficile : l’émotion est forte, accompagnée d’un son de guitare clinquant.

On continue tranquillement avec « I say No » et une tension bien présente. On ne peut s’empêcher de penser à Suzanne Vega (comme déjà précédemment). La même impression revient pendant « You Belong With Me » (« A song about hope and falling in love »). Le clavier apporte un ton de mystère (de l’espoir ?). On reste sur cet air mélancolique et brillant pour la suivante, « To Be Gone ». On est très bien dans l’univers d’Anna. On devient même sentimental, on ne résiste pas… Son expression des émotions et son énergie me font aussi penser à Trixie Whitley.

Anna nous parle de la tournée, de la promiscuité dans le groupe pendant une courte période pour ensuite ne plus se revoir que pour un café une fois celle-ci terminée. C’est déjà la nostalgie avant la fin. Il parait que cette tournée, qui après vingt concerts en est déjà à sa deuxième moitié, se passe plutôt bien. Ils voyagent, Anna nous explique que les musiciens sont comme les marins. C’est pour annoncer « The Longer The Waiting, The Sweeter The Kiss ». Une chanson de marins, tout en douceur, avec harmonica.

Oups, je ne m’y attendais pas… Là, je suis touchée par le souvenir d’une ancienne histoire d’amour. J’ai reçu cette chanson de mon amoureux de l’époque qui vivait à l’étranger pour me demander de patienter pendant qu’il réglait, soi-disant, des affaires importantes. Bref, après ça, je ne l’ai plus jamais revu… mais c’est grâce à lui que j’ai connu Anna Ternheim ! La vie, comme dit Anna, est remplie d’histoires difficiles, d’amour et d’espoir…

Bon, on passe à autre chose avec « 4 In The Morning », dédicacé à toutes les filles qui savent ce que c’est de rentrer chez elles toute seule vers 4 heures du matin. Accompagnée d’une trompette et d’un xylophone, le tout se veut très subtil. On se réveille avec « Lonely One », où la batterie assure la dynamique et « Girl Laying Down », souligné d’un son de clavier vibrant. Mentionnons le travail particulièrement intéressant du claviériste durant tout le concert via des arrangements créatifs et soignés.

On continue à planer sur « When You Were Mine », tendu, fort et exprimant plein de regrets. On revient vers des mélodies plus folks avec « Remember This » et « Stars » où le guitariste joue avec la guitare à plat et des glissandos. C’est beau, on fond… Finalement, Anna nous chante aussi en suédois pour le bonheur de ses compatriotes dans la salle… « Minns det som igar », avec piano et lampe de table allumée tenue par Anna. Suit une chanson quasi-disco et bien dansante, « What Have I Done » (extraite de son premier album) avant de terminer avec « Let It Rain », dédicacé à son père. C’est fort en émotion, c’est perso…

On en veut encore. Et elle sait, elle revient, elle est aussi bien avec nous…. À l’aise, elle s’installe au piano, allume les bougies et entame « Shoreline » en solitaire. On est chez elle. Le groupe revient ensuite pour finir en beauté sur un « Bow Your Head » plein de tension. Quel beau concert ! On a juste envie de rester avec Anna devant le feu de cheminée. Merci la Suède pour cette chaleur intérieure.

 

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