And Also The Trees, the bone carvers
Les cultissimes And Also The Trees ont fait halte au Botanique pour une de leurs rares apparitions de cette année. Ils venaient présenter « The Bone Carver », leur tout chaud nouvel album, dans une Rotonde plus que généreusement garnie.
Une fanbase majoritairement déjà présente au Reflektor en juin dernier qui en aura profité pour découvrir The Ultimate Dreamers, dont on vous parle depuis une bonne année maintenant. Le quatuor emmené par Frédéric Cotton vient de publier un single, Polarized, dont l’interprétation ce soir confirmera son statut de hit potentiel. On ne parlera pas encore de morceau signature mais pour un groupe qui n’a plus rien enregistré depuis trois décennies, les signaux sont au vert pour aller un step plus loin.
D’autant qu’il ne s’agira pas du seul nouveau titre joué ce soir (un EP est en préparation). « Awakening », la glaciale intro instrumentale qui voit le leader en complet costume se dégourdir les doigts sur une basse ainsi que le plus introspectif « The Corpse » entrevoient de nouveaux horizons. Coïncidence ou non, le changement de claviériste voici quelques mois aura eu pour effet de tester de nouvelles choses, dont quelques pertinentes parties au violoncelle (l’intéressée a fait toutes ses classes dans le monde classique).
À leurs côtés, un bassiste expressif au son essentiel et un guitariste appliqué dont les riffs précis auraient mérité un volume plus généreux. Parmi la consistante set-list, on retiendra notamment un furieux « Replicant » et leur désormais classique cover du « Hells Bells » d’AC/DC à la mode « Violator ». Sans oublier un « Japanese Death » aux succulentes nappes synthétiques aériennes, seul extrait de « Live Happily While Waiting For Death » joué ce soir. Leurs regards semblent résolument tournés vers l’avenir…
SET-LIST
AWAKENING
A DAY IN THE LIFE
PIANO GHOST
MIDNIGHT
HAPPINESS
POLARIZED
THE BIG VIOLENT ONE
HELLS BELLS
THE CORPSE
REPLICANT
JAPANESE DEATH
Les camarades d’And Also The Trees ont donc choisi le Botanique pour lancer la mini tournée célébrant la sortie de leur nouvel album. Une tournée qui les verra s’arrêter en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse avant une date unique à Londres en novembre. Et encore, il s’agira du Lexington, une salle de capacité modeste (200 personnes), démontrant leur statut de groupe injustement sous-estimé dans leur pays d’origine.
Si la Rotonde n’est pas beaucoup plus grande, il s’agit de l’endroit parfait pour apprécier à leur juste valeur les atmosphères intimistes de « The Bone Carver ». C’est d’ailleurs avec deux extraits de celui-ci, « Beyond Action And Reaction » et « The Seven Skies », qu’ils lanceront leur prestation. Entre ambiance pesante et planante, le premier constituera la rampe de lancement idéale d’une soirée magique alors que le second nous plongera dans un univers mélancolique proche de celui des Tindersticks.
Tout ceci avant de plonger une première fois dans leur back catalogue à consonnance cold wave via le classique « Shantell ». Le public valide les choix et communique bruyamment son enthousiasme pendant que sur scène, Simon Huw Jones vit ses compositions à fond. Sapé comme un prince (jusqu’aux boutons de manchette), il sera comme transcendé par un intense « Your Guess » avant d’adopter sa plus belle voix caverneuse pour un « Maps In Her Wrists And Arms » aussi enlevé que rêveur. À sa droite, son frère Justin Jones dirige la manœuvre guitare à la main tandis que de l’autre côté, la section rythmique inclut notamment une basse à cinq cordes et des parties à la clarinette pas toujours très heureuses.
Néanmoins, l’ensemble fonctionne à merveille et une balance parfaite renforce la sensation de plénitude qu’un « Rive Droite » parfaitement calibré optimisera. Certaines compositions du groupe, à l’instar de « Mermen Of The Lea » ou du récent « In A Bed In Yugoslavia » se veulent également visuelles dans le sens où elles pourraient sans peine accompagner les images d’un court-métrage imaginaire. Il suffit de fermer les yeux pour entamer la rédaction du scénario.
Leur style a certes évolué au fil des ans vers une direction plus orchestrale à la délicatesse affirmée mais n’oublions pas qu’ils sont apparus en pleine vague gothique (ils ont notamment fricoté avec les Cure). Vague dont ils ont écrit quelques-unes des pages les plus mésestimées. Parmi celles qui se sont retrouvées dans la set-list ce soir, épinglons un excellent « Wallpaper Dying », un « Scarlet Arch » dark à souhait ainsi qu’un énervé « So This Is Silence » qui mettra un terme au set principal de manière abrupte et soudaine.
Les rappels démarreront au son de « Prince Rupert » et de ses claviers planants aux touches sombres, presque flippantes. Dans la foulée, « The Bone Carver » visitera une dernière fois le nouvel album, porté par de surprenantes (mais pas déstabilisantes) sonorités napolitaines. Ils se refermeront sur « Virus Meadow » (cette captivante douze cordes…), plage titulaire de l’album publié en 1986 et récemment réédité en vinyle dans une version comprenant les EPs de l’époque. Parmi ceux-ci, le glacial et sinueux « Slow Pulse Boy », qui fera l’objet d’un second rappel, inattendu celui-là. La classe, tout simplement…
SET-LIST
BEYOND ACTION AND REACTION
THE SEVEN SKIES
SHANTELL
YOUR GUESS
MAPS IN HER WRISTS AND ARMS
WALLPAPER DYING
RIVE DROITE
MERMEN OF THE LEA
IN A BED IN YUGOSLAVIA
SCARLET ARCH
BODEN
MISSING
SO THIS IS SILENCE
PRINCE RUPERT
THE BONE CARVER
VIRUS MEADOW
SLOW PULSE BOY