Maceo Parker – Ancienne Belgique – 18 avril 2003
Hey, c’est vendredi soir ! Avant un long week-end pascal en plus. Le rêve. Et cerise sur le gâteau, Maceo Parker à l’Ancienne Belgique. Fiesta funk. Ca va être chaud. Ambiance et cotillons. Enfin, normalement. En y mettant du sien. Parce que là, je suis encore à la maison. Mon ticket en main. Et bizarrement, je ne meurs pas d’impatience d’y aller. Je n’ai même pas tellement envie. Pas plus que ça en tout cas.
Mais pourquoi donc ? Qu’est-ce qui m’arrive, bon sang ? Allez, souris, enfin ! Ce n’est pas difficile quand même. Sauf quand on a vu Steve Wynn, la veille. Faut plus de temps que prévu pour s’en remettre. Sincèrement, passer après le m’sieur Wynn, je voudrais bien vous y voir, vous.
En plus, mon ami Patrick doit passer me chercher à 19h30 et il est déjà 45… Brrr, les retardataires, j’vous jure… Mais okay, j’arrête
de râler. C’est pour Maceo, quand même, hein. Juste pour lui.
Ah, oui, c’est sold-out ce soir, j’avais oublié. Donc, comme on vient d’arriver et que les lumières s’éteignent déjà, on se place derrière la console son. Pas la meilleure place, évidemment. Mais vu la chaleur étouffante qui règne dans la salle, restons ici. On aura plus d’air. Et davantage de place. Pour danser.
Mais voilà la scène investie par la meute à Maceo. Dix personnes. Clink, clink, ça brille de toute part. Qu’ils sont classes, ces gens.
Mr. Parker au centre et au sax. Avec à ses côtés, la solide section rythmique composée de Skeet Curtis (funkadelic & co) à la basse et Jamal Thomas.à la batterie. Ainsi que 3 choristes, le fiston Corey fidèle au poste, Martha High et Charles Sherell. Sans oublier Bruno Speight à la guitare. Et puis les cuivres et le clavier.
Et justement, comme prévu, on retrouve avec une joie immense Greg Boyer et son trombone fraîchement revenus de chez Prince. Et Ron Tooley à la trompette. Mais au clavier… grande déception ! A vrai dire, je m’attendais à voir Morris Hayes, l’autre référence princière. Mais hélas, pour Bruxelles et d’autres dates, il a passé son tour, le bougre ! Et moi, qui pour une fois, avais mis ‘fièrement’ mon t-shirt Prince… Bien joué.
Ceci dit, on parle, on parle, mais ça fait quand même un quart d’heure que j’inspecte le band. Passons aux choses -dites- sérieuses. La musique. Oops, pardon, la Musique. Voilà qui est mieux.
Le son peine quand même un peu à atteindre un niveau acceptable. Mais après quelques morceaux et 2, 3 réglages bien ajustés, tout est rentré dans l’ordre. En route pour un rythme de croisière qui ne faiblira qu’à de rares exceptions.
Ainsi, le dernier Made By Maceo est adroitement passé en revue par ses titres les plus enjoués (« off the off », « once you get started »). Pareil pour le précédent avec « rabbit in the pea patch ».
Bref, des petits bijoux funks qui ne laissent pas indifférents. Personne ne pourrait résister à cela. Personne, je te dis !
Un funk joué de la sorte est irrésistible. Ca t’attrape et ça t’enveloppe. Les notes entrent par l’oreille droite, mais avant de ressortir par la gauche, elles se baladent. En toi. Pour te rendre fou. Mais alors complètement. Et tu commences à danser. T’es toi-même le premier étonné d’ailleurs. Mais tu danses, mon vieux ! Oui, oui ! Regarde-toi, tu dégoulines ! De joie ! Pinocchio, tu es un vrai petit garçon !
Et quand Maceo lance Greg Boyer dans un solo, on en profite. Un maximum. Plus que de raison d’ailleurs. Blow your horn, Greg ! Do it again. Je t’en supplie. J’ai l’impression que c’est vital.
Par contre, Maceo restant Maceo, il y a quand même quelques bémols. Habituels en plus. Cette façon insupportable de répéter à tue-tête que « my name is Maceo », que « what about my band », et que surtout « you’ve to keep in mind that we love you ». C’est bien gentil, mais on s’en fout. On n’y croit pas une seule seconde. On n’y croit plus, plutôt.
