Miles Kane dans tous les bons coups (de grâce)
Après un intermède consacré à The Last Shadow Puppets, Miles Kane est de retour avec un troisième album, le punchy « Coup De Grace » (presqu’en en français dans le texte), qu’il est venu défendre en compagnie d’un nouveau backing band ce mardi 2 octobre dans une Orangerie du Botanique pleine à craquer.
Annoncés en special guests, les trois membres de Juniore introduisaient déjà leur univers frenchy insouciant à notre entrée dans la salle. Emmené par une demoiselle qui parle (susurre ?) plus qu’elle ne chante, le groupe est complété d’une batteuse blonde et surtout d’un(e) guitariste en hoodie qui porte un masque argenté quelque part entre Anonymous et Jean qui pleure.
Leurs influences sont à chercher du côté de la chanson française que Gainsbourg a contribué à révolutionner dans les années 60 (le mellotron y est pour beaucoup) mais également de la vague pop du début des eighties (Ellie et Jacno, Lio). Plaisante et originale dans un premier temps, leur formule devient toutefois répétitive à la longue malgré un switch d’instruments lors du dernier titre.
À l’instar de son camarade Alex Turner, 2018 est l’année du retour aux affaires courantes pour Miles Kane au terme d’une parenthèse de deux bonnes années au sein de leur projet commun. Si le leader des Arctic Monkeys a choisi de perpétuer la richesse mélodieuse des Last Shadow Puppets sur le feutré « Tranquility Base Hotel + Casino », Miles, lui, a préféré hausser le tempo avec « Coup De Grace », un album dont il a confié la production à son ami Jamie T, mais pas que…
Le troubadour Londonien intervient en effet sur une poignée de titres et a même co-écrit le langoureux « Loaded » avec Lana Del Rey. Dans un geste de bonté, il a suggéré à Miles d’emmener en tournée Vicky Smith, sa batteuse attitrée qui fait également partie de la plus récente incarnation live de Soulwax. Une idée de génie car, en plus d’être la reine des grimaces, ce petit bout de femme va insuffler hargne et énergie à un set entamé pied au plancher avec « Too Little Too Late », la plage d’intro du nouvel album.
On ne sait en revanche pas d’où vient cette nouvelle passion pour la disco. En plus de la banderole kitsch au nom du chanteur, les musiciens monteront sur scène sur le « Young Hearts Run Free » de Candi Staton alors qu’un peu plus tard, ils se lanceront dans une surprenante et sulfureuse version du hit de Donna Summer, « Hot Stuff ». Et encore, on ne vous parle pas de la combinaison du leader en talonnettes, qu’il dézippera pour laisser apparaître une chaînette en or sur son torse transpirant et non velu…
Mais avant cela, « Better Than That » et « Inhaler » s’enchaîneront sans répit. D’un point de vue RH, outre la précitée batteuse complètement dans son trip et un bassiste en perfecto à la tête d’Anglais, mentionnons le guitariste black aux cheveux électrifiés qui apporte rondeur et groove à de nouveaux titres taillés pour la scène, le théâtral « Wrong Side Of Life » et le puissant « Coup De Grace » en tête. On retiendra également le très glam « Cry On My Guitar » que l’on dirait emprunté à T-Rex et un « Killing The Joke » à la vibe 60s prononcée.
S’il n’a pas été avare en nouvelles compositions, ses hits enflammeront un public très en voix. Ainsi, outre un impeccable « Rearrange », tant « Don’t Forget Who You Are » que le final rageur « Come Closer » bénéficieront d’un appendice improvisé sur l’insistance des refrains chantés à tue-tête par des spectateurs endoctrinés alors que les instruments étaient déjà presque rangés. Il n’aura manqué qu’un petit rappel pour que la fête soit complète.