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Aldous Harding, Designer of Treasures

Tout comme la Rotonde du Botanique en mai et le Cactus Festival en juillet, l’AB a succombé à Aldous Harding. Il faut dire que « Designer », son dernier album, est un petit bijou dont on ne se lasse pas…

Fort de son passage au Sonic City de Kortrijk l’avant-veille, le dénommé Yves Jarvis a présenté son univers particulier en introduction de la soirée. Ce rasta barbu un chouia angoissé vêtu d’une soutane a en effet de quoi surprendre. Parmi son matos sur scène, un magnétophone à bandes avec lequel il scratche de temps à autre lorsqu’il ne combine pas simultanément claviers et guitare au milieu d’un fond sonore de gazouillis.

Cette hyperactivité orchestrale égocentrique porte toutefois préjudice au chant, hésitant lorsque le bonhomme se concentre sur les accessoires. En conséquence, ses compositions oscillant entre électro bricolée et groove synthétique prennent parfois une direction envoûtante que sa voix soul ne sublime qu’à de rares moments. À revoir avec une petite main pour lui mâcher la besogne…

Depuis sa rencontre avec John Parish et sa signature chez 4AD, le parcours d’Aldous Harding a suivi une courbe exponentielle. L’acclamé « Party », en 2017, s’est ainsi retrouvé dans les hautes sphères des référendums de fin d’année. L’excellent « Designer », son troisième album publié au printemps dernier, lui a permis d’encore gravir un échelon en se retrouvant dans les charts du monde entier. Si le mentor de PJ Harvey, de nouveau derrière les manettes, n’est pas étranger à cet engouement, la plume de la Néo-Zélandaise a également pris de la consistance en adoptant une vision moins sombre que par le passé.

Pourtant, c’est seule sur scène, assise et simplement accompagnée d’une guitare acoustique qu’elle débutera sa prestation avec deux extraits de « Party ». « The World Is Looking For You » et « I’m So Sorry » n’ont sans doute jamais paru aussi dépouillés, rendus frissonnants par le silence respectueux du public. Coiffure négligée, vêtue d’un ensemble à mi-chemin entre jogging et pyjama, Aldous reste fidèle à sa réputation de laisser s’exprimer ses compositions sans artifices. À l’exception de ses légendaires grimaces et de son regard hagard, bien entendu.

Ses musiciens la rejoindront dans la foulée pour se plonger à pieds joints dans « Designer ». Parmi ceux-ci, un bassiste à temps partiel et un guitariste aux riffs sporadiques mais essentiels (il parviendra à nous faire sursauter sur « The Barrel »). Mais aussi une claviériste dont les chœurs auront du mal à rivaliser avec ceux d’un batteur aux multiples facettes. Non seulement sa voix complémentera magnifiquement celle de sa boss mais sa trompette pendant « Damn » sera tout bonnement à tomber.

Taiseuse, mis à part un timide « Thank you » à mi-parcours, Aldous Harding prend un malin plaisir à jouer avec les silences. De longues secondes perturbantes s’écoulent ainsi régulièrement au terme des applaudissements. Mais ces mêmes moments de respiration confèrent une dimension supplémentaire notamment au majestueux « Treasure » et au sobre « Heaven Is Empty ». Un peu plus tard, la rythmique entêtante de « Blend » accompagnera une prestation théâtrale de l’artiste en guise de final du set principal.

À son retour sur scène, après avoir expliqué les raisons de son mutisme, elle se lancera dans un nouveau titre, « Old Peel », futur hit uptempo basé sur des percussions et fruit d’un travail collectif dans lequel chaque musicien apporte sa pierre à l’édifice. Il semble que le parcours d’Aldous Harding ne soit pas près de fléchir…

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