Tout comme ses balades à dormir debout. Heureusement, assez rares dans les setlists actuelles. Donc, dieu soit loué, bye bye « georgia » et tout le cinéma Ray Charles. C’est déjà ça de pris sur l’ennemi. Par contre, une petite reprise de Luther Vandross, tiens.
Stop. Retour à la réalité. On ne bouge plus. Qui ronfle, là, qui ?!? En tout cas, je n’y suis pour rien… je te ramène à boire ?
Le voilà à présent qui remercie toute la troupe. Que de blabla, dis donc. Vas-y que je remercie l’éclairagiste, les gens du bar, la salle, l’audience parce que « we love you », ça va on sait, même le chauffeur du car y passe. We are family, i got all my sisters with me….
Tant qu’on y est, parlons-en du sexe faible. Martha High (made in JB’s). Qui vient nous chanter « think ». L’intention est bonne, mais franchement… Oh, oui, c’est énergique, c’est chanté à gorge déployée, et tout et tout. Mais allez, soyons sérieux, svp. C’est d’un ennui mortel. On se croirait au bal annuel du village. En plein mois d’août. Celui on a un peu trop bu. Avec le groupe local qui envoit quelques classiques passe-partout. Et on trouve ça rudement bon. Seulement, aujourd’hui, on est sobre. Et on est en avril. Et ce n’est pas bon.
Et comme si on l’avait pensé à haute voix, Maceo, du haut de 60 ans, balance la sauce. La vraie. Avec les thèmes hyper classiques de « funky good time » et « shake everything you’ve got ». Ceux-là, il les jouera jusqu’à la fin de ses jours. Et c’est tant mieux. Parce que là, faut bien l’avouer, on en perd la tête. Et pourtant, on connaît ça par coeur. Il n’empêche…
Ca pourrait durer toute la nuit sur ce groove-là. On tiendrait sans problème. Ca en devient même infernal tellement c’est bon. Et la basse de Skeet qui claque. Et ceci, et cela. Mon dieu, que je suis bien, là, à l’instant. Jamais été aussi bien en fait. Puis, quelle classe, je me paye. Quel bel homme. Je danse comme un prince. I’m the man. The only one. Putain, et ce groove qui continue encore et encore. Je vois flou. A l’aide.
Quelques brides de « there was a time » n’auront bien entendu rien arrangé. Que du contraire ! Par contre, « baby knows » (Prince cuvée ’99 Rave Un2 the Joy Fantastic) s’en est chargé à merveille. Il manque comme qui dirait quelqu’un au micro, non ? La sauce ne prend pas. Déjà à l’origine, ce morceau n’est pas non plus celui par lequel… alors, là… Et l’interminable solo de Speight de l’SOS Band à la guitare nous fait espérer la suite… N’est pas hendrixien qui veut.
Heureusement, il y a non pas Findus, mais bien Corey Parker. Le fils. 30 printemps au compteur. Et absolutely delicious quand il vient embellir l’un ou l’autre titre de son débit rap. Comme « uptown up » tiré de Funkoverload de ’98 (déjà !). Voilà tiens, ça, c’est du rap comme je l’aime. Avec un band qui soutient le chanteur. Le tout englobé dans un groove impayable.
Derniers roulements de tambour. Blam ! We. Love. You. Sur ces mots, et sans oublier de s’être fait acclamer une ultime fois, Maceo quitte la scène après 3 bonnes heures.
C’est la troisième fois que je le vois. Et allez, ne soyons pas boudeurs jusqu’au bout, on s’est quand même bien amusés. Plus que la dernière fois en plus. Impression finale assez satisfaisante. Genre « c’était bien ? » … « ouais, pas mal du tout ».
De toute manière, si tu vas voir Maceo Parker, tu sais quasiment dès le début à quoi t’attendre. A tel instant ceci, maintenant la flûte traversière, un peu de blabla, clin d’oeil à James Brown, et compagnie. Tout est prévisible à 100%. Prend pas de trop risques, le mec. Et nous non plus d’ailleurs.
C’est une valeur sûre, Maceo. Tout compte fait.
Maceo Parker – Bruxelles – 18 avril 2003
Yann
