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Interview exclusive : Rencontre avec QUEENSRYCHE, hors d’oeuvre


Lors de leur récent passage à Bruxelles, les Américains de Queensrÿche ont accepté de répondre à quelques unes de nos questions. Voici donc un aperçu extensif de l’entretien que nous ont consacré Eddie Jackson (basse) et Michael Wilton (guitare). Ils ont été rejoints en fin d’interview par le chanteur Geoff Tate. Music in Belgium – Tout d’abord, merci de nous consacrer cet entretien. C’est la deuxième fois que vous faites une tournée où vous interprétez l’intégralité des deux albums qui constituent « Operation Mindcrime », pourquoi ? La fois précédente, vous aviez joué à Anvers en 2006.

Queensrÿche – La fois passée nous n’avons pas tourné avec la production complète, tous les acteurs, toute la mise en scène etc. Cette fois-ci nous allons tout interprété, toute la production, telle qu’on peut la voir dans le DVD « Mindcrime at the Moore ».

MiB – Parlons un peu des différences entre les deux albums qui constituent « Operation Mindcrime ». Le premier (sorti en 1988) aborde un ensemble de thèmes, à savoir la politique, la criminalité, la drogue, les dérives religieuses, tandis que le deuxième volet (sorti en 2006) est plus axé sur les personnages et leur ressenti, l’histoire d’amour entre Nikki et Mary, la soif de vengeance à l’encontre de Dr X. Cela se ressent aussi bien dans le texte que dans la production, car celle-ci est plus sèche, plus agressive que sur le premier volet.

Queensrÿche – En effet, on ne voulait pas que la suite sonne exactement comme le premier volet, on voulait marquer une différence entre les deux albums. Une autre différence notable est que le premier volet a été enregistré dans un gros studio, sur une console Neve, ce genre de matériel… alors que Mindcrime II a été fait sur Pro Tools, les enregistrements ont été plus compartimentés, on a travaillé chez nous. En fait la majeure partie des enregistrements a été fait chez moi (Eddie Jackson). L’ingénieur n’était pas le même non plus donc cela s’entend forcément.

MiB – Cela veut-il aussi dire que financièrement les moyens ont été moindres que le fait d’enregistrer dans un gros studio aux frais d’EMI et que c’est une des raisons pour ce choix ?

Queensrÿche – Non, nous avons voulu le faire comme ça. Le mixage a été très différent, « Jimbo » Barton (OM) et Jason Slater (OM II) n’ont pas du tout la même approche. Sans oublier aussi que le son en général a évolué au cours de la période écoulée entre ces deux albums.

MiB – On peut considérer que « OM » était plus arrangé, plus « progressif » au niveau des compositions, alors que « OM II » est brut, sec, dans la figure, plus axé sur des riffs. Dans quelle mesure est-ce que le départ de Chris de Garmo a pesé dans la balance ? (ndlr : Chris de Garmo était un des principaux compositeurs du groupe, et il a signé la majorité de leurs plus grands succès, dont « Silent Lucidity »)

Queensrÿche – Il est clair que le jeu de Chris n’a rien à voir avec celui de Mike Stone. Aussi, beaucoup de chansons sur OM II ont été écrites plus rapidement, donc il y a un meilleur suivi au niveau de la coordination, et tout a été construit autour du texte, de l’histoire, de l’aspect théatral, des personnages. N’oublie pas non plus que dix-huit ans se sont écoulés entre ces deux albums. On a entre-temps sorti plusieurs albums qui ont évolué dans des directions différentes, même si on garde toujours notre marque de fabrique. Ta manière de composer évolue forcément avec le temps et l’expérience.

MiB – Avant Mike Stone, vous avez eu Kelly Gray pour succéder à Chris de Garmo. Comment se passe l’intégration d’un membre venu sur le tard dans un groupe qui a déjà plus de vingt ans de carrière ? Est-ce que vous connaissiez déjà Mike auparavant ? Comment l’avez-vous rencontré ? Etait-il déjà un fan du groupe avant de jouer avec vous ?

Queensrÿche – Il aimait bien en tout cas. En fait c’est Kelly qui nous l’a recommandé. Lui n’arrivait plus à s’investir complètement dans le groupe car il produit aussi d’autres artistes. Nous continuons d’ailleurs à entretenir d’excellentes relations avec lui, et il est d’ailleurs aux commandes pour notre prochain album. Le courant est tout de suite passé avec Mike, il a un chouette caractère. Il a vécu pas mal de pression car il a du apprendre une quarantaine de chansons pour partir en tournée. J’ai (Michael Wilton) dû réapprendre les parties de Chris de Garmo pour pouvoir remettre en place avec Mike.

MiB – Une question qu’on vous a sûrement posé plusieurs fois, quand avez-vous décidé d’écrire une suite à « Operation Mindcrime » ? Et pourquoi ? Aviez-vous déjà une suite à l’esprit au moment où vous avez écrit cet album ?

Queensrÿche – Geoff a laissé une ouverture dans l’écriture de « Mindcrime ». Le problème aussi, est que quand une suite suit de près l’original, elle est toujours de moins bonne qualité. On a donc d’abord opté pour d’autres directions mais l’idée est toujours restée présente.

MiB – Est-ce que cette suite correspond aussi à une volonté de renouer avec un certain succès, renouer avec des fans qui n’accrochaient plus avec la direction musicale plus récente empruntée par le groupe ? Vous avez traversé une période plus creuse, d’abord avec la faillite de votre label, et ensuite à cause des changements dans le monde musical. Les grosses chaînes comme MTV ont cessé d’apporter un soutien au rock en général. Est-ce que vous vous êtes dit qu’un retour à une musique hard, avec une suite à votre album le plus remarquable, serait la bonne voie à emprunter maintenant ?

Queensrÿche – Le timing était bon à cause de la situation politique, un deuxième Bush au pouvoir, l’arrivée du vingtième anniversaire du premier volet. Geoff a donc évoqué cette idée en disant « Ok, faisons-le, et mettons tout ça de côté ensuite. » On nous a déjà demandé s’il y aurait un « Operation Mindcrime III », la réponse est non. Ce serait impossible, puisque tous les personnages sont morts. Donc à moins de faire surgir des enfants cachés de quelque part… (rires).

à suivre…


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